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L'Autre Imaginaire Francophone
--> La SF, le Fantastique et la Fantasy au Canada-Français (1999-2000-2001)
L’Autre Imaginaire Francophone


La SF, le Fantastique et la Fantasy au Canada-Français (1999-2000-2001)


Cet article est destiné à présenter la production des littératures Canadiennes-Françaises de l’Imaginaire aux lecteurs francophones, européens et d'ici, à mieux les renseigner et peut-être même à les guider un peu dans leur éventuelle exploration d’une production très riche, variée, intéressante et de plus en plus disponible chez eux. En effet, chaque année se publie ici, selon les compilations faites pour le Grand Prix de la SF et du Fantastique Québécois (GPSFFQ) et le Rosny-Aîné, une fraction imposante des titres de la SF francophone. En fait, pour bien recenser, critiquer et surtout analyser à peu près exhaustivement toute cette production annuelle, il me faudrait, comme le démontre L’Année de la Science-Fiction et du Fantastique Québécois, dans les 300 pages bien tassées et une vingtaine de critiques qualifiés. Je peux difficilement faire aussi bien et complet et j’ai donc été obligé de me limiter, de faire des choix douloureux (mettant de côté quelques dizaines de livres bien subjectivement évalués moins intéressants, surtout dans le roman pour jeunes) , mais le lecteur pourra se faire une bonne idée des principales sorties, relativement récentes, de l’Imaginaire au Québec. Je ne peux pas non plus faire ici œuvre historique ou théorique ou établir une "bibliographie de base" . Cela sera l’objet de futurs articles éventuels et, surtout, il y a déjà beaucoup trop à dire rien qu’en couvrant ces trois dernières années. L’amateur intéressé pourra d’ailleurs se reporter à de multiples ouvrages, tant historiques, analytiques que théoriques comme L’Année de la SFFQ, le Canadian Fantasy And Science Fiction de David Ketterer (Indiana University Press) , le collectif Visions d’autres mondes : La littérature Fantastique et de Science-Fiction (versions française et anglaise, éditeur : Bibliothèque Nationale du Canada) , le Saint-Gelais (mentionné plus loin) ou la Bibliographie analytique de la Science-Fiction et du Fantastique Québécois (1960-1985) de Lord, Boivin et Emond (Nuit Blanche Éditeur) . Je ne m’en tiendrai donc qu’à un survol rapide et informatif sans trop de commentaires inutiles, mais ne négligeant, je crois bien, rien de l’essentiel, bien que m’attardant un peu plus longuement sur les œuvres les meilleures ou les plus importantes, à mon très humble avis, ainsi qu'à un petit rappel des événements majeurs de la scène locale et des ouvrages parus, compte tenu du temps et de l’espace qui me sont disponibles en ce moment.


1999 à 2001 : Les années des romans, des rééditions et... des essais.

En effet, si on regarde attentivement le paysage éditorial dessiné par l’ensemble des parutions, on constate un phénomène assez nouveau pour l’Imaginaire au Québec : la présence d’une part réellement significative de rééditions (souvent retravaillées et constituant alors "l’édition définitive" ) et un léger fléchissement dans la production du nombre d’inédits, essentiellement dans le domaine du livre "pour adultes" . La nouvelle production "jeunesse" est, par contre, aussi abondante et de qualité que précédemment avec, comme principaux fournisseurs dans nos genres, Pierre Tisseyre ou Mediaspaul surtout, et l’empire de La Courte Echelle qui connaît tout de même, depuis peu, quelques difficultés et défections (le prolifique Denis Côté est difficile à remplacer) en parallèle à ses tentatives de positionnement sur le marché du livre "pour adultes" . Mais si la réimpression par l’éditeur d’origine est largement pratiquée dans le secteur, la réédition chez un autre éditeur y est nettement plus rare. Il semble y avoir plusieurs raisons à toutes ces rééditions de nos ouvrages majeurs, de nos "classiques" en somme, qui forment une sorte de réseau synergique. Tout d’abord, nombreux sont les auteurs reconnus ou d’expérience avec maintenant un bon nombre de livres déjà parus, un excellent accueil critique, dans et hors milieu, et surtout une réputation et un lectorat déjà suffisants pour que certains de leurs ouvrages, qui sont aujourd'hui épuisés, se doivent alors d'être réédités, la demande des bibliothèques, des libraires et surtout du public se maintenant sans fléchissement et les ventes outremer étant en progression constante. Ensuite, la solide et suivie "politique des auteurs" que privilégie Alire, comme c’est déjà souvent le cas chez les éditeurs "jeunesse" , et surtout le rythme relativement important des parutions (une dizaine ou douzaine de titres par année) de cette maison locale, la plus active et importante dans nos domaines (mais dont on voudrait parfois qu’elle ait un peu plus de concurrence stimulante, histoire d’éviter sa présente situation de presque monopole de fait) , lui font racheter et regrouper, dans la mesure du possible, toutes les œuvres romanesques (puisqu’ils ne publient toujours que fort peu de recueils, et c’est vraiement très dommage ici, la nouvelle restant le moyen d’expression privilégié du genre, celui où audace et liberté dans les styles et thèmes peuven toujourst le mieux se laisser libre cours) des principaux écrivains à son catalogue, qu’elle réédite et réimprime pour ainsi maintenir le rythme, les bons manuscrits inédits de nouveaux venus n’y suffisant peut-être pas encore... Et enfin, beaucoup d’auteurs en sont, dans leur carrière, au moment où ils désirent réviser leurs œuvres précédentes et les voir rassemblées par et disponibles dans une unique maison dont l’efficacité du travail éditorial et promotionnel, ainsi que l’excellente distribution locale sont reconnus par tous.

Livres pour adultes :

Avec L’Ange Écarlate (Alire) , Natasha Beaulieu nous donne un premier roman, inattendu et dérangeant comme un brusque coup de lame dans une chair tendre et bien attirante, d’une jeune, très talentueuse et abondante nouvelliste qui, en dépit de son patronyme, n’a aucun lien familial avec moi. Ce récit offre une imagerie fantastique puissante, très urbaine, assez violente et parfois même sanglante, ainsi qu’une écriture belle et très efficace, axée sur des thèmes du Fantastique (art révélateur de la trame secrète des êtres et du monde, réalités autres cachées sous des apparences trompeuses, vampirisme, amours et étreintes variées et étranges) plus ou moins classiques, mais bien solidement revigorés ici par un traitement moderne. Ce livre vous saisit dans les rets moites de l’horreur, de la douleur et de l’érotisme très particulier de l’auteure. On ne ressort certes pas indemne de cette profonde plongée dans les archétypes de l’inconscient et de la psyché humaine tels que déterrés et brassés par le révélateur de l’Imaginaire irrationnel... Voilà une vision à découvrir et à explorer d’urgence, quelque part dans les moites couleurs, atmosphères, obsessions, territoires et préoccupations d’une Poppy Z. Brite ou d'une Kathe Koja avec, en supplément, un peu plus d'une sorte de poésie nocturne et désespoir tranquille. Une lecture inquiétante et hautement recommandable pour l’amateur.

Joël Champetier nous a offert, avec La Taupe et le Dragon (Alire) , une réédition revue et augmentée d’une histoire solide, mélangeant espionnage, suspense, thriller, exotisme, colonisation de planète et terraformation, très bien documentée, construite avec beaucoup de soin et de rigueur scientifique, déjà très appréciée lors de sa première publication d'il y a quelques années, bien avant que la Chine ne redevienne un sujet bien à la mode. La traduction anglaise du livre est sortie, en hardcover, puis en trade paperback (Tor Books) , sous le titre The Dragon’s Eye, avant cette nouvelle édition. Bienvenue en Nouvelle-Chine !

Son autre roman, L’Aile du Papillon (Alire) nous présente un centre hospitalier psychiatrique ordinaire (Vraiment ? ) , de très redoutables fascistes tout droit sortis de la dernière Guerre, d’étranges jeunes femmes blondes et de mystérieux résistants, les Amis de la Forêt, des robots et des extraterrestres déguisés en humains ainsi que la trame de trois récits parallèles qui se rejoindront. Et tout cela baigne dans une hallucination collective impitoyable qui affecte les patients de l’institution, "réalitée apparamment fausse" fabriquée à partir d’aspects convenus, mais très prégnants et porteurs, de la culture populaire ou télévisuelle et des légendes urbaines modernes, avec grands complot et secret à la clef, ainsi qu’un air trompeur de X-Files quelque part. Des faits et des images phatasmatiques et quasi-surréalistes traversent ce chaos démentiel et tous ces esprits troublés. Le statut de la réalité elle-même semble alors bien incertain parfois... Comme d’habitude, la description du milieu social et professionnel de même que de son environnement est bien réussie et même impressionnante. Le mystère, la menace et l’angoisse planent et sourdent de partout dans ce thriller Fantastique, avec surprises, rebondissements et fausses pistes tant que l’on en veut. Mais avant d’être une enquête policière, c’est là, avant tout, un roman d’atmosphère, épaisse, parfois glauque, et presque un peu malsaine, entre rêves, cauchemars et réalités multiples. L’inquiétude plonge dans le quotidien, mais aussi le Fantastique, le suspense et la folie la plus redoutable. Et comme ses précédents, on peut également interpréter le contenu du livre comme de la SF, au sens le plus large. De tout pour tous donc.

Une autre réédition très bienvenue est celle de La Mémoire Du Lac (Alire) . Cet excellent roman Fantastique, déjà très remarqué et bon vendeur à l’époque, a gagné le GPSFFQ et le Aurora en 1995 et méritait amplement d’être à nouveau offert, dans une version légèrement réécrite. Les amateurs qui apprécient le "thriller horrifique" , avec personnages bien rendus, sympathiques et émouvants, la très solide et réaliste description d’une région relativement peu connue (l’Abitibi-Témiscamingue ici) , en ayan alorst l’impression fort étrange "d’y avoir déjà vécu" , (du moins, pour le temps de la levcture du livre ce qui, en soi, constitue bien déjà une sorte de "tour de force" ) , tension et surnaturel en quantités plus que suffisantes (et une "revisitation" de certains mythes amérindiens) et surtout un rythme, une construction impeccables, apprécieront le grand bonheur de ce livre sans une page de trop, engloutis que nous sommes trop souvent, comme lecteurs, sous tant de trop gros pavés indigestes, parfois à peine justes bons à caler les meubles ! En plus, la visite de la cave de la Maison Bowman, manoir très particulier, reste une des scènes parmi les plus fortes, efficaces et presque terrifiantes qu’il m’ait été donné de lire par un auteur d'ici. Au jeu toujours très trompeur et surtout fort approximatif, mais parfois bien utile au lecteur non prévenu, des comparaisons, on peut certes conseiller cet ouvrage aux amateurs des meilleurs King ou Koontz, mais c’est nettement mieux écrit et plus prenant que la plupart de leurs derniers ouvrages. Et "la saveur" qui reste alors à l’esprit est toute aussi et tout autant Francophone qu’Américaine ici. Il serait donc peut-être plus judicieux de parler d’une parenté avec les ouvrages "régionalistes" , même pas "campagnards" , puisqu’il s’agit souvent de gens des "petites villes" , d’auteurs comme Michel Pagel ou encore Russell Banks. Un bien beau livre doc, qui vous hante encore longtemps après sa lecture.

Anne Dandurand, avec Les Porteuses D’Ombre (Planète Rebelle) , nous donne un excellent livre où elle conte des histoires de femmes de tous âges et conditions, dans une langue superbe et son beau style "cuir et soie" . Comme pour ses précédents, on y retrouve fantastique et érotisme, rythmes de rock et magie urbaine, les rivières chargées des "pierreries électriques" de la ville où vivent, aiment et souffrent des personnages parfois recouverts alors un bref instant par les ailes de l’Ange du Bizarre pour leur malheur ou leur bonheur. On pense à une jeune Anaïs Nin qui vivrait en punk d’aujourd’hui, à Alina Reyes et à Poppy Z. Brite, encore, mais il s’agit bien là d’un livre et d'une auteure hors du commun. Un shoot de romantisme urbain et de fantasmagories modernes. Le rythme et le soupir même des nuits et du mystère...

Le Firestorm de Luc Durocher (Alire) est une intéressante surprise, autre roman Fantastique, premier texte publié, d’un auteur visiblement lecteur assidu des romans d’Horreur américains contemporains les plus populaires. On retrouve en effet ici un réel sens de l’efficacité, de la tension, avec des personnages relativement bien rendus, une écriture compétente, la plupart du temps, mais également parfois quelques scènes et constructions pas suffisamment adroites ou maîtrisées, voire crédibles et cohérentes mêmes, mais tout cela se lit sans déplaisir, la plupart du temps, et les pages tournent toutes seules comme pour tout livre de mêmes genre, niveau, ambitions ou qualités. Pour un premier ouvrage, c’est déjà très bien. On demande à voir ce qu’il en sera des possibles suivants...

Le Ithuriel de Michèle Laframboise (Naturellement) est le premier roman, sombre et dystopique, d’une de nos rares jeunes auteurs de SF, articulé autour de thèmes techno-sociologiques très actuels et souvent fort préoccupants : mondialisation, pouvoir des multinationales, faille grandissante entre riches et pauvres, biotechnologies et dérèglements du climat. L’auteure démontre des connaissances solides, du talent pour les ambiances et, surtout, une véritable empathie envers ses personnages. Les premières scènes sont fortes, enlevantes, mêmes si elles ne révolutionnent pas l’imagerie SF. Après, on retrouve dans le livres quelques lacunes de premier roman, Laframboise maintenant parfois un peu moins bien action et suspense au fil des pages, avec un style un peu plus relâché et également quelques petites longueurs parfois. Mais il reste que ce livre est très lisible, fort valable, intéressant et surtout prometteur pour l’avenir.

Les deux romans Samiva de Frée et par Francine Pelletier (Alire) forment la conclusion de Le Sable et l’Acier, sa superbe et célébrée trilogie de SF et certainement un futur classique dans nos genres. Ce sont des livres très denses, avec des personnages féminins forts, complexes et subtils, évoluant dans des sociétés en évolution ou au bord du changement, comparables à celles d’ici, passée ou présente, avec une écriture à la fois efficace et travaillée. L’ensemble forme une lecture absolument passionnante et indispensable qui demanderait un article entier pour lui rendre pleinement justice. Le GPSFFQ que l'auteure a reçu pour deux de ces trois livres était pleinement mérité.

Yves Meynard propose Le Livre Des Chevaliers (Alire) , beau roman de Fantasy, insolite et inhabituel, jouant habilement avec archétypes et conventions du genre, à l’écriture superbe, rédigé directement en anglais et d’abord publié comme The Book of Knights (Tor Books) . L’ouvrage fut couvert de bonnes critiques (finaliste au 2000 Mythopoeic Fantasy Award) . Sa traduction, ou plutôt sa réécriture en français, par son auteur navigue en un récit coloré, poétique et intelligent. Fortement recommandé.

Le Zombi Blues (J’ai lu) de Stanley Péan est la réédition française, en version légèrement différente, d’un roman très lu et remarqué à sa première sortie (La Courte Échelle) , qui mélange allègrement fantastique, horreur, policier, politique, jazz et exotisme par un Québécois né à Haïti et transplanté très jeune au Québec, véritable "personnalité médiatique" , prolifique écrivain pour adultes et pour jeunes, mais qui a retrouvé ses racines et sait bien de quoi il parle en ce qui concerne la magie et la politique telles que pratiquées sur sa terre natale et la musique afro-américaine. Ses Noirs Désirs (Leméac) et Le Cabinet du Docteur K (Planète Rebelle) présentent ses dernières nouvelles, mais le résultat n’est pas à la hauteur de prestations précédentes comme, par exemple, la réédition de Le Tumulte de mon sang (La Courte Échelle, éd. or. Québec/Amérique) . De l’habileté et beaucoup d’ironie dans ces noces fort ambiguës, mais bien " (sur) naturelles" , de la sexualité et du Fantastique, mais aussi une certaine distance, et semble-t-il moins d’émotion donc... L’auteur publia beaucoup à l'époque. On n’oserait le lui reprocher vraiment, mais... plus de discernement dans les nouvelles reprises aurait peut-être bien été alors préférable…

" … personne au Québec ou ailleurs n’écrit des livres comme ceux d’Esther Rochon. " . - Le Libraire - Journal des librairies indépendantes – avril 2000

Esther Rochon, avec L’Archipel Noir (Alire) , second volume (Le premier est Le Rêveur Dans la Citadelle (Alire, 1998) , partiellement traduit une première fois en allemand et ensuite réédité sous le titre Der Traümer in der Zitadelle chez Heine Verlag. ) , de la réédition revue et augmentée de quelques chapitres de L’Épuisement du Soleil (Le Préambule) , Prix Boréal et le GPSFF 1986, grand classique de la SF d’ici selon tous les critiques et lecteurs unanimes, tant dans le milieu qu’à l’extérieur, faisant partie du Cycle de L’Archipel de Vrénalik, mais se lisant très bien indépendamment nous donne un livre admirable de poésie tranquille et d’images flamboyantes, un grand roman psychologique et philosophique, une voix, une écriture et une sensibilité uniques et très personnelles, le destin de tout un peuple, un monde parallèle qui rattachent le tout à la SF même si la société décrite rappelle parfois la Fantasy, des thèmes comme la puissance et la nécessite du Rêve, une réflexion sur la subtile jonction des destins personnels et collectifs, une parabole sur l’histoire du Québec, un hommage à certains grands écrivains de nos genres. À lire absolument, incontournable pour quiconque s’intéresse un tant soit peu à la SF Québécoise, et même mondiale. Dans Or (Alire) , volume suivant de son autre série ambitieuse, qui tient de la SF, de la Dark Fantasy, du conte bouddhiste tibétain, de la fable extrême-orientale, du Rêve Intérieur et Extérieur, l’auteure nous fait une description fascinante de mondes insolites et pourtant familiers, une visite et un journal de voyages dans d’étranges et multiples enfers très différents de tout ce que vous avez déjà lu sur le sujet, accompagné d’une réflexion sur l’ouverture et la rédemption, l’Art, l’éthique et la responsabilité. Des images d’une lente beauté, d’une frappante fulgurance, des personnages inoubliables, des tableaux colorés et quasi-surréalistes, des moments de terreur, d’horreur mais de poésie et de compassion aussi, un regard autre et fortement dépaysant, bref une oeuvre et une écriture profondément originales et une vision unique à découvrir. Les premiers volumes de cette série se sont retrouvés finalistes, à deux reprises, du GPSFFQ ces dernières années. Et pour Sorbier (Alire) , livre de SF ou de Fantasy, qu’importe l’étiquette ici, osons hardiment le mot de chef-d’œuvre là ! Ce récit est, en effet, la conclusion plus qu’attendue des deux forts vastes et importants cycles romanesques majeurs et très acclamés de l’auteure, celui du monde de l’Archipel de Vrénalik, avec ses Rêveurs, ses Sorciers, sa magie effective et insolite et sa technologie réduite mais bien étrange, de même que ses troublantes ressemblances, politiques, sociales et parfois même géographiques, par les diverses vertus de l’analogie et de la métaphore, avec les sociétés Québécoises et Amérindiennes d’une certaine époque et d’aujourd’hui, débouchant, à terme, sur une Utopie fonctionnelle ambiguë, effective mais non contraignante, et celui de la traversée des contrées étonnantes des Chroniques Infernales avec leurs différents niveaux et leur nature très particulière d’Enfers non définitifs et bien inhabituels, dans lesquelles une certaine forme de "rédemption" demeure toujours possible même si difficile, un ouvrage où ces deux mondes et également le nôtre, par la simple entremise des "voyages" des très attachants personnages principaux qui y habitent et peuplent l’histoire de leur présence réelle et intense, communiquent par leurs diverses interactions et se rejoignent enfin dans une danse riche, allusive, intime et alors synergique. Dans les ouvrages de l’auteure coexistent harmonieusement, mais aussi bien paradoxalement, profondeur et légèreté, horreur et rédemption, culpabilité et pardon, mélanges parfois désarçonnants et surtout très personnels, qui sembleraient devoir être constamment instables de par leur nature même mais ne s’avèrent ne pas l’être vraiment. Leur richesse poétique et symbolique transcende la douleur et le manque pour redéfinir l’être humain et leur étrange familiarité résonne longuement et obstinément en nous bien après qu’on ait refermé ces livres, et tout particulièrement cet ouvrage précis. Les réflexions psychologiques, sociologiques et politiques y sont d’une terrible lucidité, mais jamais exemptes de compassion, comme chez Ursula Le Guin, par exemple. La pensée de l’auteure reste constamment déliée et ondoyante, ses lieux imaginaires, mais très personnalisés, offrent un décor soigneusement évoqué, à la fois ombre et reflet de notre propre monde et son récit est porté par une prose accessible, d’une évidente mais bien fausse simplicité, qui ouvre, en ces univers réels ou oniriques, des trames parfois parallèles ou bien convergentes, mais toujours plus riches et très subtiles. Esther Rochon est une auteure majeure qui jouit chez nous d’une rare unanimité d’appréciation. Elle est certainement aussi importante que Le Guin ou Élisabeth Vonarburg le sont pour nos genres. Elle écrit des livres à découvrir d’urgence par l’Europe francophone.

"Et c’est là l’art de Sénécal : il vous fait déraper, de façon très méthodique, de façon très feutrée, dans un tout autre univers. " - Indicatif Présent, Radio-Canada

Cette citation résume bien l’effet produit par Aliss (Alire) de Patrick Sénécal, ce très gros roman fantastique (Un peu trop alors ? J’aurais parfois eu envie, après ma lecture, d’en voir retrancher une bonne cinquantaine de pages, ici ou là, selon les redites et les longueurs... ) , qui se veut un hommage affectueux, mais aussi très irrévérencieux et déjanté, à l’œuvre célèbre et célébrée de Lewis Carroll. Ceci dit, transposer dans un cadre "moderne" , marginal, assez "rock and roll" et surtout horrifiant, satirique et surréalisant, l’histoire d’Alice Aux Pays Des Merveilles n’est ni très aisé, ni très évident, et montre bien toutes les ambitions et le courage (frisant peut-être légèrement l’inconscience) , considérables de cette entreprise littéraire. L’auteur a-t-il vraiment pleinement réussi dans sa tentative ardue et risquée ? En partie, mais pas pleinement... En effet, ce livre, qui a rencontré un fort et indéniable succès, surtout auprès des adolescents amateurs du genre, présente d’abord des qualités très certaines. À travers un véritable déferlement, souvent un brin étourdissant, d’images fortes et surprenantes, tour à tour ou simultanément horribles, frappantes, parfois absolument et réellement drôles et surtout très insolites, ou se voulant "brassantes" et ébranlantes, très imaginatives, bien charriées par un torrent de mots "lâchés lousses" comme une lave dévastatrice sur les personnages et l’histoire par un écrivain qui ouvre alors, en grand et sans retenue, les vannes de son imaginaire, tout ce plaisir visible à user du langage québécois, dans sa forme la plus populaire (Et le lecteur francophone européen "ordinaire" aura peut-être quelques légères difficultés de compréhension avec toutes ces expressions usuelles, précises, mais parfois inconnues de lui, tous ces "québécismes" et "canadianismes" , sauf s’il est familier des oeuvres d’auteurs québécois contemporains comme Tremblay, par exemple... ) , à travers une "fantaisie" et une invention réelles, cette indiscutable et puissante verve, cet usage constant du dialogue percutant, peut-être servi avec trop d’abondance et surtout de "facilité" , des choses vraiment importantes passent, sur la peur et le dérèglement psychique, entre autres. Car on retrouve ici, comme pour d’autres romans, et surtout Sur Le Seuil, son précédent, et probablement le plus réussi, presque partout la même grande thématique générale de fascination et répulsion mêlées pour l’anormalité, la folie et l’horreur et les situations "extrêmes" auxquelles peuvent être confrontés l’humain et la raison, le corps et l’esprit. Mais cela se produit alors à travers une écriture nouvelle, souvent très "excessive" peut-être, et qui, à certains moments, me lassait un petit peu, me donnait envie que l’on passe à autre chose et, qu’après toutes ces fusées et autres feux d’artifices (Parfois trop d’ "artifices" , le mot qui convient peut-être le mieux ici... ) lancées un peu partout, le roman se structure sérieusement, avance un peu, progresse, "aille vraiment quelque part" en fait. Et il va bien quelque part pourtant ce livre, suivant, à travers une métamorphose très déformante, grotesque et surtout actualisée par une imagerie, une sensibilité et des mœurs plus "branchées" , citadines ou modernes, disons, à travers les multiples et trompeurs dédales torves de l’humour noir et de l’absurde les plus amusants ou désespérés, selon l’humeur, et même poursuivant toujours son modèle choisi et assumé, jusqu’au plus sombre, au plus "déstabilisant" du cœur et de l’esprit humains, "in the heart of darkness" , dans un certain sens. Mais il met parfois tellement de temps et surtout de mots pour y arriver... Et ne s’y retrouvent plus guère alors ce particulier et si délicieux "émerveillement logique" , magnifique "nonsense apparent" tellement typique de certains écrivains britanniques à l’imaginaire un peu tordu qui subvertissent la pensée traditionnelle par trop ronronnante (Mais exiger précisément cela était peut-être trop en demander ici... ) , ce "délire rationnel" de certains auteurs de SF qui ont suivi cette voie difficile, étroite mais très précise également, comme Lewis Padgett et Frederic Brown, par exemple, et moins encore, par-delà le scénario, les événements et autres péripéties dérivés du livre de Carroll, une certaine "magie" , une certaine "saveur" rares et surtout fort précieuses, qui faisaient et font encore, une partie du charme, de l’intérêt et de la valeur des livres de ces auteurs. Mais peut-être faut-il tout simplement prendre ce roman seulement pour ce qu’il est et se propose d’être, et pas pour ce qu’il pourrait être aussi, en plus, en quelque sorte. La tentative est déjà suffisamment hardie et impressionnante, avouons-le sans hésitations. Elle peut, à bon droit, susciter une solide admiration. Mais je n’ai pas été capable, à sa lecture, de ne pas avoir également d’autres ambitions, différentes, très précisément, pour ce livre…

Daniel Sernine, avec Chronoreg (Alire) donne une réédition remaniée d’un livre paru il y a quelques années (Québec/Amérique) et son meilleur roman de SF pour adultes. L’auteur, deux fois lauréat du GPSFFQ, dont une pour ce roman, mélange Uchronie et futur proche pleins de bruits et de fureur, avec monde à la dérive, action, guerres, drogue, violence, politique et l’exploration des toujours trompeurs et changeants "méandres du Temps" avec, à la clef, des dilemmes peu évidents pour les êtres qui s’y débattent. Faire des choix importants et vivre avec n’est jamais facile...

Le célèbre roman de Jean-Paul Tardivel, Pour La Patrie (BQ-Bibliothèque Québécoise) , est ici réédité dans une collection de "classiques" , notre équivalent de Folio ou Garnier-Flammarion. Il s’agit d’un des premiers ouvrages du SF parus au Québec, important du point de vue historique, et également d’une sorte d’ "Utopie" (pour certains) nationaliste, religieuse et réactionnaire qui représente bien les préoccupations d’une partie de certains intellectuels Canadiens-Français du début du siècle. Cette édition est accompagnée d’un solide et utile appareil critique.

Élisabeth Vonarburg présente une réédition retravaillée (un peu différente des versions précédentes chez Québec/Amérique et au Livre de Poche) et "définitive" des Chroniques Du Pays Des Mères (Alire) , un superbe classique incontestable de la SF francophone (voire mondiale) , situé dans le prolongement du Le Silence De La Cité (Grand Prix de la SF Française, Rosny Aîné et Boréal, 1982, chez Denoël et Alire) , tous deux traduits et publiés en de nombreuses langues, avec archéologie intérieure (psychologique) et extérieure (celle d’un peuple et ses croyances) , recherche d’une vérité et d’une éthique, beauté, intelligence, écriture d’une suprême élégance, multiples remises en question de notre langage, prise de conscience de la manière dont il façonne notre vie individuelle et notre communauté, réflexions également sur l’Histoire, sa nature, son fonctionnement et les fondements même de toute une société future (féminine) vraiment "différente" , hypothèses, interrogations et spéculations stimulantes vécues avec émotions (parfois désorientations et douleurs) par des personnages profonds, complexes, vivants et vibrants. Une histoire et un destin qui traversent le corps et l’esprit, laissent en nous des semences et des sédiments propres au développement humain de chaque lecteur, un roman qui parfois réveille et secoue comme la foudre ou parfois encore berce lentement comme la mer aimante. Un grand livre, du niveau des meilleurs ouvrages de Le Guin ou Sturgeon, à se procurer et à lire absolument, récompensé par le GPSFFQ, les Prix Boréal et Aurora et finaliste du Rosny et des James Tiptree Jr et Philip K. Dick Awards. Il y avait longtemps que nous avait été donné plaisir de lire des nouvelles récentes d’Élisabeth Vonarburg. On le regrettait beaucoup, mais l’attente en a valu la peine car deux recueils nous arrivent ! Dans La Maison au bord de la mer (Alire) , l’auteure offre des récits partageant de nombreuses préoccupations thématiques communes, comme l’importance du Rêve et de son interaction sur et avec le monde réel, le rapport au corps des métamorphes, capables de tous les changements, surtout les plus inattendus, subtils, intérieurs et donc nécessaires, la dualité ou plutôt la multiplicité des êtres, l’échange, les rapports et les relations complexes, difficiles mais avant tout ambivalentes entre créations et créateurs, les élans en marées montantes et descendantes de l’espoir et du désespoir des êtres, la définition et la nature de "l’humanitude" , la place et la fonction de l’Artiste dans la société, présente et future, la quête identitaire de soi, et celle de l’Autre dans une presque unité de lieux et d’époque, un monde probable de notre futur proche, du réchauffement de la planète avec une fonte partielle des glaces des Pôles et une élévation importante du niveau des mers, de l’arrivée des Grandes Marées qui engloutissent et font disparaître peu à peu les anciennes villes du bord des fleuves et de l’océan, remplacées par les nouvelles constructions et installations de la communauté humaine, mieux adaptées, plus brillantes, plus modernes, telle l’obsédante, blanche, magnifique, orgueilleuse et peut-être quelque peu vaine et hiératique parfois, dans son continuel et élégant, quoique perdu d’avance, combat de Sisyphe des oeuvres humaines, du sable et des rochers contre l’envahisseur liquide. La cité de Baïblanca est une "sorte de banlieue exotique de l’esprit" comme Ballard le disait déjà de ses Vermillons Sands avec lesquels la ville et le monde imaginaires de Vonarburg, ses décors et personnages divers, ses plages habitées de gracieuses statues vivantes et chantantes, ses promontoires presque vaincus, menacés par l’onde insidieuse, entretiennent une parenté voulue, subtil hommage, dérive pleinement assumée, influence revendiquée et adéquation parfaite à l’ambiance requise par le propos de ces récits, aussi lumineux ou crépusculaires que poétiques, romantiques et esthétiques, bien lucides et sans illusions aucunes, jusque dans cette lente disparition de l’Ancien Monde et ses habitants même et leur possible remplacement par... de l’Autre, de l’altéré, du différent. On retrouve une écriture travaillée, exigeante, à l’émotion retenue mais véritablement authentique, aux trouvailles poétiques constantes et ravissantes, aux visions et images qui nous hantent et rejoignent tant le conscient que l’inconscient, on rencontre des personnages qui sonnent si "vrais" que l’on croit les avoir déjà connus ou aimés, ne serait-ce qu’en Rêve. La réflexion est profonde, sans aucun recul effrayé devant la complexité parfois déroutante des êtres, leurs forces et leurs fragilités, leurs mystères, leurs lumières, leurs noirceurs et leurs couleurs mélangées, fusionnées, assumées, acceptées, leurs secrets déchirés ou chuchotés, qu’ils livrent et donc connaissent ou qu’ils cachent et donc ignorent, mais que l’auteure montre, suggère ou parfois fait deviner seulement, dans leur exploration étonnée d’eux-mêmes, des autres, du changement, du vivant et du monde. Ces nouvelles, venues parfois d’anciens recueils, de revues et anthologies diverses, épuisés ou difficilement trouvables, comportent également deux longs inédits : une version plus satisfaisante, ample et développée de la magnifique "Oneïros" , ainsi que l’impressionnant "Les Dents du Dragon" . Elles dressent l’architecture d’un des meilleurs et des plus structurés recueils de SF Francophone parus récemment, peut-être le meilleur en fait. Une lecture très fortement recommandée ! Élisabeth Vonarburg publie également The Slow Engines Of Time And Other Stories (Tesseract Books) , un rare recueil de SF francophone en traduction anglaise, et en édition cartonnée encore, dans la foulée du succès, tant critique qu’auprès des lecteurs, des précédents The Silent City, In The Mothers’ Land et The Reluctant Voyageurs. On peut s’en réjouir bien fort ici. Ce livre offre une sélection de huit des toutes meilleures nouvelles de l’auteure, choisies parmi celles qui présentent les univers du Pont Du Froid et surtout de Baïblanca, tout comme pour le livre précédent. On y retrouvera une excellente réflexion sur les Arts du futur, les rapports créateur et création vivante, parents et enfants, bien présents dans "Janus" , la très belle réconciliation et révélation personnelle découverte près de "La Maison Au Bord De La Mer", l’énigmatique recherche et rencontre de soi, et de l’autre, qui est soi et pourtant ne l’est pas vraiment, que fait la Voyageuse dans "Le Noeud" et tous ces autres voyages, toujours plus divers et plus énigmatiques bien que paradoxalement tous très révélateurs, entrepris par l’intermédiaire et au travers de "La Machine Lente du Temps" ou le toucher de la simple texture du nacre blanc dans les circonvolutions labyrinthiques des chambres du subtil "Jeu Des Coquilles De Nautilus" . Ce livre nous parle des Rêves de et par la Science, des noces intimes, des rapports réels, sources de conflits avec et médiatisés par la technologie, qui se tissent alors entre l’Imaginaire et les diverses Réalités, celles de la conscience humaine comme de l’univers observable, des relations qu’ils entretiennent, plus riches et interactives que ce à quoi on croit ou pense alors pouvoir vainement arriver à les réduire. La Science, la connaissance et les applications technologiques, au sens le plus large, pour le meilleur comme pour le pire, sont vraiment ici les révélateurs, les condensateurs, les catalyseurs de l’expérience humaine, de l’émotion et des pensées qui nous habitent, des rapports et échanges entre nous et le presque indicible et insaisissable "totalement autre, totalement différent" de nous. La destiné future des Arts, de l’expression et de l’existence humaines, la définition même de qui est et sera alors "humain" , la cartographie de l’avenir, ou plutôt "des différents avenirs" encore possibles de et pour nos sociétés, déjà implicites par les choix mêmes que nous faisons ou ne faisons pas maintenant et de ceux qu’ils nous restent peut-être à faire, parfois rapidement, ainsi que celle des rapports humains, par-delà les changements et les bouleversements divers, sont certainement encore toujours à naître en chacun de nous, au sein des Centres où se rencontrent et se préparent, pour leurs périples intérieurs et extérieurs, les Voyageurs du Pont du Froid qui unit les différents Univers alternatifs de l’Histoire ou imaginés par la conscience humaine. L’écriture de ces récits travaille constamment le lecteur, sans répit aucun et surtout la moindre complaisance envers sa paresse "naturelle" , exigeant tant émotions, qu’attention et implication profondes. Les images offertes sont des fulgurances lentes ou bien encore violentes, merveilleuses ou terribles qui évoquent les rencontres, les échanges et les paysages les plus intimes et les plus personnels du lecteur en les passant, comme au travers d’un révélateur photographique, par l’expérience esthétique et psychologique de ceux de l’auteure. Voici un très beau livre, par une auteure qui touche, étreint et secoue également, sans vrai équivalent en SF Francophone, un vrai plaisir à multiples niveaux, tant pour l’émotif, les sens que l’intellect. Mais si vous avez lu cette auteure, vous le saviez probablement déjà...

Parmi les ouvrages intéressants, mentionnons, en SF, La Tour de Joseph Bunkoczy (Trait d’Union) , La Survie de Vincent Van Gogh (XYZ Éditeur) , récit uchronique et de voyage dans temps où le destin du célèbre peintre se trouve passablement changé et, par conséquent, l’évolution et l’histoire de la peinture contemporaine et Ovation d’Alix Renaud (Planète Rebelle) un recueil d’un auteur légèrement satirique d’origine haïtienne publié dans Imagine… entre autres. En Fantastique, Rue Saint-Denis (Ekstasis Editions) , la traduction anglaise du recueil classique du même titre d’André Carpentier, le Sabaya (Vents d’Ouest) d’Ann Lamontagne, Le Grand Roman de Flemmar (Québec/Amérique) de Fabien Ménard, Le Maître de Jeu (XYZ Éditeur) de Sergio Kokis, auteur fort lu et très prisé de la critique par ici, sont à lire. Les romans Sabines de Guy Demers (XYZ Éditeur) ainsi que La Cour intérieure (L’Instant Même) de la critique et nouvelliste Christiane Lahaie intéresseront probablement l’amateur de Fantastique.

René Beaulieu et Guy Sirois présentent Transes Lucides (Ashem Fictions) , qui s’est avéré l’anthologie majeure de SF et de Fantastique chez nous en 2000, tant par le nombre de nouvelles publiées que celles finalistes aux divers Prix et dont tous les commentateurs furent unanimes à reconnaître l’absolue nécessité en ces temps où les collectifs de récits courts, bien négligés par les plus grosses maisons d’édition, se font vraiment des plus absents. Son sommaire, qui se veut riche et relevé, présente une bonne partie de nos meilleurs auteurs et quelques écrivains aujourd’hui involontairement plus rares ou même de nouveaux venus déjà très prometteurs. Jacques Brossard, Michel Lamontagne, Jean Dion, Serge Mailloux, Michèle Laframboise (une première publication) , Alain Bergeron, Jean-Louis Trudel, Francine Tremblay, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg sont présents dans ses pages.

Le Tesseracts 8 assemblé par Candas Jane Dorsey et John Clute (Tesseract Books) est la dernière en date d’une série d’anthologies périodiques de SF et affiliés de haut niveau présentant les meilleurs auteurs canadiens et des québécois en traduction anglaise. Francine Pelletier, Sernine, Trudel, Meynard et votre serviteur se retrouvent au sommaire.

Le Northern Suns (Tor Books) de David G. Hartwell & Glenn Grant présente une nouvelle sélection, sorte de "Best of the Best" , de la SF Canadienne, anglophone et francophone. Cette sélection m’a paru un peu plus faible que la précédente, Northern Stars (Tor Books) , mais elle demeure hautement recommandable à qui veut savoir un peu mieux ce qui s’écrit de bon ici.

Les collectifs L’Année 1997 et L’Année 1998 de la Science-Fiction et du Fantastique Québécois (Alire) sont des volumes absolument indispensables pour qui s’intéresse un tant soit peu aux littératures de l’Imaginaire telles que pratiquées chez nous dans lesquels de nombreux spécialistes très qualifiés recensent toute la production de nos domaines en 1997 et commentent le moindre livre, la moindre nouvelle, dans des essais généralement intelligents, fouillés et de bonne longueur. On y survole aussi les articles, les revues spécialisées et s’y trouvent également les adresses de tous les éditeurs et périodiques mentionnés ainsi qu’une petite anthologie de nouvelles inédites signées Bolduc, Jean Désy et Sirois (particulièrement intéressant) pour le premier et Natasha Beaulieu, Sylvie Bérard et André Laurier pour le second. Ces livres sont bien un peu chers mais en valent amplement la peine, je crois. L’autre collectif (sous la direction de Claude Janelle) paru la même année, Le XIXième Siècle Fantastique en Amérique Française (Alire) , est une somme aussi incontestable, présentée en grand format, qui explore en profondeur la Proto-SF et le Fantastique québécois du XIXième siècle. On y recense et commente 144 contes et nouvelles et offre au lecteur une anthologie de 10 textes d’époque dont deux étaient encore inédits à ce jour. On notera la présence de pionniers reconnus de notre Littérature comme Louis Fréchette, Pamphile LeMay, et Louvigny de Montigny et quelques surprises. Un travail remarquable de Janelle et ses acolytes, avec une préface du renommé historien Jacques Lacoursière.

Le Radiographie D’Une Série Culte The X-Files d’Alain Bergeron et Laurine Spehner (Alire) est un fort bon livre sur la bien connue série télévisuelle, fait avec le talent, l’excellence et le sérieux dans la documentation de ces deux auteurs, assistés ici par Matthieu Daignault et Norbert Spehner. C’est indispensable aux amateurs et recommandés aux simples curieux, avec les livres de Francis Valéry sur le même sujet.

Avec Anne Hébert : Le Secret de vie et de mort (Presses de l’Université d’Ottawa) , André Brochu consacre une solide et intéressante étude critique "interprétative" , à une des plus grandes auteures de la Littérature Québécoise, publiée d’abondance au Seuil, récipiendaire du Prix Fémina, dont les livres, pleins de crimes et de mystères retenus et d’Imaginaire, car toute une partie de cette oeuvre relève du Fantastique, que ce soit avec Héloïse et son étrange et fascinant vampire féminin errant dans un Paris magiquement métamorphosé à travers un regard "exilé" ou encore Les Enfants du Sabbat avec son mélange inexorable, rencontre feutrée, sournoise, parfois révélatrice ou libératrice et parfois aliénante, destructrice, du Mal, de la sorcellerie, de la violence intérieure, de la psychologie profonde, du fantasmatique et des pulsions ou aspirations réfrénées de la vie opprimée de religieuses. On peut espérer que ce travail n’est que le début d’explorations encore plus profondes et passionnantes.

Ce très impressionnant, fondamental et incontournable essai sur le SF qu’est L’Empire du pseudo : Science-Fiction et modernité (Nota Bene) de Richard Saint-Gelais, chercheur, sémiologue et professeur de Littérature à l’Université Laval de Québec, fait un certain bruit dans le milieu, pour son ampleur et son sérieux ainsi que sa démontrée et excellente connaissance du genre. Beaucoup de gens intelligents et difficiles à impressionner trop facilement pensent et disent beaucoup de bien de ce livre. J’aurais volontiers tendance à être du nombre… Bien entendu, cette publication est assez précisément orientée, voir le sous-titre du livre, mais voilà un travail critique et analytique d’une importance indéniable parmi ceux déjà écrits sur le sujet chez nous. Ceci dit, ce n’est pas un ouvrage cherchant à présenter la SF, historiquement ou autrement, à la définir ou à en recenser et analyser "l’ensemble du corpus" . Les textes et productions audiovisuelles sont surtout retenus, ou écartés, avant toutes choses, pour le pertinence ou non-pertinence avec les sujets, propositions qui intéressent particulièrement l’auteur, très précisément circonscrits et en rapport avec les "modernités de la Science-Fiction" . J’ajoute que, visiblement, on s’intéresse plus aux textes avant tout (et parfois, au léger détriment de leurs qualités "artistiques" ) pour leur contenu intrinsèque proprement thématique. Mais c’est écrit dans un style relativement clair, n’utilisant qu’un minimum de jargon ésotérique ou trop spécialisé. Il y a là des choses fort intéressantes et même quelques réflexions hardies et très pertinentes (parfois discutables également, pour certaines d’entre elles) et le livre développe certains articles de l’auteur déjà parus auparavant. Et surtout, l’homme fait preuve d’une indéniable connaissance de la SF, de tous pays et genres, produite et diffusée par les médiums écrits, télévisuels et cinématographiques, assez rare chez ses confrères d’habitude. On cause même sur une certaine longueur de Star Trek, par exemple… Cela nous change. Et tout cela en passant par et au milieu de solides études sur les oeuvres de, entre autres, Dick, Jeury, Ballard, Lem, Watson, Simak et Élisabeth Vonarburg. Autre avantage non négligeable pour nous : le livre fait une place assez importante à la SFQ et lui donne, un espace plus que mérité dans le concert des différentes littératures de la SF mondiale. Peu d’études en ont fait autant jusqu’ici… On trouve une très importante bibliographie et filmographie au terme de l’ouvrage.


Littérature pour jeunes :

Comme auteur, Claude Bolduc nous donne La Main De Sirconia, un bon roman d’Horreur surnaturelle, se rapportant au précédent Le Maître Des Goules, ainsi que Péchés Mignons, avec des textes divers, souvent réécrits d’importance à partir de leur première version, aux mérites parfois un peu inégaux, d’origine ancienne et parus dans des anthologies ou petites revues amateures, tous placées sous le vaste parrainage de l’humour, du Fantastique et de l’Horreur, mais le livre dans son ensemble donne l’image un peu passée ou même vieillie d’un Bolduc aux débuts de sa carrière, qui n’est certes pas celui de ses livres récents, comme Les Yeux Troubles, qui s’avèrent plus étoffés et satisfaisants. Ceci dit, le sourire et l’inquiétude sont parfois au rendez-vous et la touche très personnelle de ce mélange de peur et s’y retrouve d’abondance également. Cela ravira probablement ceux qui appréciaient déjà auparavant. Comme anthologiste, il sort de Petites Cruautés nouveau petit collectif pour faire frissonner (et parfois rire également, encore) les jeunes, habilement concocté par un bon connaisseur du genre, et une réédition des bons récits d’Horreur de La Maison douleur et autres histoires de peur (tous chez Vents d’Ouest) On en retiendra plus particulièrement deux nouvelles de l’anthologiste, deux autres du trop rare mais excellent Guy Sirois, du Champetier, du Péan et du Francine Pelletier.

Denis Côté offre Un Parfum de Mystère, La Machine À Rajeunir (La Courte Échelle) et Conte de mon grand-père (Autrement Dit) , ses derniers romans, Fantastique et de SF, respectivement. Un des auteurs les plus lus, renommés, productifs et talentueux en littérature jeunesse au Québec, il a fait publier une trentaine d’ouvrages relevant de nos genres où action, suspense et même un peu d’Horreur se retrouvent au rendez-vous avec, comme personnages, des garçons ou filles bien attachants. Je conseille fortement aux pré-adolescents qui veulent monter voir un étage plus haut que la collection Frissons ou R. L. Stine. Ce n’est jamais ennuyant et toujours bien fait. Ses dernières rééditions, fort bienvenues comme L’Arrivée des Inactifs (Egmont) , La Nuit du vampire, Le Parc aux sortilèges, Les Prisonniers du zoo, Le Voyage dans le temps (La Courte Échelle) , ne sont pas nécessairement les tout meilleurs de sa production, l’auteur se retrouvant parfois légèrement "handicapé" par la longueur, format bien restreints et spécifiques et surtout la tranche d’âge plus limitée, que visent la collection jeunesse de cet éditeur, surtout si on les compare avec ses premiers livres, plus ambitieux et risqués. L’aventure, l’imagination, des personnages très sympathiques, parfois récurrents, garçons ou filles, et la qualité générale de l’écriture, le respect de l’intelligence du lecteur, la rigueur dans le développement des intrigues et les habiles variations à partir de différents thèmes "classiques" , comme le vampire, la magie, le "savant fou" , "l’invention extraordinaire" et le voyage dans le temps sont sources de réels plaisirs, même pour les lecteurs plus âgés ou blasés par trop de pages lues sur ces mêmes sujets. Il est heureux de voir offerts des livres pour jeunes si rafraîchissants et si bien réussis.

Francine Pelletier, lauréate du GPSFFQ en 1999, ajoute Les Eaux De Jade (Médiaspaul) , un fort bon roman, à sa déjà très abondante production. On y retrouve encore la délicatesse de touche, la sensibilité, la qualité d’écriture, le sens de l’intrigue bien menée (souvent policière) et les diverses préoccupations, humaines, sociales et écologiques, habituelles de l’écrivaine. Et des personnages très attachants en prime. En bref, de la belle et bonne ouvrage. Son Télé-Rencontre (Hurtubise-HMH) est un bon livre ayant pour thèmes l’amitié et les télécommunications futures et son dernier, mais Le Crime de Culdéric (Médiaspaul) , fait partie de sa SF ou son Fantastique à tendance policière, avec lesquels j’ai moins d’affinités que son oeuvre pour adultes.

Guy Sirois a construit son enviable réputation d’écrivain avec quelques excellentes nouvelles, soit avec Jean Dion, sous le pseudonyme de Michel Martin ("Geisha Blues" parue en France dans la revue Univers 1987 (J’ai lu) , maintes fois rééditée et véritable "classique" de la SFQ... ) , ou sous son propre nom, et il entreprend maintenant sérieusement une carrière annexe et intéressante d’auteur de romans de SF pour jeunes avec deux premiers romans, Le Voyage De Sagesse et La Clé du monde (Médiaspaul) . Le premier décrit avec sensibilité, exactitude et réalisme le vécu et le quotidien d’un adolescent québécois d’aujourd’hui tout en étant effleuré d’effluves van vogtiennes (celles qui se trouvent dans Le Monde des A plutôt que dans ses space opéras délirants) avec aventures, courses et poursuites, organisations secrètes et manipulatrices, "maître" extraterrestre , jeune héros doté d’un "talent" spécial, robots, découverte d’un "univers caché" et recherche de son créateur. Et une psychologie crédible des personnages, avec une grande qualité d’écriture. Imaginez un Aldiss première manière écrivant un roman pour adolescents… Son deuxième livre présente les mêmes qualités qui faisaient déjà l’intérêt et le plaisir du précédent (et quelques-unes en plus) . En effet, à partir de thèmes et situations tirés du "fonds SF" classique, que l’auteur connaît fort bien, comme le repli d’une société dans un Monde Souterrain, un univers extérieur glaciaire et désolé, apparemment post-cataclysmique, les motifs du "voyage révélateur" et du "coming of age" , la recherche Dickienne de la "réalité" derrière les "apparences" , Sirois raconte très habilement d’intéressantes péripéties vécues par des personnages vrais, parfois en position de solide questionnement sur eux-mêmes, leur environnement et leur société, surtout dans le cas de Mikkan, le jeune personnage principal, qui réserve vraiment son lot de surprises réjouissantes pour le lecteur, "variations" et autres "pervertissements" bien intéressants envers des attentes par trop traditionnelles... Il est très agréable, et plus tellement courant parfois, de voir un jeune héros curieux, irrespectueux, logique, intelligent, raisonné, mais bien capable de doutes, d’interrogations importantes et surtout de remettre très régulièrement les croyances et les certitudes de ses aînés en perspective. Durant sa lecture on évoquera, tout à tour, et successivement, Michael G. Coney, le meilleur d’André Norton, Pelot, Léourier ou Joëlle Wintrebert quand ils écrivent pour jeunes. Le style est constamment fluide, aisé, conversationnel, avec beaucoup de dialogues, la structure du récit agréable et souvent intrigante, même si sa conclusion peut être ressentie comme un peu rapide ou même "incomplète" , bien que très loin d’être décevante, au contraire, pour qui en déjà beaucoup lu, et de toutes les sortes. Mais la collection dans laquelle est publié cet ouvrage, un peu comme pour les anciens Anticipation, possède ses contraintes bien spécifiques et limitatives quant au nombre de pages et au développement précis d’une intrigue et d’un univers comme ceux proposés ici. Ceci explique probablement cela, comme c’était également le cas dans La Clé du Monde. C’est dire si le livre, et son auteur, s’en tirent d’une manière plus que brillante et honorable là. En fait, il s’agit bien assurément des deux meilleurs livres de "vraie SF" pour jeunes parmi tous ceux dont je parle dans cet article, et donc de forts réjouissantes réussites, de ce point de vue. Une lecture très fortement recommandée.

Pour les autres parutions en Fantasy, Julie Martel poursuit, avec La Lettre de la Reine, Désillusions et Le Guet-Apens (Médiaspaul) , une série dont les personnages et les situations sont récurrents, faisant montre de la même compétence globale et des mêmes qualités et faiblesses générales que dans les précédents, sans audaces ou surprises particulières. Très prolifique et habituée du genre, l’auteure a certes ses lecteurs très satisfaits, fournit bien sa dose d’émotions et d’intrigues, de personnages relativement sympathiques, mais se retrouve aussi et ainsi constamment sous l’influence, un peu écrasante, et surtout parfois bien paralysante, de diverses oeuvres anglo-saxonnes, relativement traditionnelles, toutes venues d’une Fantasy classique dans la lignée de l’après-Tolkien.

Avec Celui Qui Voit (Médiaspaul) , Michel Lamontagne nous donne le deuxième roman d’un excellent auteur de SF, plein d’humour et d’inventivité, à l’esprit insolite et agile, lecture et expérience toujours gratifiantes. Stanley Péan livre, avec Le Temps s’enfuit (La Courte Échelle) , une oeuvre compétente de Fantastique horrifiant. Les prisonniers des Grrihs (Pierre Tisseyre) de Christian Martin est un nouveau et solide space opera par l’ancien rédacteur en chef de la revue amateure spécialisée Temps-Tôt et directeur des Éditions De L’A Venir. Du bon travail et de la SF d’aventure intéressante. Dans L’Orphelin des Mers (La Courte Échelle) , André Noël offre un honnête roman Fantastique maritime, fort lisible, sur lequel souffle un peu de la brise de Jean Ray et peut-être également, celles de Conrad ou Stevenson, mais on s’ennuie quand même parfois d’eux, en se souvenant de nos lectures d’enfance, et surtout en parcourant le catalogue de l’éditeur, regrettant les livres plus solides et imaginatifs d’un Denis Côté par exemple. Jean-Louis Trudel, avec Demain, les étoiles (Pierre Tisseyre) nous donne (Enfin ! ) le premier recueil de notre auteur le plus constamment présent dans les revues et anthologies du genre ici ou en Europe. Cet ouvrage nous propose des nouvelles assez anciennes pour la plupart, et quelques inédits, mais s’inscrivant toutes dans une vaste et détaillée "Histoire Du Futur" . On y retrouve les qualités habituelles de cet écrivain, comme la solidité des intrigues et de la construction, un environnement physique crédible et bien rendu, des extrapolations documentées, ainsi qu’une grande exactitude dans la spéculation scientifique ou para-scientifique. Avec Guerre pour un harmonica, Nigelle par tous les temps et Les Contrebandiers de Canaveral (Médiaspaul) , Trudel donne d’abord un roman de SF, où on retrouve un minimum d’action, un rythme enlevé, des problèmes à résoudre, des enjeux importants pour les protagonistes et on est diverti autant qu’amusé, on réfléchit et on s’instruit. Voilà assurément un livre qui atteint donc bien les objectifs qu’on avait pour lui. Le second livre, d’une autre série, mélange Fantasy et Polar moderne, avec une touche de SF. Énigmes et aventures diverses sont au rendez-vous, soyez-en assurés. on lira avec plaisir Les Transfigurés du Centaure, son petit dernier. Trudel est un peu notre Hal Clement, notre Niven ou notre Asimov à nous et une des personnalités les plus actives oeuvrant dans nos genres. Un seul regret, de taille par contre (mais pour en vivre, il faut publier beaucoup, et le marché du livre pour jeunes est très demandeur en ce moment) : on aimerait, surtout à la lecture de ses excellentes nouvelles récentes, voir Trudel se consacrer à un roman ou recueil de SF pour adultes plus ambitieux et plus exigeant, qui offrirait ce que l’on pourrait alors considérer comme le meilleur et le plus intéressant de la production de cet auteur. Il en est fort capable… Et le Risque de soleil (Médiaspaul) de la nouvelle venue Louise Lévesque, présente une SF accessible et nostalgique, surprenante et captivante, parfois presque émouvante, qui mélange amour et espionnage dans un cadre spatial techno-futuriste proche et soulève les importants problèmes de l’environnement.

Dans les publications les plus récentes, parfois pas encore lues (J'étais en France au moment où j'ai écrit l'essentiel de cet article et n’avais pas alors encore eu accès aux sorties des derniers mois de la dernière année considérée ici… ) , mais fortement recommandées on relèvera le roman de SF pour jeunes Les Nuages de Phoenix (Médiaspaul) par Michèle Laframboise, déjà gagnant du prestigieux Prix Cécile-Gagnon 2001 de la relève du roman pour adolescent (premier roman jeunesse québécois) , de Le Messager des orages (Médiaspaul) roman de Fantasy pour jeunes et voyage maritime "Genewolfien" du symbionyme Laurent McAllister (Jean-Louis Trudel et Yves Meynard) , alors en route pour devenir finaliste du GPSFFQ selon des lecteurs perceptifs, et de Le Ravissement (L’Instant Même) d’André A. Michaud, auteur lauréat du Prix du Gouverneur Général (le plus important Prix au Canada, notre Goncourt à nous, si on veut) , qui serait du Fantastique.


Présence de la SFQ, au Québec, au Canada en France et ailleurs… : prix et événements : 1999 à 2001

Publications : "Un parfum d’orange" d’Élisabeth Vonarburg dans le collectif La Maison du rêve (VLB-L’Hexagone) , "Home by the Sea" , traduction de "La Maison au bord de la Mer" , dans l’anthologie australienne Women of the World et également "L’Exilée de l’intérieur" dans Voyages : un Lac, un fjord 6 (JCL) et le recueil de poésie Le Lever du Récit (Les Herbes Rouges) . Les nouvelles "Géhenne" et "Le langage de la nuit" (reprises) ont été publiées respectivement dans Douces ou cruelles ? (Daniel Conrad, éd. Fleuve Noir) et Passages : un Lac, un fjord 7 (JCL) et Galaxie 15. Les nouvelles "L’aile" d’Élisabeth Vonarburg et "Poussière d’Ange" de Guy Sirois sont reprises dans l’excellente anthologie Ainsi soit l’Ange de Léa Silhol (Éditions de l’Oxymore) . Pierre-Luc Lafrance a donné "Conte pour une fée" dans Il était une fée encore de Léa Silhol (Éditions de l’Oxymore) . Claude Bolduc a publié "Communion" dans De Minuit à Minuit (Daniel Conrad, éd. , Fleuve Noir) . On retrouve dans Les Horizons divergents, dernier volume de la Grande Anthologie de la Science-Fiction française (Gérard Klein, Dominique Martel et Ellen Herzfeld, éds. , Livre De Poche) , les nouvelles Québécoises "Chasseur et proie" de Meynard, "Dire non" de Jean-François Somain, "Les Voix dans la machine" de Dion, "Le Huitième registre" de Bergeron et " …Suspends ton vol" d’Élisabeth Vonarburg. "L’Homme qui fouillait la lumière" d’Alain Bergeron est repris dans SF 99 (Olivier Girard, éd. , Orion/Étoiles Vives) . La nouvelle "Soldats de sucre" d’Yves Meynard, finaliste au Rosny et au prix Bob Morane 2000, est parue dans Escales 2000 (Fleuve Noir) et son "Tobacco’s Words" (traduction de l’excellent "Les Mots du tabac" de Solaris 109) a été inclus dans un des réputés Year’s Best SF de David Hartwell (Tor Books) . Laurent McAllister propose "En sol brûlant" dans Forces obscures 2 (Marc Bailly, éd. , Naturellement) . Jean-Louis Trudel a publié "L’Arche de tous les temps" dans Escales 2000 (Fleuve Noir) , La nouvelle "Power from Nowhere" de Trudel se retrouve dans Tales From the Wonder Zone : Orbiter (Julie E. Czerneda) , éd. , Trifolium Press) et sa "Nova Stella" , traduction française de "Stella Nova" (reprise de la revue On Spec) dans Galaxies 13 tandis que "Les derniers lecteurs" voit le jour dans Les Débrouillards et sera repris dans Escales 2001 (Sylvie Denis, éd. , Fleuve Noir) . Dans Communiqué, publication de l’association SF Canada (et sur leur site) , on trouve des articles nous intéressant comme "Deux premières lectures de Lovecraft et leurs conséquences" par Esther Rochon et "Judith Merril : Un Souvenir en Forme de Conte de Fées" de René Beaulieu.

1999 à 2001

Pour la critique, Christine Fortier continue, dans Voir, hebdomadaire culturel à très vaste diffusion de Québec et Montréal, ses papiers, critiques et entrevues, sur les auteurs de SF Québécois. Sylvie Bérard poursuit sa chronique de SF dans le prestigieux Lettres Québécoises. Et une série d’articles et entrevues sur la SFQ par René Beaulieu débute dans Phénix 54 avec un entretien avec Élisabeth Vonarburg (Phénix 55) . Une autre entrevue avec Élisabeth Vonarburg par René Beaulieu peut être lue dans un récent SF Magazine.

1999

Prix Aurora Awards 1999 (Prix de SF Canadiens, donnés par vote des membres de SF Canada et des participants à la convention nationale Canadienne de SF) , décerné à Fredericton (Nouveau-Brunswick) . Meilleur livre : Corps-machines et rêves d’anges par Alain Bergeron (Vents d’ouest) . Meilleure nouvelle : "La Demoiselle sous la lune" par Guy Sirois dans Fantasy (Stéphane Marsan, éd. , Fleuve Noir) . Meilleure réalisation (autre) : ex aequo "L’Entreprise de Frankenstein" par John Dupuis (Solaris 126) et Trudel pour ses critiques (Solaris 124 à 127)

Le Grand Prix de la Science-Fiction et du Fantastique Québécois et sa bourse de $2500, commandite de la Fédération des Caisses Populaires Desjardins de Québec, ont été décerné à Francine Pelletier pour ses romans Samiva de Frée et Issabel de Qohosaten qui sont les derniers volumes de sa série Le Sable et l’acier au Salon du Livre international de Québec (SLQ) . Prix Solaris : création littéraire : "La Maison de l’anxitecte" par Éric Gauthier (Solaris 130) , bande dessinée : "La Poudre d’escargot" par Éric Lacasse (Solaris 130) . Les Prix Boréal furent décernés lors du Congrès annuel Boréal de SF par le vote de l’ensemble des inscrits. Meilleur livre : Samiva de Frée de Francine Pelletier. Meilleure nouvelle : "Scorpion dans le cercle du temps" de Jean-Louis Trudel (Escales sur l’horizon, Serge Lehman, éd. , Fleuve Noir) . Meilleure production critique : Alain Bergeron. Meilleur fanéditeur : Hugues Morin pour Fenêtre secrète sur Stephen King. Écriture sur place : "Lettre à Brijjie" de Sylvie Bérard.

2000

L’anthologie Transes lucides de Sirois et Beaulieu a droit à deux lancements avec lectures publiques, le premier, le 3 mars, au Network Café de Montréal et ensuite à Québec à l’époque du Salon international du Livre. La plupart des auteurs étaient présents à l’un ou l’autre des événements.

Le GPSFFQ 2000 et sa bourse ont été remis à l’auteure Esther Rochon pour l’ensemble de sa production en 1999, soit son superbe roman Or, sur la Scène des Rendez-Vous Littéraires dans le cadre du Salon du Livre International de Québec. Il s’agissait de son quatrième Grand Prix en 14 ans. La couverture médiatique de l’événement (radio, télé et presse) fut particulièrement bonne et intelligente. Les Prix Auroras ont été présentés au Toronto Trek 2000/Canvention 20 le 16 juillet 2000. Meilleur livre : Samiva de Frée par Francine Pelletier. Meilleure nouvelle : "Souvenirs du Saudade Express" par Éric Gauthier (Solaris 131) . Meilleur ouvrage (autre) : Solaris, Joël Champetier, éd. (Les Compagnons à temps perdu) . Le prix Sidewise 2000 pour le meilleur récit uchronique a été décerné, le 3 septembre à Chicago, en pleine Convention Mondiale de SF, à Alain Bergeron pour "The Eighth Register" , nouvelle parue dans Northern Suns. Sa version originale, "Le Huitième Registre" (Solaris 107) , avait été reprise dans Escales sur Solaris (Champetier et Meynard, éds. , Vents d’Ouest) et SF 99 (Olivier Girard, éd. , Bifrost/Orion) ainsi que dans Corps-machines et rêves d’anges, l’imposant, excellent et incontournable recueil de l’auteur. Les Prix Boréal 2000 ont été attribués, à Montréal, le dimanche 15 octobre 2000, dans le cadre du Congrès Boréal. Meilleur livre : Le Livre des chevaliers de Meynard. Meilleure nouvelle : "Souvenirs du Saudade Express" de Gauthier. Meilleure production critique : L’Empire du pseudo de Saint-Gelais. Meilleur fanéditeur : Pierre-Luc Lafrance pour la revue Ailleurs. Concours d’écriture sur place : Johanne Girard et Élisabeth Vonarburg (ex aequo) . Prix Solaris : création littéraire : "Sommeil rapide" de Luc-André d’Aragon (Solaris 134) .

La deuxième édition du Festival de SF, fantastique et horreur de Roberval s’est déroulée du 7 au 9 juillet 2000. Lancements, séances de signatures, tables rondes, soirées de courts-métrages amateurs et professionnels, lectures et activités ludiques s’y sont succédés. La discussion avec les auteurs Champetier et Sénécal se rapportant aux projets de films adaptés de leur roman respectif (Le Peau blanche et Sur le Seuil, Alire) sur le scénario desquels ils travaillent avec les réalisateurs et les très vivantes performances de Gauthier et Sénécal durant leurs lectures eurent un considérable succès, de même que la découverte l’univers fictionnel de Trudel dans une présentation spéciale de l’auteur. Bien dommage que ce festival en ait été à sa dernière édition. On le regrettera…


2001

Le GPSFFQ et sa bourse ont été décernés à Jean-Louis Trudel pour l’ensemble de sa production en l’an 2000, au cours d’une cérémonie au SLQ le 12 avril. Trudel a publié l’an dernier un recueil, Demain, les étoiles (Pierre Tisseyre) , deux romans pour jeunes, Guerre pour un harmonica et Nigelle par tous les Temps, de même que quatre nouvelles majeures dans des revues et collectifs : "Les Derniers Lecteurs" dans Escales 2001, "Tirés d’une Même Chair" dans Transes Lucides, "Les Retrouvailles du Sang" (Solaris 134) et "Les Jardiniers du Monde" (Solaris 135) . Les autres finalistes étaient Esther Rochon, pour son roman Sorbier et Patrick Sénécal, pour son roman Aliss et sa nouvelle "Nuit d’ancre" (Solaris 133) . Les Prix Aurora 2001 ont été remis le 5 mai à Canvention 21-V-Con 26, à Burnaby, Colombie-Britannique. Meilleur livre : Demain, les étoiles de Trudel. Les autres finalistes étaient L’Ange écarlate de Natasha Beaulieu, Un voyage de Sagesse de Guy Sirois et La Maison au bord de la mer d’Élisabeth Vonarburg. Meilleure nouvelle : "La Danse des esprits" de Douglas Smith (Solaris 134) . Les autres finalistes étaient "La première cicatrice" de Trudel (Demain les Étoiles) et "Oneiros" d’Élisabeth Vonarburg (La Maison au bord de la mer) . Mais remarquons que la victoire de la nouvelle traduite de l’anglophone Smith - fort bonne, au demeurant - contient les germes d’une presque aberration permise par le règlement (Nouvelle par un auteur Canadien en Français, un concept à mieux préciser peut-être… ) permise par le vote des participants anglophones, largement majoritaires sur le lieu de la Convention. Meilleur ouvrage en français (Autre) : Solaris, Joël Champetier, éd. Les autres finalistes étaient "Le cinéma au pays des rêves" de Mario Tessier (Solaris 133) et l’ensemble des critiques de livres d’Élisabeth Vonarburg (Solaris 132 à 135) .

La revue de réflexion sur l’art Spirale nous donne cet automne un pertinent, surprenant, intéressant et surtout inattendu dossier sur "Les Littératures de l’Imaginaire" , rassemblé par Blandine Campion, sa co-directrice, dans lequel on retrouve une entrevue avec Élisabeth Vonarburg, un article d’Esther Rochon, des amples, critiques et articles solides et informés, sur des livres récents, par des connaisseurs comme Sylvie Bérard, Léa Silhol, Bozzetto, Trudel et Claude Bolduc. On peut discuter le contenu ou l’opportunité de certains des articles de l’équipe habituelle de la revue, moins au courant, mais il est bon de lire, par exemple, "Du gaspillage et autres laideurs humaines" de Sophie Beaulé, un des premiers articles importants consacrés à l’œuvre de Trudel, qui le mérite amplement. Et si, après les récents numéros SF d’Europe et Pour la Science (traduction adaptée du Scientific American spécial SF et nanotechnologies, augmenté, entre autres, d’un article de Trudel sur "La SF Francophone" ) , les revues généralistes parlaient de SF plus souvent et en connaissance de cause ? Un état des lieux et une réflexion collective sur le genre certes à lire.

Le Congrès Boréal 2001 a eu lieu les 5, 6 et 7 octobre à Montréal avec les participants habituels et de nouveaux-venus remarqués, comme les universitaires Richard Saint-Gelais et Amy Ransom (amateurs déclarés et très éclairés de nos littératures) , avec de multiples débats, tables rondes, lectures et activités ludiques, dont une discussion remarquée et stimulante sur les "limites, supposées ou réelles, du Français en SF et Fantastique" , devenues rapidement "langues et ou dans la SF" , avec Esther Rochon, Meynard et Sylvie Bérard, animée par l’auteur de ces lignes (qui n’a jamais autant table-ronder en peu de jours) , avec brillantes interventions des deux "outsiders" déjà mentionnés. Le futur des genres (lire "la Fusion" ) , la SF et le Fantastique en France furent également abordés. Les Prix Boréal ont été décernés dans le cadre du Congrès au terme. Meilleur livre : Aliss de Sénécal. Autres finalistes : La Maison au bord de la Mer d’Élisabeth Vonarburg, Sorbier d’Esther Rochon, Demain les étoiles de Trudel et Transes lucides, anthologie de Guy Sirois et René Beaulieu. Meilleure nouvelle : "Les dents du dragon" d’Élisabeth Vonarburg (La Maison au bord de la mer) . Autres finalistes : "Les Ames Gelées" de Laframboise , "Mort sur Venise" de Bergeron, "La raison du Chien" de Serge Mailloux, et "Tirés d’une même Chair" de Trudel (tous venus de Transes lucides) . Meilleure production critique : "Une SF pour l’an 2000... et pour après" de Bergeron (Solaris 133) . On remerciera ici chaleureusement les organisateurs principaux Jean-Louis Trudel et Élisabeth Vonarburg et leurs "aides" précieux, Sylvie Bérard, Thibaud Salé et Éric Bourguignon.

Prix Solaris 2001 : "Derniers Jours" de Martin Hébert

Revues :

Ailleurs

Tout nouveau magazine amateur de SF et Fantastique, dirigé par le jeune, dynamique et compétent Pierre-Luc Lafrance, qui s’améliore constamment (sauf peut-être pour son aspect graphique) avec un contenu digne des revues semi-professionnelles. On y publie nouvelles, le plus souvent Fantastiques, articles, entrevues et un "numéro spécial" par année, tout entier consacré au gagnant du GPSFFQ de l’année précédente) . Du travail vraiment sérieux et excellent pour les 2 premiers numéros avec des nouvelles de Claire Panier, Léa Silhol et surtout une récit d’Éric Gauthier, certes le nouveau venu à suivre de près ces dernières années, accompagnés d’un mini-dossier Sernine de 3 articles, un article autobiographique "d’une enfance SF" par René Beaulieu et plein de critiques de livres et de revues. Le troisième est un remarquable et imposant Spécial Esther Rochon de plus de 150 pages grand format. René Beaulieu l’a coordonné et a rassemblé le matériel qui présente la grande majorité des nouvelles et articles d’Esther Rochon pas encore rassemblés en livre ou difficilement accessibles (dont un scénario de court métrage et certains inédits) avec une entrevue de l’auteure, des témoignages-hommages de René Beaulieu et Élisabeth Vonarburg et des bibliographies complètes. "Une corne d’abondance pour l’amateur de Rochon" , Joël Champetier (Solaris 138) .

Carfax

Pierre Djada Lacroix, illustrateur abondant et émérite, écrivain, lecteur pour les éditions Pierre Tisseyre et ancêtre de tous les fanéditeurs d’ici, présente sur son site électronique les numéros de sa revue, restée célèbre, avec archives complètes. Un monument de la SFQ dans la presse amateure.

Horrifique

Horrifique est le plus ancien fanzine québécois, présentant des fictions fantastique, mais aussi des articles, recensions de livres et entrevues. Ses principales lacunes sont une présentation parfois déficiente, ses éditoriaux et une partie de son rédactionnel, au français parfois étrange. La revue fut créé par André Lejeune qui la dirige. Elle a publié ses numéros 26 à 31 de 1999 à 2001, dont deux Spéciaux d’auteures féminines, avec des fictions, de qualité variable, mais certaines fort bonnes de, entre autres, Nathasha Beaulieu (3) , Claude Bolduc et Serena Gentihomme, Pierre-Luc Lafrance, Johanne Marsais, Laurent Greussard, Claire Panier, les excellentes Joëlle Wintrebert (2) et Léa Silhol et un très excellent article de Guy Sirois sur la Ghost’s Story anglaise chez les Victoriens et les Edwardiens dans lequel même le connaisseur apprendra bien des choses…

Le Résurrectionniste

Cette revue, dirigée par Mario Rendace, se consacre à la recherche et republication de textes de Fantastique et de Proto-SF difficiles à trouver par des auteurs bien ou moins connus des XIXième et début XXième siècles. Le seul numéro récemment paru, à ma connaissance, offre essentiellement des nouvelles de Laure Conan que l’on redécouvre en ce moment. Très utile pour les chercheurs et les amateurs.

Le Trench

Le Trench est une publication professionnelle fort ludique et assez unique, produit d’un concept créatif de son éditeur Mathieu Daigneault. On y raconte les aventures mouvementées du Trench, agent spatio-temporel sauveur de monde et de galaxies, qui voyage grâce à son manteau technologique, et de son amie Mary Jane Rosencraft, dans une sorte de "roman collectif feuilletonesque à suivre ou aux épisodes indépendants" , au milieu du Multivers de tous lieux et époques, de Mars à Montréal ou la Lune en début de colonisation, en passant par le "Sultanat de Brazzaville" et toutes les dimensions possibles, dans un style volontairement Pulp et secrètement jubilatoire quelque part. De 1999 à 2001 ont parus 23 numéros ou épisodes racontant 9 aventures différentes du Trench et son amie. Les auteurs en furent Thierry Vincent, Éric Bourguignon seul ou avec Daigneault, Laurine Spehner, Alain Bergeron et l’éditeur.

Marginalia

Revue trimestrielle consacrée à l’étude des littératures dites populaires, il s’agit d’un bulletin bibliographique dont Norbert Spehner est l’éditeur et, à ce jour, 30 numéros sont parus. Les 11 premiers sont consultables sur le site électronique de la revue avec leurs milliers de références bibliographiques et des dossiers spécifiques. C’est de l’excellent travail et une mine de renseignements. On peut recevoir gratuitement un exemplaire du bulletin si on en fait la demande et s’y abonner. Pour les européens, on peut régler en francs français ou en euros.

Solaris

Il y a eu beaucoup de mouvement pour la doyenne des revues francophone de SF et de Fantastique en quelques mois : retour de Champetier à la rédaction en chef remplaçant harmonieusement Hugues Morin, difficultés financières liées au retrait temporaires de certaines subventions et à la faillite de son distributeur principal, achat de la revue par les "Publications bénévoles des littératures de l’imaginaire du Québec" , auxquels participe la direction des éditions Alire, avec changement de son format, de son nombre de pages, une bien meilleure présence et distribution en librairies, agrandissement de la direction littéraire (formée de Champetier, Sernine et Élisabeth Vonarburg) et ajout du volet électronique. Tout cela semble bien. Mais je m’inquiète parfois un peu de la présente situation de "monopole de fait" d’Alire sur notre principale revue et de ses possibles dérives potentielles… J’espère bien toujurs me tromper ici, mais n'en ait parfois pas toujours la pleine et entière certitude... L’équipe a donc produit 11 numéros, dont le 128, un spécial à saveur internationale, véritable anthologie d’inédits, même en anglais. Le sommaire est superbe : le trop peu traduit Thomas Ligotti, Pat Murphy, Sylvie Denis, Richard Canal, Shariann Lewitt, (première traduction et superbe nouvelle sur l’identité sexuale et les préjugés en découlant) , Lisa Goldstein, Gwyneth Jones et Jean-Pierre Hubert, tous excellents et aussi une bonne entrevue avec Greg Egan, le 131 est un autre spécial, 25ième anniversaire, au nombre de pages imposant, le 132 est un Spécial Bande-Dessinée moyennement convaincant, mais nettement plus que ceux qui l’ont précédé il y a quelques années, l’expression dans ce domaine de la création s’y étant considérable amélioré. Remercions-en Marc Pageau, le directeur artistique, qui vient de la quitter la revue, poursuivant d’autres aventures. Le 133 voit le retour bienvenu des fictions, toutes de grande qualité, comme en réaction aux changements récents à la direction littéraire, à la sortie de Transes lucides et surtout au débat engagé sur le manque inquiétant de supports pour les nouvelliers de SF québécois depuis quelques années, avec le trop rare et excellent Claude-Michel Prévost, Sénécal (événement rarissime pour ce romancier) , Meynard, Sylvie Bérard et le Canadien John Park. Voilà une belle et bonne réponse. Avec le numéro se poursuit l’édition d’un nouveau supplément électronique (s. é. ) de la revue (sentiments mélangés ici : plus de lecture, de qualité souvent, mais un volet uniquement accessible aux internautes) . Pour les autres livraisons, on notera, en ne s’en tenant qu’au plus remarquable, "Rêves De Mère" , fort intéressante étude, autant subjective qu’analytique, par Bergeron, du dense et superbe cycle de Tyranaël d’Élisabeth Vonarburg, un 130 spécial X-Files, avec articles de Bergeron et Laurine Spehner et interventions ponctuelles de Francis Valéry, un entretien avec Harlan Ellison par Péan, lectures de Trudel et de longues et solides critiques de livres de revues par Champetier (s. é. ) . toutes les nouvelles de Gauthier (trois histoires de la véritable révélation des mois récents) , de Trudel (4 et une seule reprise), dont c’était l’année côté excellences des récits, des fictions de Champetier, Johanne Girard, Lamontagne, Natacha Beaulieu, de l’excellent romancier de Fantasy Adam Nichols, de John Park, Douglas Smith (deux dont une reprise) , une première nouvelle fantastique, fort bonne, de Norbert Spehner, fondateur et âme de la revue durant de nombreuses années, et qui sera à suivre, Claire Panier-Alix, Serena Gentilhomme, Claude Bolduc, Sernine, un superbe Meynard (reprise) et surtout "Aurélie sous les Étoiles" (reprise, en nomination aux Auroras) , ravissement surréaliste et neigeux, poétique catastrophe lente ainsi que "Via Appia" d’Élisabeth Vonarburg, là au meilleur de son art et sa maîtrise en distance courte. Pour les articles, Trudel fait preuve d’érudition avec le passionnant résultat actuel de ses recherches sur "La Science-Fiction Dans Les Pulps Québécois" , Élisabeth Vonarburg offre une vision personnelle sur deux livres d’Esther Rochon, puis de stimulantes et passionnantes analyses, vues pénétrantes sur des livres de Dantec et Bertrand Méheust ainsi qu’un article exemplaire sur la SF féministe de Suzie McKee Charnas, encore ignorée en France, le tout complété de papiers par Claude Bolduc sur Poe, Martin Hébert sur "l’ethno-fiction" (s. é. ) , "Clonez-moi ! " , article scientifique provocateur de Mathieu-Robert Sauvé, de Gwyneth Jones, Serge Lehmann, une vision du Troisième Millénaire par Norman Molhant et un excellent, très fin et perceptif regard d’Esther Rochon sur l’adaptation télévisée du Gormenghast de Merwin Peake (s. é. ) . et l’excellent "La Souveraineté nationale et l’identité individuelle dans la SFQ" par Amy Ransom, paru auparavant SF Studies (s. é. ) . Du côté des chroniques régulières, on remarque L’Anachorète Dilettante, toujours remarquable, de Bergeron, avec "Tous les anneaux sont ronds… " , passionnante étude sur les rapports et non-rapports entre l’œuvre de Tolkien et le Tétralogie des Nibelungen de Wagner par Bergeron, qui connaît admirablement les deux sujets, un déchiffrement magistral de la Crypto-SF de Neil Stephenson et la découverte de "Harry Potter et le secret des bouquins enchantés" (s. é. ) , celle d’André-François Ruaud (SF en France) , Les Littéranautes (SFQ) par tout le monde, la chronique cinéma de Morin et plein de longues et solides critiques de livres et de revues, surtout par Trudel, mais aussi Élisabeth Vonarburg, Champetier et votre serviteur. Solaris demeure indispensable pour qui s’intéresse aux Littératures de l’Imaginaire au Québec, mais aussi dans le reste du monde.


Éditeurs et autres adresses utiles :

La Courte Échelle, 5243, Boulevard St.-Laurent, Montréal, Québec, CANADA HOT 1S

Éditions Alire, C. P. 67, Succursale B, Québec, Québec, CANADA G1K 7A1
courriel : alire@alire.com site : www.alire.com
(Leurs ouvrages sont disponibles dans plus de 80 points de vente en France et la plupart des grandes FNAC)

Les Éditions de la Paix, 125, rue Lussier, Saint-Alphonse-de-Granby, Québec CANADA J0E 2A0 site : http://www.editpaix.qc.ca

Éditions Planète Rebelle site : www.PlaneteRebelle.qc.ca

Les Éditions Varia, C. P. 35040, CSP Fleury, Montréal, Québec, CANADA H2C 3K4
courriel : info@varia.com site : www.varia.com

Éditions Vents d’Ouest Inc. , 99, rue Montcalm, Hull, Québec, CANADA J8X 2L9

Indiana University Press, 601 N. Morton St. , Bloomington IN 47404

L’Instant Même, 865, avenue Moncton, Québec, Québec, Canada J8X 2L9

Médiaspaul, 3965, Boulevard Henri-Bourassa Est, Montréal, Québec, CANADA H1H 1L2 courriel : mediaspaul@mediaspaul.qc.ca site : www.mediaspaul.qc.ca
(Leurs titres sont parfois distribués dans certaines librairies de France) .

Nota Bene, 1230, boulevard René-Lévesque Ouest, Montréal, Québec, CANADA G1S 1W2

Pierre Tisseyre Éditeur, 5757, rue Cypihot, Saint-Laurent, Québec, CANADA H4S 1R3

Hugues Morin, Ashem Fictions, 1335, Rang 1, Roberval, Québec, CANADA G8H 2M9 ou 69, avenue Ruel, Montmorency, Québec, Canada G1C 2E2

Leméac Éditeur, 1124, rue Marie-Anne Est, Montréal, Québec, CANADA H2J 2B7

Tesseract Books, 214-21, 10405, Jasper Avenue, Edmonton, Alberta, CANADA T5J 3S2

Trait d’Union, site : www.pierreturgeon.net/traitdunion

XYZ Editeur, 1781, rue Saint-Hubert, Montréal, Québec, CANADA H2L 3Z1


Tous les titres mentionnés, sauf le livre en anglais d’Élisabeth Vonarburg et Tesseracts 8, qui le sont par les librairies anglophones en ligne, devraient être disponibles à la Librairie du Québec à Paris :

D. E. Q. (Distribution de l’Édition Québécoise) , 30, rue Guy-Lussac, 75005 Paris, FRANCE
courriel : liquebec@cybercable.fr

Adresses des revues :

Ailleurs : 743, Dalquier, Ste-Foy, Québec, CANADA G1V 3H7 courriel : plafrance@videotron.ca Prix : $8 (Canada) ou $10 (Europe) . Chèque et mandant à l’ordre de Pierre-Luc Lafrance.

Astronef, webzine de SF Québécoise, surtout orienté médias : site : http://AFM.infinit.net/


Communiqué/SF Canada : courriel : http://www.sfcanada.ca/w5.html site : http://www.sfcanada.ca/w5.html

Carfax - Pierre Djada Lacroix : site : http://www.geocities.com/carfaxfanzine/

Horrifique : site : http://horrifique.tripod.ca/

Solaris : Rédaction et abonnement, Joël Champetier, 91, Saint-Thomas, Proulxville, Québec, CANADA G0X 2B0 Tarifs : $6.00 le numéro. Abonnement en France : $27.00-150 FF (surface) ou $34.00-240 FF (avion) . Chèque ou mandat à l’ordre de Solaris
Adresse française: 43, Boulevard Charles-Floquet, 93600 Aulnay-sous-Bois, France
courriel : joelc@globetrotter.qc.ca site : http://www.revue-solaris.com/

Spirale : 1751, rue Richardson, Montréal, Québec, CANADA H3K 1G6

Le Trench : Les Projets Void, 320 Hickson, Saint Lambert, Québec, Canada J4R 2P1 courriel : trench@macapa.com site : www.macapa.com/trench Tarifs : 4 $ ou 20 FF le numéro. Abonnements de 3, 6 ou 12 mois à 12, 24, ou 48 $ (60, 120 ou 240 FF) , paiements par chèques européens acceptés.

Marginalia - Norbert Spehner : site : http://www.microtec.net/spehner/


Sites d’auteurs :

Claude Bolduc : http://cbolduc.tripod.ca/

Michèle Laframboise : http://www.michele-laframboise.com/

Yves Meynard : http://www.globetrotter.net/gt/usagers/ymeynard/HomeFra.htm

Éric Gauthier http://eric.gauthier.net/francais/

Élisabeth Vonarburg : http://www.sagamie.org/apes/vonarburg/
http://sf.emse.fr/AUTHORS/EVONARBURG/ev.html
http://www.sfwa.org/members/vonarburg/


René Beaulieu

(Article inédit, écrit en 2001 et très légèrement révisé depuis)
Ecrit par René Beaulieu, le Mercredi 17 Août 2005, 20:27 dans la rubrique Textes.