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Cet article fut écrit pour rendre hommage à l'éditeur, critique et écrivain Christian Martin dans le cadre d'un "imprévu" Numéro Spécial 47 "supplémentaire" (dirigé et coordonné par l'éditeur et écrivain Hugues Morin) de sa revue Temps-Tôt, destiné à lui rendre hommage, après qu'il eut décidé de malheureusement interrompre la publication de celle-ci après 9 ans et 46 numéros où il publia une foule de textes, nouvelles, articles, critiques et entrevues d'à peu près tous ceux qui comptent et écrivent (ou écrivaient alors) dans le domaine des littératures de l'Imaginaire au Québec (et parfois hors Québec, voire hors Canada) .

Son travail fut toujours de qualité, ses rapports avec les auteurs chaleureux et très amicaux et sa générosité proverbiale.

J'espère que, quelque part dans son coin de pays, il écrit encore, parfois...

Ou nous concocte quelque projet grandiose...

Il nous manque à tous.Tous ses amis et lecteurs le regrettent encore aujourd'hui et cet humble hommage a toujours sa place, je crois, car il le mérite pleinement.

Je vous invite donc à le lire.

René.



Temps-Tôt ou un Plaisir Perdu
 
Un petit hommage à Christian Martin

C'est avec empressement que je me joins ici à mes camarades pour rendre hommage à Christian et à son estimable et irremplaçable publication. Il y a pour cela plusieurs raisons.

J'appréciais beaucoup le magazine de Christian, le lisais pratiquement d'une couverture à l'autre dès son arrivée et y trouvais toujours quelque chose susceptible de me plaire et de m'intéresser. Disons-le bien fort, je ne vois pas qui, à l'heure actuelle, pourrait prétendre remplacer l'homme dans le travail méritoire qu'il faisait.
La lecture de Temps-Tôt me procurait des informations nombreuses (Christian avait un bon réseau de correspondants et d'échanges avec les autres revues et savait bien entretenir ses contacts) parfois difficilement accessibles (nouvelles parutions en Europe chez les petits éditeurs, évènements importants, vie du genre et de ses écrivains) même auprès des revues professionnelles, et surtout très utiles. Il était certainement le meilleur au Québec dans ce domaine.
Sa régularité de parution légendaire n'était parmi ses moindres qualités, ce qui, comme chacun le sait, contitue la base de la relation de confiance qui existe entre une revue et ses lecteurs.
Les critiques de livres étaient nombreuses et informatives, souvent généreuses et bienveillantes, les articles et entrevues généralement intéressants et plein de vie, la présentation matérielle sobre mais agréable et plaisante à l'oeil.
Cette revue m'a permis de lire les débuts de jeunes gens prometteurs (Claude Bolduc, Natasha Beaulieu et Hugues Morin, pour n'en nommer que quelques-uns) d'ici et d'ailleurs, tant en Fantastique qu'en SF, qui ont donc pu y publier, travailler leurs textes, recevoir conseils, avis de lecteurs et encouragements et ainsi s'améliorer, ce qui est un grand bien pour ces écrivains et notre littérature en général.
Une autre qualité de Christian c'est qu'il a bien su s'entourer après des débuts où il faisait tout pratiquement seul. Son implication et la somme de travail personnel exigés par chaque nouvelle parution ont toujours été considérables, et il s'y donnait sans compter, mais il a su trouver des gens compétents pour l'aider (qu'ils en soient remerciés ici... ), ce qui fait preuve de modestie et de réalisme.

Un autre charme de cette publication c'était le ton et la manière aimables et tranquilles de Christian. Ces qualités se retrouvent chez l'homme et je me permets ici de dire à quel point je les apprécie dans mes relations avec lui. En plus de faire preuve d'un professionnalisme sans faille que nous devrions être nombreux à lui envier, -Il répondait rapidement à son courrier, vous tenait au courant de ce qui se passait avec ce que vous lui faisiez parvenir comme matériel, et le publiait toujours dans les meilleurs délais, béni soit-il... - Christian est un des rares authentiques "gentlemen" que j'aie rencontrés dans ma vie -Je ne vois guère que Guy Sirois pour le concurrencer- et il ne se départit jamais de son calme, de son humour tranquille, de son respect des autres et d'une chaleureuse amabilité.
J'aimerais lui dire ici à quel point j'estime cela. Christian est et reste un "sacré bon gars" et il serait difficile de trouver quelqu'un qui aurait la moindre chose à lui reprocher, qui entretiendrait la moindre ombre de ressentiment à son égard.
C'est un exploit qui parle par lui-même dans un milieu comme le nôtre, rempli de fortes personnalités et sujet aux frictions, incompréhensions et problèmes de communications de toutes sortes. Et c'est reposant. C'est un camarade apprécié.

J'ai aussi une raison plus personnelle de remercier ici Christian. En effet, il a bien voulu me faire confiance, aimer ce que je lui présentais et publier mon livre, Les Voyageurs de la Nuit, à une époque où cela me tenait particulièrement à coeur de tenter l'expérience des petites maisons d'édition et où j'éprouvais un grand désir d'offrir à nouveau mes histoires aux lecteurs. Je ne saurais lui dire à quel point cette décision fut appréciée et bénéfique pour mon travail d'écrivain. Ces répercussions n'ont pas encore fini de se faire sentir sur moi et la fréquence de mes écrits.

Pour me résumer, c'est un bien faible euphémisme de dire que Temps-Tôt me manque, qu'il laisse un vide immense dans notre petit monde et que je ne vois pas comment on pourrait le combler dans le paysage de la SF et du Fantastique Québecois contemporain. (Sinon par un retour de son géniteur comme rédacteur en chef d'une revue. On peut espérer, exercer des pressions, recourir au chantage, que sais-je... )
Comme l'écrivait encore récemment Hugues dans Solaris, Christian nous a donné à lire près de 150 nouvelles (et certaines plus que fort bonnes) de 75 auteurs différents, ce qui n'est pas rien, on l'admettra sans peine. Alors Christian, merci sincèrement, pour toutes ces années plaisantes à lire ta revue.
Mais je regrette vraiment ta décision de prendre tes distances concenant tes activités éditoriales et l'interruption (Temporaire... ? ) de la parution de Temps-Tôt. (Je sais que nous n'avons perdu un rédacteur-en-chef que pour gagner un écrivain à plein temps mais, égoïstement, on me permettra quand même de le regretter un peu, et de préférer voir les deux personnages en activité au lieu d'un seul) . Mais tu es le meilleur juge de tout cela. A toi de voir. Comme je te l'ai déjà écrit si souvent par le passé, Christian, laisse-moi de te souhaiter le meilleur des succès dans tes diverses entreprises futures, espérer pouvoir te lire le plus souvent possible et te réitérer mon amitié et mes sentiment les meilleurs. Ecris bien et beaucoup et merci pour tout.

Ecrit par René Beaulieu, le Mercredi 27 Juillet 2005, 03:32 dans la rubrique Textes.