Un rêve utile et agréable

Présentation et remerciements


En juillet 1998, à l'occasion du Festival de Science-Fiction de Roberval organisé par M. Hugues Morin, nous avons rassemblé certains écrivains québécois de SF, Fantastique ou Fantasy pour discuter d’un sujet que nous jugions fort préoccupant : l'état de l'édition de la nouvelle et la rareté des supports professionnels ou semi-professionnels au Canada français. En effet si, par les années passées, un certain nombre de collectifs et d'anthologies consacrés aux littératures de l'Imaginaire paraissaient bien, de manière plus ou moins régulière, ce n'est plus le cas maintenant, l'édition professionnelle et commerciale d'ici s'étant presque entièrement détournée de cette voie, pour favoriser celle du roman. Des différentes séries d'anthologies réalisées au cours des vingt dernières années comme les Aurores Boréales, Espaces Imaginaires ou autresOrbites d'Approche, aucune d'entre elles, en effet, n'est plus en activité aujourd'hui, et les projets du genre ne se bousculent pas chez les éditeurs professionnels. De plus, la disparition de la revue Imagine... et l'arrêt du périodique Temps Tôt ne laissaient aux nouvellistes que la seule revue Solaris comme lieu de publication professionnelle chez nous. Reste qu'avecSolaris et sa dizaine de nouvelles publiées chaque année, il nous semblait que le récit bref faisait maintenant figure de « parent pauvre » dans nos littératures et que l'on était bien loin de pouvoir accueillir le meilleur de la production des auteurs de nos genres préférés.
Comme les gens présents à notre réunion partageaient nos préoccupations, un consensus se dégagea assez rapidement sur la nécessité de créer un nouvel espace de publication « professionnel » pour accueillir ces textes de nos auteurs. Nous avons alors présenté notre proposition d'un collectif. L’idée fut accueillie avec enthousiasme.
Nous avons donc lancé notre appel de textes, sans exclusives de genres ou de longueurs, et... les réponses et envois allèrent au-delà de nos premières espérances, tant par leur nombre que par leur qualité.Transes lucides en est le résultat concret.
En réexaminant l’objectif que nous nous nous étions fixé au départ, c'est-à-dire, essentiellement, de donner une possibilité de publier et de lire de bonnes nouvelles dans le domaine des littératures de l'Imaginaire, et en considérant les limites de nos fort modestes moyens, nous nous retrouvons assez satisfaits de ce nous sommes arrivés à accomplir. L'expérience, pour bien occupante qu'elle fût, nous a paru particulièrement enrichissante et aussi, semble-t-il, agréable et stimulante pour nos auteurs. C'est, du moins, ce que la grande majorité d'entre eux ont eu la bonté de nous laisser entendre et ce, plus d'une fois. Aussi voudrions-nous remercier ici tous ceux et celles qui nous ont fait confiance dans cette entreprise, de prime abord un rien périlleuse et incertaine, et qui nous ont envoyé leurs manuscrits, que ceux-ci aient été ou non retenus. Nous avons lu toutes leurs histoires avec intérêt et plaisir et nous nous désolons fort des déceptions que nous pourrions avoir causées. (Le travail le plus difficile et pénible de cette entreprise aura toujours été, à nos yeux et dans notre expérience, de refuser une nouvelle à un auteur.) Nous voudrions aussi remercier tout particulièrement les différents membres du collectif d'édition, nommément nos amis et collègues Alain Bergeron, Hugues Morin, Yves Meynard et Esther Rochon, sans l'appui bien concret et désintéressé desquels ce projet ne serait probablement resté qu'un beau rêve... Pour le reste, le destin et le résultat de ce rêve sont maintenant, dans tous les sens possibles, entre vos mains, chers lecteurs et lectrices...

René Beaulieu et Guy Sirois

(publié en guise de "péface" de l'anthologie Transes Lucides, 1999-2000)