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Le Magasin Des Désirs Du Coeur 1
--> Un Souvenir De L'APAQ
Voici quelque chose de particulier, et d'encore plus personnel également.

Il y a quelques années, l'amateur de Science-Fiction Benoît Girard fondait L'APAQ (L'Asociation de la Presse Amateure du Québec) , un organe d'échange et de publication sur le modèle de ceux existant déjà dans les milieux SF d'autres pays depuis des dizaines d'années, dont le but était de parler, de tous et de rien, de banalités ou de sujets d'importances, de soi,des autres et du monde et, éventuellement, de nos littératures, échangeant avec divers amis et autres personnes du milieu Sf, fantastique et Fantasy du Québec.

La chose a connu plusieurs mouvements, en ce qui concerne ses participants, et plusieurs incarnations.

J'ai longtemps retardé ma participation à la chose, essentiellement par manque de temps, puis j'y plongé, assez spectaculairement, avec une énorme première contribution, dont on lire ici un extrait (Certaines parties, concernant surtout les échanges entre les divers participants se devant de demeurer privées, comme toutes corresponces (presque) personelle, et certaines auteres ayant perdu de leur actualité et de leurs intérêts d'alors...

Reste un certain nombre de réflexions (voire de délires et de divagations, parfois)de textes, de penséesm de préoccupation, que les gens qui s'intéressent un tant soit peu à moi, et à mes textes, de fiction ou de non-fiction, trouveront peut-être utiles de et plaisants à parcourir.

Évidemment, mes idées et mes opininions ont parfois changées, avec les années, sur certains sujets, certaines personnes, certains évènements, et ce document est donc, et cela fortement, daté...

C'est une photographie,un instant,un moment dans le déroulement d'une vie, d'une pensée, d'émotions éprouvées, de réflexions exquissées ou complétées.

C'était appelé«à changer, évoluer, dans le mouvemebnt général de ma vie. et c'est bien ce qui arriva, parfois rapidemenbt ou de manière surprenante et plus qu'innatendu.

Alors, voici donc quand même la chose,avec ses défauts et ses qualités, ses maladresses et sa spontanéité, en version "allégée" .

Puissiez-vous y trouver... plein de morceux de prose intéressante, des occasions de rire, d'apprendre ou d'échanger...

C'était le but visé, à l'époque. Cela l'est encore plus aujourd'hui.

Bonne lecture.


Le Magasin des Désirs du Coeur
ou
Divers Fragments d'un Journal en Miettes-1

10 décembre

Et bien, ça y est! Me voilà enfin dans l'APAQ. Il était plus que temps.

En fait, cela fait bien des années que je me promets me joindre à vous.

Et ma grande crainte reste, bien sûr, de ne pas trouver le temps de faire et d'expédier ma contribution à temps. Je déteste les deadlines et n'arrive jamais à les respecter: la preuve cette livraison est déjà considérablement en retard... Mais...

Puis-je vraiment me passer de l'érudition de toutes vos contributions diverses?

Non, bien entendu.

Ce serait perdre une chance unique de communication. Donc, communiquons, communiquons... Et comme la communication est peut-être ce qui me tient le plus à coeur au monde (après les livres, la musique, l'amour et l'amitié sous toute ses formes, le sexe, la conversation et la compagnie des femmes) , donc, me passer encore de vous serait très certainement m'appauvrir, et je n'y tiens vraiment pas. Et puis, ça diminuera peut-être un peu mes effroyables factures de téléphone interurbain. Donc, vous voilà pris avec moi. Tant pis pour vous, c'est vous qui l'avez voulu. Enfin, la plupart d'entre vous...

Comme vous l'aurez peut-être déjà noté, la majorité des raisons que je présente ici pour participer à l'APAQ sont des raisons purement et simplement égoïstes. Cela vous donne un peu la mesure du personnage dont vous lisez présentement la (bien mauvaise) prose. Ceux qui me connaissent seront donc une fois de plus confirmés dans la piètre opinion qu'ils ont déjà de moi, ?mais qu'ils sachent bien que je les salue tous aimablement au passage? les rares quelques autres que je n'ai jamais rencontrés seront, je l'espère, édifiés. Du moins, ils le devraient.

(Comme je le craignais, je m'aperçois bien, en relisant les lignes qui précèdent, que je n'accouche pas en ce moment d'une prose immortelle -- un comble, pour quelqu'un qui a des prétentions d'écrivain -- et que mon irrépressible tendance au bavardage inutile prend comme toujours le dessus. Ces deux faits constituaient -- avec le manque chronique de temps, mais cette variable ne s'est guère modifiée, c'est plutôt le niveau d'énergie qui a augmenté -- les principales raisons qui me faisaient reculer le moment de passer à l'acte depuis tant d'années, qui m'empêchaient d'entrer dans l'APAQ comme j'avais pourtant promis de le faire à de multiples personnes depuis un temps qui ne se compte plus en mois mais bien en années. Mais je vais quand même essayer de ne pas trop vous ennuyer... ) .

D'abord, quelques explications concernant le titre prétentieux et pseudo-poétique qui coiffe cet amas d'inepties scripturales.

Ceux qui ont des lettres SF en auront déjà reconnu les origines mais voici, pour les autres, la génèse de ce titre. Comme je ne vole qu'aux meilleures sources, on reconnaîtra une partie du titre d'un texte de cet inimitable et extraordinaire écrivain qu'était Cordwainer Smith, -- après l'avoir emprunté, je l'avais ¨passé¨ à Benoît Simard -- Anyone remember Benoît? -- pour nommer sa chronique de livres dans Energie Pure, je le lui reprend donc -- titre qui se trouvait être à la fois satisfaisant esthétiquement et affectivement, en plus de correspondre parfaitement à l'orientation que j'entends donner à ces quelques pages qui tiendront pour des parts assez égales -- du moins, c'est le projet -- du journal (pages choisies et légèrement expurgées, quand même... ) , de la correspondance amicale, de la critique littéraire, de l'auto-analyse, de l'essai pédant et contestable, parfois de l'étalage d'une pseudo-érudition, des petites annonces, du bulletin d'informations personnelles, du papier d'opinion et du bavardage insipide mais surtout, surtout pas de l'essai en bonne et due forme, carré, structuré, avec notes et références, genre que j'ai longtemps profondément détesté.

En effet, je suis généralement contre le principe même de l'affirmation péremptoire ou non, contre l'idée d'essayer de prouver un point quelconque ?je préfère, de loin, la suggestion nuancée ou l'hypothèse incertaine, les plus diverses et modulées, si possible, Gide était un expert là-dedans, et il avait bien raison? et considère de plus en plus la recherche supposée "objective" , ?ou même l'absurde prétention à la pure objectivité tout court? que ce soit en arts, en littérature, en histoire ou même en science ?je parle ici des domaines que j'ai le plus assidûement fréquentés? au mieux comme un mythe fumeux, un mensonge, une vaste escroquerie, une illusion collective, peut-être nécessaire à l'acquisition de quelques parcelles de connaissance fragmentaire, mais toujours suspecte, de par sa méthode et sa démarche même, un étalage de subjectivité inconsciente ?essentiellement, se prouver et prouver aux autres ce dont on est déjà soi-même intimement convaincu au départ, même, et surtout, si on ne se l'avoue pas? bref, une tentative un peu vaine, risible et pathétique. Et je ne parlerai même pas du concept même de thèse, foncièrement vicié et malhonnête à la base. L'utilisation abusive d'une apparence de logique, festonné d'un choix partiel et tendancieux de faits, appliqué à des raisonnements biaisés servis par une réthorique de bois, toutes choses courramment pratiquées depuis Voltaire et Montaigne en passant par ces ineffables lumières que sont Marx et Sartre et tous les ¨philosophes¨ professionnels patentés de la terre, au fond, qui ne sont arrivés qu'à me convaincre que l'on peut prouver ou réfuter tout ce que l'on veut à coups de mots ou d'arguments soigneusement choisis, et donc partiels et partials, le tout étant le plus souvent dénué de l'étude attentive et d'une recherche profonde nécessaires à la discussion intelligente des sujets abordés.

En passant, je connais un nombre considérable d'universitaires instutionnalisés dont une lecture de la plupart des ouvrages ou une conversation personnelle un peu fouillée vous prouvent rapidement le manque de connaisances autres que superficielles dans les domaines qu'ils sont censés enseigner, ?Ce qui est surprenant, presque stupéfiant, c'est que de véritables esprits intègres et de qualité arrivent quand même parfois, mais, oh combien rarement, à se développer et à oeuvrer dans ces conditions... Je rends hommage à ces braves gens... ? qui m'ont profondément convaincus de la très relative utilité de leur fréquentation, de celle de l'université, et de l'inanité profonde de la démarche même à la base de leur carrière.

Ce qui ne m'empêchera certainement pas de tomber moi-même régulièrement dans les mêmes travers que ceux que je dénonce et, comme ici, par exemple, penseront bien certains, d'y aller de pseudo-essais, d'affirmations à l'emporte-pièce, de déclarations relevant probablement plus de la croyance irraisonnée que de l'analyse, mais je n'en suis pas à une contradiction près et je dois avouer que, dans mon propre système organisationnel, cela ne me dérange guère. D'ailleurs, autre contradiction fragrante, je me suis partiellement réconcilié avec l'essai depuis ces dernières annés -- Imaginez ce que c'était alors! -- et je lis infiniment plus d'ouvrages théoriques qu'auparavant -- en ce moment, environ cinq bouquins sur dix alors qu'avant c'était plutôt un sur dix ou quelque chose d'approchant. Mais cette fréquentation assidue n'a pas modifié radicalement mon approche et ma vision de la chose. J'ai toujours préféré la fiction -- en fait, cela me fascine -- ou l'information brute, les faits tels quels, -- autrement dit la connaissance, et aussi son accumulation, parfois un peu vaine, il faut bien le dire... -- sous toutes ses formes, la documentation en vrac plutôt que l'analyse ou l'aménagement de la matière. Le monde est un chaos et l'organisation structurelle, au mieux un hasard naturel, un exeption temporaire créé par l'Humain, parfois bien utile, il est vrai, tout à tour indifférent, malfaisant ou bienfaisant. Je préférerai toujours une subjectivité, argumentée mais bien affirmée comme telle, que je sois ou non d'accord avec elle, à toute cette hypocrisie improductive et guère en mesure de nous éclairer et de faire progresser la faible compréhension que nous avons de l'univers et des êtres sensibles, pensants ou non, qui le peuplent.

Et si des choses simples, des convictions de base, comme ¨do to others like you will like to be done to you" ou même ¨aimez-vous les uns les autres¨, ¨cultivez le détachement, surtout envers les choses matérielles -- ou encore "nous sommes tous immensément et impitoyablement seuls¨ pouvaient être profondément et intiment assimilées, ressenties et vraiment comprises par les plupart des gens, je suis profondément convaincu que nous irions dans la bonne direction et vers une amélioration générale. Je crois qu'une partie importante -- mais une partie seulement, pas la totalité, nous sommes bien d'accord? du travail, de la.. hum... mission de l'écrivain, surtout dans le genre littéraire, le domaine spécifique qui nous concerne particulièrement, -- du moins, c'est ce que je crois -- consiste avant tout en la conscientisation de soi et des gens et en la volonté d'en arriver à un état de promotion de la mouvance, du changement continuel, de la remise en question permanente, comme valeur intrèsèque, comme base de vie commune (à l'échelle de la société et même du... hum... disons couple, ou de tout autre ensemble de gens vivant ensemble et s'aimant ou le croyant sincèrement, à tout le moins) et personnelle.

Vaste programme, indeeed.

Mais c'est à tout le moins ainsi que je considère une partie de mon travail, comme je l'ai écrit plus haut, de mon implication dans l'écriture de SF. Le changement (de nature psychologique, scientifique et sociale) me semble à la base et au coeur même de notre littérature et son sujet principal -- l'oeuvre d'écrivains comme Sturgeon et Le Guin, en sont de brillants et efficaces exemples, et j'ai plus appris sur moi-même, les autres, la pensée, l'amour et la vie en général par leur lecture et la fréquentation de ces deux esprits (et de quelques autres aussi, quand même), par l'argumentation silencieuse avec eux à l'intérieur de moi-même, la discussion fructueuse avec eux, la découverte de leur monde interne que par la fréquentation littéraire de qui que ce soit d'autre? et je crois que, si on n'a pas cette préoccupation profondément ancrée en soi et qu'on exerce ses talents scripturaux en SF, on n'a peut-être pas vraiment saisi la nature profonde de cette littérature et son pontentiel, ainsi qu'une partie non négligable de ses buts profonds. Evidemment, on peut aussi n'en avoir rien à faire...

Chacun choisi son karma.

Et on est peut-être alors juste un autre amateur en mal d'égotisme ou de communication, ou encore un bon amuseur public, état, profession et activités toutes certes fort honorables, et même importantes en elles-mêmes, mais un peu, hum, limitées, et peut-être pas réellement importantes, en tous cas, certainement pas vitales.

Et je suis conscient que cette vision bien particulière est extrèmement biaisée et très colorée par ma psychologie personnelle ainsi que par ma propre situation sociale ?cette implacable bestiole pourtant si importante que l'on s'efforce de relativiser constamment dans la société québecoise, qui est déjà une aimable fiction bien amoureuse d'elle-même et du conscensus mou et indifférent qui la fait perdurer, quand ce n'est pas de la cacher, comme une maladie honteuse? bien loin de celle de la classe moyenne ou supérieure , de la petite bourgeoisie québecoise crée dans les années 1970 qui a profité durant cette époque et qui ne veut surtout pas parler de remises en questions de l'état actuel des choses ou même simplement de considérations sociales, en ce moment. La lutte des classes, admirablement bien occultée par chez nous, n'est malheureusement qu'un fait bien trop réel, et incontournable. C'est une donnée constante (et peut-être éternelle... ) de la condition de l'homme en société. Au-moins là-dessus, Marx avait profondément raison, c'est du côté des solutions proposées, pathétiquement innefficaces et irréalistes (dans le sens où elle ne tienne aucun compte des véritables, et parfois contradictoires, aspirations humaines... ) , et uniquement économiques, -- comme si l'être humain dans toute sa complexité, sa fluidité merveilleuse et parfois affolante ne se réduisait qu'à cela, qu'à cette unique dimension? qu'il se trompait, oh, combien, et lourdement.

Je suis bien plus convaincu que si l'on pouvait faire éprouver vraiment à quelqu'un le point de vue des autres, leur faire vraiment ressentir et comprendre dans leur chair, leurs nerfs et leur esprit à la plupart de ces gens à l'aise et à la conscience bien douillettement tranquille ce que c'est de crever de faim à Calcutta, de recevoir une balle dans le ventre en Croatie, de planter le riz nécessaire à sa survie, année après année, dans l'eau jusqu'aux genoux, dans une mare sale quelque part sur un plateau du Sud-Est Asiatique, d'être une vieille personne seule abandonnée dans une hospice croulant de Hull, une mère célibataire pauvre vivant dans un tandis de Québec, plutôt que de simplement le montrer aux gens, -- Ah, cette terrible, détestable et continuelle dictature de l'image, et sa (trop souvent, mais pas toujours, je l'admets... ) vacuité, son innefficacité, sa profonde impuissance à conscientiser, et surtout, à changer quoi que ce soit dans le monde et chez les gens! -- il y aurait plus d'espoir et de possibilités dans ce monde. Radical moi? Sure! More than you think.

Vous êtes donc loyalement prévenu.

Et quelle magnifique déclaration un brin obscurantiste, j'ai faite là!
Bah, je vivrai bien avec...

Fin du prêche. Promis. Momentanément.

11 décembre

Superbe neige flottante dehors. L'hiver comme je l'aime. Ah, bonheur! Et de nouveaux sujets pour continuer à délirer encore un peu plus.

Mais d'abord, un petit intermède fictif, pour vous récompenser de votre endurance. Vous l'avez bien mérité.

Vers 1980 ou encore 1981, j'ai commencé un roman, qui devait être le premier volume d'un dyptique de SF avec une légère coloration de Fantasy, un terrible et sombre récit de vengeance, l'histoire d'un jeune homme instruit, faible et inexpérimenté qui est bien manipulé, puis transformé en une sorte de tueur redoutable, de quelqu'un qui devient, sans trop s'en apercevoir vraiment, tout d'abord, ce qu'il ne désirait surtout pas devenir, puis de sa (presque) rédemption, avec la présence d'un quasi immortel, avec une grande et importante caste de prêtres puissants et prévoyants contrôlant plus ou moins une société fort exotique, très divisée, barbare et patriarcale, un peuple d'amazones libres féministes (C'était, bien entendu, avant que je ne lise Marion Zimmer Bradley... ) qui vivent sur une terre fertile et isolée au milieu d'un espace se trouvant au centre d'une sorte immense structure désolée de corail empoisonné battue par les vents, elle-même entourée d'un grand désert impitoyable, et avec encore plein d'autres choses, dont une faune et une flore étranges et souvent redoutables. Le tout écrit, dans un récit assez traditionnel parsemé de très nombreux flashes-backs (dans le premier livre, en tous cas) et mis en mots, du moins l'espérais-je à l'époque, avec beaucoup de prétention et d'ambition, dans le style fort riche et légèrement baroque ainsi qu'avec la manière inimitable d'un Jack Vance à son meilleur. Vaste et difficile ambition, qui vous révèle bien l'ampleur de mon incroyable inconscience à l'époque. Les deux romans devaient tout de même pouvoir se lire indépendamment, en dépit du fait qu'ils s'éclairaient l'un l'autre, avec quelques personnages et surtout un environnement, une planète, qui étaient les mêmes et permettaient ainsi la transition. J'ai travaillé un certain temps dessus, j'ai accumulé un certain nombre de pages. Mais je ne l'ai jamais trouvé suffisamment bon, tel que je l'ai écrit, pas tel que je l'ai conçu, et le résultat ne m'a jamais assez satisfait pour que je le mène à son véritable terme.

De temps à autre, je relis la chose, avec un profond sentiment de désolation, le plus souvent, et l'impression terrible et tenace d'avoir saboté une (possiblement) fort bonne histoire. Mais il serait peut-être possible d'en sauver quelques pages, en faisant preuve de beaucoup de travail, de patience et d'indulgeance. Et il n'est pas dit que je ne m'y remettrai pas un jour.

Voici donc, en primeur mondiale, -- mais je pense bien que Guy Sirois les a peut-être déjà parcourues -- les deux premières pages du premier roman. À vous de les lire et de les apprécier (ou non) à leur juste valeur. C'est une sorte de cadeau pour la saison.


CHAPÎTRE REMIER


Une Conversation de Nuit

Haine et désir de vengeance passent
Dans le coeur et l'âme
Comme le Brûlant dévaste le Désert Triste,
N'y laissant qu'amertume et désolation aride.

Le Livre de Clairière, Psaume 20

Le Désert Triste semblait infini sous la lumière laiteuse de la lune Oviane à son premier quartier. Une étendue plate, morne et grise. Le vent en arrachait des nuages de sable qui tournoyaient en spirales ascendantes, dont les grains polissaient les quelques rares éperons rocheux surnageant au-dessus du flot mouvant des dunes en produisant ce crissement d'insectes qui était l'incessante musique de désert. Comme elle était celle de l'érosion infatigable et de l'éternelle fuite des siècles.

Le vent gonflait aussi les pans de l'ample tunique de Chotem, s'insinuant dans ses larges manches, se glissant dans son col ouvert et déposant sur sa peau le baiser mordant du froid nocturne.

Le moine frissonna et reboutonna son vêtement.

Sa monture allait au pas, trébuchant, s'enfonçant jusqu'au jarret dans le sable coulant qui recouvrait ce qui aurait dû être une piste. Le cheval était fatigué mais son cavalier le forçait, par de continuels petits coups de talons, à avancer encore et toujours.

Chotem était ennuyé par le retard occasionné par la tempête. Un jour et une nuit serré contre le corps du cheval couché au sol, roulé en boule entre ses jambes, le souffle torride et desséché du Brûlant passant sur eux. Le visage enveloppé, il avait lutté contre l'axphixie, remuant de temps en temps pour éviter d'être enterré vivant. La colère du désert s'était graduellement calmée au cours de la nuit pour s'éteindre finalement aux premières lueurs de l'aube. Ils cheminaient depuis.

Une ombre haute et rébarbative se profila sur la droite, contre l'horizon uniformément plat et morne: le Vaisseau Immobile. L'étape était proche. Chotem considéra la mésa tout en la longeant. Le plateau sec et érodé s'allongeait sur près d'un kilomètre, large d'à-peu-près cent mètres au plus en son milieu. Son avant s'effilait, semblant fendre les vagues des dunes comme une étrave celles de la mer. Ses flancs étaient percés d'ouvertures, évoquant approximativement les hublots d'une formidable nef et quelques contructions à-demi en ruines couronnaient son sommet dans la lueur des étoiles, comme une rangée de crocs brisés qui auraient cherché à déchirer le ciel. Chotem tourna la tête et aperçut enfin l'oasis dans un creux entre deux dunes.

Ce n'était qu'un petit trou d'eau boueuse entouré de quelques arbres chétifs. Mais pour Chotem, comme pour quiconque ayant enduré une semaine d'un soleil impitoyable et senti le souffle âpre du Brûlant, son ombre valait celle des plus beaux jardins et la fraicheur de son eau rivalisait avec celle de la plus pure des sources. Les Larmes du Désert Triste étaient trop rares pour qu'on les méprise. Il fallait rendre hommage à une désolation aussi fière et austère et elle se chargeait bien elle-même de vous le rappeler. Ceux qui y vivaient disaient que si vous respectiez le Désert, il vous respectait aussi en retour et que, le temps venu, il vous procurait une mort paisible et honorable.

Un appel retentit dans la nuit.


Voilà, merci de votre attention.

Revenons à la réalité plus ordinaire.


(Note supplémentaire contemporaine: la suite conscerne des réponses aux correspondants de l'APAQ, dont les noms et les écrits, ainsi que remarques les plus personelles que je leur faisait, seront donc retirés de cette livraison du Magasin des Désirs du Coeur car il s'agissait ici de sujets, échages et matières privés (ou plutôt semi-privés) , que je n'ai pas nécessairement leur permission de rendre cela public (Et ne la leur ai d'ailleurs pas demanée celle-ci, puisque je n'ai pas intention de faire usage de leur prose ou dévoiler quoique ce soit de leurs propos... ) et que, de toute manière, ce sont mes mots, impressions et discussions que je rends ici accessibles, et donc pas les leurs. Je me contenterai de rapporter ici, en les modifiant un peu pour les besoins de la cause, de la compréhension et des circonstances, certains de mes propos, la plupart du temps sur des sujets bien généraux, si je crois qu'ils bien encore leur intérêt ici. Si quelqu'un ayant participé à l'APAQ de l'époque lisait cela et avait quelque ojection que ce soit à ce que certaines des phrases qui constituaient mes commentaires se retrouvent ici, sur ce blog, lisibles par tout le monde, qu'il me contacque directement, et je m'efforcerai alors de modifier les choses à la convenances de tous les parties en cause... Fin de l'intermède et de l'avertissement, mais ses précisions étaient nécessaires, je crois bien) .

L'Astrologie: désolé, mais je n'y crois absolument pas (l'aspect prédiction et destin tracé et prévisible, en tous cas) , sauf peut-être pour les ressemblances caractérielles (réelles ou imaginaires) parfois discernables, me semble-t-il, chez les gens de même signe. Est-ce qu'il pourrait y avoir des tendances, des "patterns" psychologiques communs chez ces gens? Je n'en sais rien et en doute fort. Il arrive juste que parfois je perçois (ou crois percevoir) des traits communs, des ressemblances, mais qui y a-t-il là-dedans qui relève de mon imagination ou de mon interprétation subjective et peut-être inexacte plutôt que de faits réels et vérifiables, je ne sais... Probablement beaucoup de choses. Quoiqu'il en soit, c'est parfois amusant et, pour ma part, ?mais on m'a négligé dans le décompte? comme on aurait pu le constater en consultant L'ASFFQ, je suis un Gémeau, m'y sens bien et à l'aise et dois confesser que je m'y reconnais parfaitement. En passant, un bon roman de SF que l'on devrait lire sur le sujet c'est Zodiacal de Piers Anthony, auteur inégal, capable du pire et du meilleur, et individu pas vraiment honorable, mais son livre en vaut la peine...


À propos de Fant-Asia, je dois avouer me sentir relativement détaché de tout cela... Déjà que je ne suis pas très cinéma par nature, alors... En fait, à part Les Histoires de Fantômes Chinois et certains films japonais de années cinquante et soixante, par exemple, le fort bon et très extraordinaire Kwaïdan de Kurosawa, pur chef-d'oeuvre d'après cet encore plus étonnant écrivain fantastique, Lafcadio Hearns, que je venais à peine de découvrir dans le temps (si cela intéresse, une bonne partie de son oeuvre est disponible en 10-18) et quelques diverses étrangetés chinoises et japonaises, je n'accroche pas. (Mais je me souviens d'un truc de SF assez hallucinant, vu il y a quelques années, tourné à Hong-Kong, mais pas du titre, désolé). Et pour les mangas, à une ou deux exceptions près, ils me laissent complètement froids. Evidemment, il y a bien Akira... mais je ne le visionnerais pas une deuxième fois, je crois bien, sorry. Pourtant les cinéastes du Soleil Levant peuvent faire des choses étonnantes... Voir les vidéos... Et ils ont quelques bons écrivains dans le genre et en dehors, Abe Kôbô, par exemple. À ce propos, j'aimerais bien voir La Femme de Sable un jour, mais comment trouver et visionner cela? Impossible ici, pour citer le titre d'un des rares romans de SF de Sinclair Lewis...

La SFFQ dans les médias? On voudrait bien mais, croyez-moi, les places "d'exposure" se vendent chèrement au Québec...

Mais il faut continuer d'essayer.

Aujourd'hui, ici et ailleurs, on ne vend pas uniquement un livre ou même un genre littéraire aux gens mais, avant tout, un nom, un visage, une "personnalité¨ ... Tout cela est bien malheureusement souvent sans réels rapports avec la qualité intrinsèque et proprement littéraire du livre. La loi dans le genre semble être: Parlez beaucoup et encore de moi, en bien ou en mal, qu'importe, mais parlez de moi! Quelques écrivains, surtout parmi ceux venant du monde de la scène et du spectacle (Anne Dandurand, Claire Dé, Anne Legault, Marie Laberge, Stanley Péan) ou des arts visuels l'ont bien compris et se servent sciemment du système à leurs propres fins. Et ils font bien, je les approuve, même si je ne sais pas si je pourrais en faire autant... (Pour la radio, je me débrouille, mais pour les médias visuels, c'est autre chose... ) . Mais nous avons toujours manqué de "personnalités flamboyantes et très commercialisables" , de gens capables de jouer ce genre particulier de jeux, de faire du public relations. De toutes façons, tout débat sur ce sujet, en ce moment précis, est surtout théorique. Mes idées sont que, tout de même, notre potentiel réel est nettement sous employé. Chers amis, lancez-vous donc, vous avez ma bénédiction.

Pour ce qui est de ta liste des sujets qui vous intéressent (je suis une sorte de closet amateur de liste, par goût, profession et, euh, perversion, disons... ) , je constate avec une certaine jubilation que nous avons au moins sept points d'intérêts communs (devinez lesquels... ) sans forcer (mais je m'intéresse à tant de choses... en fait, à beaucoup trop pour une seule vie... ) , qu'il y a donc de l'espoir pour nous et que nous aurons amplement encore de quoi discuter durant longtemps.

Les Beatles, ah, bon sang, voilà bien le premier fandom (peut-être le seul vrai... ) auquel j'ai jamais appartenu (en fait, je m'intéressais à tout le rock anglais des années soixante et quelques... ) , bien avant celui des amateurs de SF! ?Je ne crois même pas avoir jamais été un véritable fan de SF ou de Fantastique, juste un amateur, passionné et enthousiaste... et cela même si j'en lisais déjà beaucoup à l'époque, mais je n'avais pratiquement aucun contact avec des gens aussi intéressés que moi par ce domaine. Tout cela remonte à 1969, si je me rappelle bien. Et ne me rajeunit pas vraiment.

J'étais bien alors un vrai fan, inscrit dans les clubs officiels, et tout. J'écrivais à d'autres fans, anglais et américains, recevaient leur fanzine ?c'était une véritable Internationale et une belle petite industrie parallèle, très rentable. J'avais tous les disques officiels, et les pirates, je lisais tous les livres, tous les articles, j'aurais pu collectionner aussi les films sur la bande de Liverpool et le courant de la musique britannique en général et en particulier. Et j'ai véritablement commencé à apprendre l'anglais ?autrement qu'à l'école, je veux dire, où j'étais déjà relativement bon en langues? en déchiffrant péniblement les paroles des chansons et le contenu des articles de magazines de rock concernant tous ces gens.

C'était une passion passablement délirante, mais cela s'est beaucoup calmé depuis.

J'ai vendu une partie de mes pièces les plus rares: le double album rock and roll live (Son abominable, mais quelle énergie! ) enregistré à Hambourg, par exemple, mais j'ai gardé beaucoup de disques et une sacré documentation et j'aime encore beaucoup toute cette musique. Je ne connais guère que Denis Côté qui puisse approcher quelque peu mes fort vastes connaissances sur le sujet des Beatles proprement dit, mais Alain Bergeron m'a l'air passablement bien ferré lui-aussi. Il faudrait voir.

Et je conseille à tout amateur de cette époque épique, en fait, à toute personne un tant soi peu intéressée par le rock authentique de ces années, de voir Back Beat qui est un film formidable, et qui rend bien l'atmosphère de l'époque, en fait, de celle tout juste avant, mais c'est presque la même chose. Enjoy yourself once again, kids!

Pour le reste, Love and Rockets ont fait de bonnes pièces mais je préférais l'époque de Bahaus, je crois bien. Le premier disque de PIL est génial, mais ce qui a suivi pas trop fort, à mon avis, et je suis content de savoir que quelqu'un d'autre écoute parfois Sisters of Mercy.

Et après, je suis un peu largué.

Pour ne pas dire complètement.

J'ai un peu (involontairement) décroché ces derniers années. Je manque d'argent, mon système de son a littéralement sauté il y a quelques années et je n'ai pas encore pu le remplacer. Mais il me reste mon tape-deck, quand même! Et j'écoute encore des choses bien précises. C'est vrai aussi qu'à certains moments j'ai l'impression d'être devenu une sorte de vieil imbécile avec les années et de ne parfois vraiment plus rien comprendre aux dernières tendances musicales.

C'est la rançon de l'âge, je suppose. Du temps qui passe, et de tout le reste.

Quand on pense que je suis quelqu'un qui délire en ce moment sur Shania Twain et dont la chanson préférée toutes catégories est No One Needs to Known, cela en dit beaucoup sur le genre d'individu que je suis devenu. C'est quand même le morceau par excellence du bonheur tranquille et un parfait anti-dépresseur d'une efficacité totale, crois-moi. Et puis, quelle femme! Enfin... On passe à autre chose.

Je suis visiblement tout à fait incompétent ?et surtout, absolument pas concerné, j'en ai bien peur? en ce qui concerne le présent grand engouement frénétiquement (et donc peut-être un peu suspectement) bien unanime sur X-Files pour lequel mon propre intérêt est très moyen (tout cela a déjà été fait, et bien mieux, bien avant... ) , et mon plaisir de visionnement extrèmement variable. Mon incompréhension est totale concernant ce véritable phénomène. Je suppose que personne, pas même moi, n'est parfait... En fait, j'en suis maintenant à diverses hypothèses hautement sociologiques pour essayer de trouver une explication un tant soit peu rationnelle à tout ce délire. Peut-être s'agit-il d'une drogue particulière et est-ce l'habitude, le vision régulière de la série, qui crée cet étrange effet chez le sujet. On a beaucoup parlé d'une sorte de synergie, chaque épisode ne prenant vraiment son sens et sa pleine valeur que par rapport aux autres, dans le contexte précis des autres. C'est possible... Mais je doute, je doute. Je suis un grand douteur. Les "détectives de l'Impossible" , vous savez, ce n'est vraiment pas très nouveau nouveau. Je pourrais bien citer des dizaines d'exemples littéraires... Dernière hypothèse. J'ai quelque part un début de roman style Fleuve Noir qui est un parfait exemple de la série, commencé en 1979, avec trois "enquêteurs de l'impossible" , deux gars et une fille, des phénomènes paranormaux (fantômes, créatures extradimentionnelles ou encore extraterrestres, tueur surnaturel, télépathie et télékinésie) et parapsychiques divers en pagaille, quelques très forts meurtres bien sanglants et (apparamment) bien inexplicables, du mystère, de l'amour bien émouvant, de l'action aussi et de l'aventure en masse, bref, si l'on veut bien, un potiron dans un poirier, mais il n'était pas assez bon (en fait, je ne le trouvais pas assez bon... ) et je ne l'ai, de ce fait, jamais vraiment terminé. Cela s'appelait, il me semble, Le Mystère de Darkborough et faisait partie d'une éventuelle série qui se serait intitulée quelque chose comme Les Chasseurs d'Ombre. Guy Sirois peut témoigner, il en a vu quelques pages. Alors, peut-être que tout cela n'est de ma part que de la basse jalousie, pourquoi pas? Vos hypothèses valent les miennes...

Des propos sexuels crus dans La Mémoire du Lac, le roman de Joêl Champetier... ? Bon sang, ça ne leur prend pas grand-chose pour s'énerver, aux petits jeunes (ou plutôt à leurs professeurs) . Je ne vous dirai qu'une chose, jeunes gens: n'acceptez pas la censure, sous aucune espèce de forme, osez, écrivez ce que vous voulez, ce qu'il vous faut écrire pour que votre fiction soit belle et bonne, bref, tout ce que votre texte demande. Voilà une des raisons pour lesquelles je n'arrive vraiment pas à écrire pour les jeunes (ou plutôt à écrire ce que l'on considère habituellement ici comme des livres pour les jeunes... ) et n'arriverai probablement jamais à le faire. Je suis pas prêt à faire de telles concessions. Même pour l'argent. Si je trouve un jour une histoire vraiment intéressante à raconter, avec des adolescents comme uniques personnages principaux, et sans trop de sexe, de violence ou sans sujet controversé, on verra... Mais la vie elle-même est toute pleine de sexe, de violence et sujet à controverse. Enfin... Et merci pour la photographie de Nastassia Kinsky. "A Thing of beauty is a joy forever" , comme disait Coleridge. Et je m'excuse du "thing" employé en rapport à une dame, mais c'était pour la beauté de la citation. Il me semble qu'elle était encore passablement jeune à l'époque. C'est une meilleure actrice que l'on ne le pense généralement. Dans Paris Texas par exemple, elle est à la fois extrèmement belle et bonne, crédible et émouvante. Et Tess et Cat People, c'était quelque chose.

J'aimerais quand même vous voir, vous les petits jeunes, faire un peu plus de SF et délaisser légèrement le fantastique bien sanglant ou de premier degré, d'abord parcequ'il y a là plus de possibilités, pour certains et certaines,à mon avis, en tant qu'écrivains et qu'écrivaines, me semble-t-il, -- et non pas parceque je n'aimerais pas le Fantastique, accusation bateau que vous, les petits jeunes, nous sortez un peu trop souvent pour qu'elle ne commence pas à devenir un peu suspecte et, de toutes manières, je suis, depuis quelques années déjà, un des rares défenseurs du bon Fantastique, moderne et atmosphèrique au Québec -- ensuite, parceque les plupart des thèmes du genre lui-même sont souvent tellement usés ou canoniques qu'ils ont tendance à produire un désagréable bruit de fond de ferraille rouillée, comme les casseroles que l'on attache parfois derrière les autos des nouveaux mariés, qui a tendance à recouvrir même les plus belles musiques littéraires. Faire du très bon Fantastique avec des thèmes traditionnels est difficile, et faire du Fantastique réellement innovateur, encore plus.

Avec tout ça, il est fort tard et je ne tiens plus debout. La Suite au Prochain Rocher, comme l'écrivait déjà Lafferty.

14 décembre

C'est incroyable! Et moi qui avait peur de ne pas pouvoir faire suffisamment de pages pour atteindre mon minimum pour L'APAQ! J'avais commencé à double interligne et me voilà obligé de remettre le tout à simple interligne. Le placotage, c'est décidément mon fort...

Je viens de voir le dernier Star Trek, First Contact, et finalement... j'ai été très agréablement surpris, pour une fois! C'est un bon film, plaisant et assez bien fait, très supérieur à la plupart des épisodes que j'ai vus de la série. Et cela ne m'a pas coûté cher. (Je ne vais jamais voir un film à plus de trois dollars, aucun film, même les meilleurs ne valent plus de trois dollars, à mon avis) . Toujours est-il que c'est un flick fort intéressant visuellement, que la caméra est particulièrement habile, le montage et la photographie soignés, et que la plupart des acteurs ont enfin abandonné leurs habituelles imitations de statues en bois parlantes et arrivent presque à jouer correctement tout du long. Ils ont eu de l'argent, cela paraît, et ils l'ont, surprise, passablement bien utilisé. Le scénario est évidemment très prévisible, surtout pour l'identité des extraterrestres avec lesquels s'effectuera le premier contact. Il présente aussi des faiblesses et quelques "morceaux obligés" , pour que chacun ait son petit moment, des incohérences, des moments sensément humoristiques qui ne le sont pas vraiment, et il fait preuve de beaucoup trop de bons sentiments et d'optimisme, mais il y a assurément de très fortes images, très impressionnantes, beaucoup d'action (Enfin! ) et l'on ne s'ennuie jamais, ce qui, aujourd'hui, pour le cinéma américain de grande consommation, est déjà une performance. À certain moments, on a presque l'impression de se retrouver dans un très solide épisode de la vieille série des Bersekers de Fred Saberhagen, et c'est un compliment. Rien de nouveau sous le soleil d'Hollywood, mais c'est bien fait. Bref, on y trouve assurément son plaisir, même si je n'irai certainement jamais le revisionner... À ce propos, c'est très étonnant de voir combien de bons films on peut espérer voir dans les quelques prochains mois: il y a bien entendu déjà Les Sorcières de Salem d'après Miller avec la très extraordinaire Winnona Rider, la meilleure actrice de sa génération, le Capitaine Conan de Tavernier, un homme de talent qui ne déçoit presque jamais --les préviews sont tout à fait formidables-- et également Le Roi des Aulnes de Tournier avec Malkovich, lui-aussi toute une pointure, et puis, si cela marche assez fort, on verra peut-être le Terminator 3 expérimental de Cameron - -dont on parle beaucoup, en bien? distribué dans les salles régulières. Il y a donc enfin de l'espoir pour le septième art, après toutes ces dernières années relativement pauvres. Et il y a même de la bonne télévision, cette saison, ou encore c'est moi qui change et mon célèbre sens critique qui se ramollit avec l'âge avancé...

Pour poursuivre, concernt X-Files... Il y a peu, Scully était en visite à Beauport, et donc pratiquement chez moi. Tant pis pour les millions de visionneurs de la série là, ils n'auront jamais vraiment jamais le fin mot de l'histoire, car moi je sais tout, bien entendu. Bien sûr qu'il y a un grand complot -- Il y a en a toujours un! -- et je vais d'ailleurs tout vous révéler, là, tout de suite... Avec les noms, les dates, les faits exacts...

Un instant, on sonne à la porte...

Bon, me revoilà. De quoi parlions-nous donc? Je ne m'en souviens plus. Du placotage sans importance, probablement... ah oui, vos diverses aventures passablement ubusques avec la douane américaine sont passionnantes et surtout bien racontées --Une véritable odyssée! Et quelle minutie dans l'ironie, quel gracieux sens de l'ellipse, quel habile suspense! -- mais je ne crois pas que l'absurdité et la médiocrité soient particulièrement l'apanage de nos voisins du Sud. J'ai eu assez affaire à divers fonctionnaires, du fédéral ou du provincial, dans ma vie et j'ai bien suffisamment travaillé pour des agences (gouvernementales ou non) pour être en mesure de vous remplir des cahiers entiers débordants de kafkaferies diverses proférées, accomplies ou provoquées par des fonctionnaires des deux paliers de gouvernement (sans oublier mes séjours dans la fonction publique municipale) ou par la nature et l'organisation mêmes des institutions pour lesquelles ils travaillent (ou sont censés travailler... ) . (Mes excuses, en passant, pour ceux qui me lisent et se dévouent encore corps et âme pour l'un de nos deux plus importants employeurs nationaux, et qui demeurent des gens fort honorables malgré cela... De toutes manières, j'ai moi même été une sorte de fonctionnaire assez longtemps, même si c'était uniquement par contrat, et très indirectement, alors... ) Et bien évidemment qu'il nous faut toujours mentir aux agents du gouvernement, pauvres naïfs, comment croyez-vos que le système pourrait ne serait-ce que faire semblant de fonctionner (même si peu... ) autrement? Je continue. Le film Twister peut à la rigueur s'écouter, si on a rien d'autre à faire. Et si on n'est pas obligé de payer trop cher pour. Il y a de bons effets spéciaux et une chanson formidable, que l'on entend presque pas. On apprend une ou deux choses sur la météo et l'agitation de l'air. Et l'actrice principale est presque compétente. Elle fait quelque chose avec rien... C'est à peu près tout. Chrichton (ou encore sa femme... ) ne s'est vraiment pas forcé pour celui-là... On verra bien pour la suite de Jurassic Park...

Pour ce qui est de l'envahissement de l'animation par ordinateur dans le cinéma, phénomène important et, quelque part, formidable s'il en est, et dans tous les sens possibles du mot, c'est entendu, y compris les négatifs, eh bien... Nous continuons tout simplement de nous enfoncer à la vitesse d'un express dans le tunnel d'un monde d'images trafiquées, de choses fausses et de simulacres très élaborés, de plus en plus Dickien, et tout cela est très normal et prévisible, si parfois passionnant-inquiétant. Quant à la Marylyn numérique, c'est déjà fait depuis longtemps, sorry. La réalité présente se propulse constamment dans le futur, à grands pas furtifs. Tout cela, cette utilisation abusive et surtout mercantile de l'image de gens qui ne peuvent plus protester ou en profiter a bien entendu quelque chose de vaguement malsain et obscène, à mon avis, mais on peut en discuter. Il y a d'ailleurs eu quelques bonnes nouvelles de SF écrites sur le sujet (l'interface réalité-animation par ordinateur dans le cinéma, voir la vie ordinaire des gens, dans l'avenir) ces dernières années, par des plusieurs auteurs comme Connie Willis et d'autres. Jettez donc un coup d'oeil là-dessus, de temps à autres, c'est parfois assez hallucinant, et vous aurez une petite idée des possibilités de la chose pour le futur.

Un note sur le compliment, sujet qui fut abordé par certains dans honorable publicaton à laquelle nous participons tous présentement. Je n'en ai jamais été avare, quand ils sont sincères, et intelligents, et je les apprécie quand j'en reçois des autres, et qu'ils sont de même nature. Dire de bonnes choses, des choses flatteuses aux gens, surtout à ceux qu'on aime, n'est certainement pas un crime, loin de là, -- c'est même plutôt utile, s'il n'y a pas complaisance ou disparition du simple bon sens, d'une distance raisonnable et d'un sain sens critique -- et si des gens ne savent pas comment les prendre ou s'en embarrassent, eh bien, c'est dommage fort pour eux, et ceux qui les leur font. Evidemment, il y a tout un art, fort subtil ou encore discret, du compliment habile, opportun et bien tourné... Mais je ne suis pas un expert, loin de là.

Les textes perdus dans le cyberspace. Cela ne m'est vraiment arrivé qu'une seule fois (Heureusement! ) pour la fiction, deux pages de premier jet, alors que je travaillais à la nouvelle Les Voyageurs de la Nuit chez Guy Sirois. Sur le coup, ça a été le drame et j'ai failli en faire une dépression -- moi qui ne jette jamais rien de ma fiction et considère -- avec raison jusqu'ici, il me semble -- habituellement que tout ce qui arrive à se frayer un chemin sur l'écran, après avoir été parfois considérablement et surtout convenablement retravaillé, peut servir ou être sauvé -- mais je suis quand même arrivé à reconstituer presque entièrement la chose, mon (habituellement et surtout pour la chose écrite) très excellente mémoire aidant. Je sers d'ailleurs parfois de mémoire -- quand ce n'est pas de conscience, hum... -- à certaines personnes du milieu de manière assez régulière. Alors, cela c'est plutôt bien terminé pour moi.

Ma petite liste des meilleures adaptations d'après les oeuvres de King, telle que demandée,dans aucun ordre particulier, et sans qu'il y ait toujours un parfait respect de l'oeuvre littéraire (même si généralement, je préfère) , bref, des vrais bons films basés sur l'oeuvre du maître de Bangor:

-- Carrie

-- Shining (Mais cela dépend des bouts concernés, et des jours de la semaine... )

-- The Dead Zone

-- The Shawshank Redemption (Génial tout du long! )

-- It (Les trois-quarts du télé-film)

-- Misery

-- Stand by Me

-- Those Who Come Back

-- The Stand (La moitié, environ)

Et un ou deux autres courts métrages dont je ne me rappelle plus exactement les titres.

Tout cela confirme deux de mes opinions préférées: King devrait, pour son bien artistique, sinon financier, écrire des choses bien plus courtes plutôt que d'interminables (et parfois bien ennuyantes) énormes briques et la novella ou le court roman représente la longueur de texte la plus facilement adaptable au cinéma, celle qui présente le plus de chances de réussite, bien supérieure à la plupart des romans, en tous cas. Dommage qu'ils aient manqué The Langoliers qui, jusqu'aux vingt dernières pages, est brillante. Je rêve de ce que l'on pourrait faire avec, disons The Mist par exemple, ou bien les premières nouvelles de The Dark Tower, toutes choses qui sont peut-être ce que King a écrit de meilleur.

Et je vous jure que je continue à chercher désespérément mon unique numéro de Castle Rock disparu il y a plus de quatre ans dans mon dernier déménagement! Cette histoire n'a pas de sens. D'habitude, je perds jamais rien!

(Petite note contemporaine ici. j'ai,tr`s effectivement, réussi à le retrouver un beau jour, et à en envoyer une photocopie à qui m'en réclamait une... )

Jean Ray: Tout de même, il était bien temps que vous le lisiez! Je crois qu'un des problèmes, pour les petits jeunes qui commencent à le faire, c'est que le principal intérêt de cet écrivain est dans sa manière même, dans son écriture savoureuse, -- dans la pâte des mots, les tournures de phrases, anciennes et terriblement contournées et contourvées -- profondément sensuelle (dans le sens général justement, c'est-à-dire, qui fait appel à et fait participer tous les sens) et par le profond sens du jeu suprêmement habile avec le fantastique que l'on y trouve souvent. Le père De Kremer connaîssait parfaitement son fantastique et ses thèmes, il jouait constamment et considérablement avec, même si je vous accorde bien volontiers que les-dits thèmes étaient souvent traditionnels, sauf peut-être pour ce qui est de son utilisation, fort innovatrice pour l'époque, des créatures extradimentionnelles, du contact avec les mondes parallèles et de toutes ces sortes de choses. Ses meilleures nouvelles sont extraordinaires et Malpertuis est totalement génial. Même son adaptation au cinéma -- performance pratiquement impossible -- était fort bonne. Je ne me suis jamais ennuyé en lisant cet auteur, même pour des textes un peu plus mineurs. Et pourtant, je ne l'ai vraiment lu, en quantité suffisante pour me faire une certaine idée de sa valeur, que relativement récemment (il y a environ quatre ou cinq ans) et après beaucoup d'autres textes Fantastiques.
Cet auteur est trop important dans la constitution de tout le Fantastique belge et même européen de ces dernières années pour être cavalièrement tassé dans un coin. On le lira encore longtemps, croyez-moi.

Et pour reprendre une analogie faites par vous avec Asimov, homme honorable et esprit universel pour qui j'ai un grand respect même si l'écrivain m'impressionne baucoup moins qu'à vingt ans, je ne crois pas que, à part pour quelques nouvelles, les premiers Fondation, The End of Eternity et The Gods Themselves et un certain nombre d'autres choses, il ait produit beaucoup d'oeuvres majeures, dans le domaine de la fiction, à tout le moins, ce qui ne diminue en rien son importance et son influence considérables dans la SF américaine et mondiale, au contraire, même si cela semble furieusement paradoxal et légèrement contradictoire. C'est comme pour Jules Verne: il savait raconter une histoire, on s'amusait en le lisant et on apprenait un tas de choses, son écriture était à la fois transparente et fort efficace -- pour ce qui est de nous faire tourner les pages, je veux dire. Mais contrairement à Verne, c'était un véritable érudit et un authentique homme de gauche, un vrai progressiste, désolé Alain. Dans "la presque querelle" Wells-Verne, je suis résolument Wellsien. Même s'il s'est parfois spectaculairement trompé dans son analyse du monde dans lequel il vivait, l'anglais était un citoyen de la planète (pas un provincial nationaliste comme Verne) profondément engagé et impliqué dans la vie et dans son siècle. Il a visé juste plus souvent qu'autrement et il était un véritable écrivain, doublé d'un visionnaire, pas juste un habile vulgarisateur scientifique (profession utile et fort honorable, ne me faites pas écrire ce que je n'ai pas écrit... ) ou un simple voyageur de l'extraordinaire (uniquement en chambre, et par l'esprit, comme la plupart d'entre nous) comme Verne, donc un auteur dont l'influence sur le genre et son développement est, quant à moi, infiniment plus cruciale, marquante, fondamentale et importante que celle de l'autre.

Bon sang, déjà rendu à plus de douze pages! Et dire que je voulais faire court! Enfin...

La difficulté de trouver du bon Fantastique contemporain ou moderne...

Il y en a plein, croyez-moi, j'en trouve plus que jamais, beaucoup plus qu'il y a quelques années, en fait. Le problème, je crois, est qu'il faut le chercher avant tout dans la nouvelle plutôt que dans le roman, souvent trop commercial, assez traditionnel et de qualité fort inégale. On en trouve toujours en abondance dans F and SF, la série des Best Of de Datlow et Wilding, les vraiment bonnes anthologies et même dans les Territoires de l'Inquiétude de Dorémieux, et juste en s'en tenant aux anglo-saxons, sans même penser aux européens ou encore aux sud-américains. Des noms? Steve Rasnic Tem, Lisa Tuttle, C. L. Grant, J. Michael-Reeves, C. De Lint, Pat Cadigan, Steve Gallagher, Jonathan Carroll, M. J. Costello, T. M. Wright, Lucius Shepard, A. Brennert, R. C. Matheson, D. Simmons, Chet Williamson, Thomas Ligotti, Jack Cady, Karen Joy Fowler, Nina Kirikki Hoffman, Lewis Shiner, Joyce Caroll Oates. Et pour les anciens toujours aussi bons et fidèles au poste, il y a Richard Matheson Père, Peter Straub, Ramsay Campbell. Sans bien entendu compter les transferts de la SF qui ne font pratiquement plus que du Fantastique: Edward Bryant, Harlan Ellison, Ray Bradbury, Tanith Lee. Et aussi tous ceux qui s'y essaient, presque toujours avec bonheur, et de plus en plus régulièrement: Michael Bishop, Gene Wolfe, Kate Wilhelm, Robert Silverberg, Thomas Disch, B. Stableford, C. Willis ou Orson Scott Card. Et Delany, Lisa Goldstein, Patricia Geary et John Crowley font avant tout maintenant de la Fantasy, pour ceux qui publient encore, ou encore, plus précisément, de la Dark Fantasy. (En passant, vous noterez bien, avec intérêt, du moins je l'espère, l'importante proportion de ces auteurs qui sont des femmes, une proportion de plus en plus importante, je crois bien... Evidemment, Le Guin est une exception spertaculaire, mais pas symptomatique ou vraiment significative, je crois.) Cela donne, je pense, matière à quelques réflexions sur le virage vers le Fantastique qui s'effectue peut-être, lentement mais irrésistiblement...

Le phénomène n'est d'ailleurs pas uniquement anglophone: en Europe francophone, les meilleures auteures, comme Joëlle Wintrebert et Wildy Petoud publient surtout du Fantastique, ces dernières années (Autre petite note relativiste et plus contemporaine: Ce n'est plus vrai maintenant, pour Joëlle, revenue spectaculairement, et formidablement -- Un excellent roman, Pollen, et de très bonnes nouvelles récentes -- dans la SF (qu'elle n'avait jamais vraiment délaissé, de toutes mani`res, dans le roman historique et la littérature "mainstream" (voir son prochain roman, sortant bientôt chez Laffont) mais wildy, elle, ne se retrouve plus assez souvent dans les sommaires ou sur les rayons des librairies. C'est notre perte à tous ici, ses lecteurs... ) , dans le domaine de la nouvelle, en tous les cas, et il y a encore Anne Dugüel et Katherine Quenot, - -mais beaucoup d'hommes aussi slaloment également vers le Fantastique, comme Andrevon, Walther, Brussolo, Pelot, et le retour de Dorémieux est symptomatique -- qui sont intéressantes et, au Québec, notre Natacha, Annick Perrot-Bishop, Anne Dandurand, Claire Dé et Marie José Thériault ne le sont pas moins. Et Esther Rochon, pour laquelle le terme de Dark Fantasy, justement, me semble, pour ce qu'elle fait en ce moment, la seule dénomination pratique à peu près applicable et pas (trop) réductrice pour la diversité et la richesse de son oeuvre, tellement inclassable et multiple. (On peut évidemment argumenter qu'elle exerce ses talents dans son propre genre, crée pour ses propres besoins, comme c'est le cas pour certains d'entre nous, un genre qui les contient tous - -SF, Fantastique, Fantasy, Terreur, Roman Psychologique -- et qui, peut-être, les transcende tous... C'est d'ailleurs une évidence générale, un mouvement de plus en profond que celui de ce mélange de plus en plus étroit de tous les genres, et pas spécialement pour des raisons de modes, ou de post-modernisme galopant, malgré ce que les récupérateurs primaires de tous bord veulent bien voir, ce qu'ils veulent bien en dire. Il n'y a qu'à considérer la production des ibériques importés au Nouveau-Monde, la vogue renouvelée du réalisme magique chez un bon nombre d'auteurs modernes américains (De John Calvin Batchelor à Thomas Pynchon), la majeure partie de ce que publie encore F and SF et Asimov's et de ce que publiait OMNI, sur la fin, les livres de Lewis Shiner, George C. Chesbro et Robertson Davies, par exemple.
Tout ces gens-là, anglophones, francophones et hispanophones, pratiquent généralement un Fantastique relativement moderne, intelligent, raisonnablement novateur et vraiment pas excessivement sanglant, beaucoup plus préoccupé d'explorer nos rapports avec disons, l'Inconnu, l'Impossible ou encore l'apparamment Inexplicable, de scruter l'âme et le coeur humain (souvent dans ses recoins les plus sombres et les plus mal connus, il est vrai) que provoquer l'horreur, la terreur ou même la simple inquiétude. C'est en effet souvent bien plus là précisément que le Fantastique, dans son essence et dans son maniement propres, présente des intérêts et des avantages non négligeables sur d'autres genres littéraires.

Je sais que, pour ma part, depuis trois ou quatre ans environ, j'y trouve plus souvent, dans le Fantastique, je veux dire, mon bien et mon plaisir qu'en SF, et cela même si, uniquement pour ce qui est de ses meilleures auteurs, bien entendu, enfin, de ceux que je considère comme tels, nuançons un peu, encore et toujours, elle est souvent mieux écrite, plus moderne, plus "adulte" ou sérieuse, et surtout mieux construite qu'il y a quelques décennies, mais... Je ne sais pas... C'est peut-être un effet de grande lassitude, d'overdose, après toutes ces années de lecture de SF -- je suis peut-être devenu blasé ou trop difficile à satisfaire, on encore, je ne lis pas vraiment les "bons" auteurs, ou encore les auteurs les plus intéressants -- mais. vraiment, je n'y trouve presque plus l'ancien sens de l'émerveillement -- le mythique "sense of wonder" -- ou encore la surprise véritable, l'étonnement, l'innovation anciennes -- et pourtant le réservoir thématique de la SF, contrairement à celui du Fantastique, et grâce à l'avancée continuelle de la connaissance humaine, de la recherche scientifique, de l'extrapolation rationnelle, continue toujours à se modifier et à s'enrichir, à nous présenter des horizons et des possibilités toujours plus larges, plus vastes, plus riches et merveilleuses. Mais pourtant, pourtant... Qu'en penser alors? Et évidemment, plusieurs auteurs de Fantastique, surtout dans le roman, et dans la presque totalité du fantastique cinématographique, cèdent souvent à la médiocrité et à la facilité. Mais ce ne sont généralement pas eux qui m'enthousiasment ou m'intéressent vraiment dans le genre.

Je sais que, pour ma part, quand j'ai commencé l'écriture de Cendres, en 1981 ou 1982, et de quelques autres nouvelles, pas encore assez au point pour voir le jour, et donc encore inédites, je me suis alors aperçu avec une certaine surprise ?et peut-être un peu d'inquiétude aussi? qu'il y avait des choses que je voulais faire dans mes histoires que je ne pouvais pas ou plus faire avec la seule SF, situation que je n'aurais pas vraiment cru possible à peine quelques mois auparavant, et que j'ai été plus ou moins "forcé" , avec ce texte, d'effectuer une sorte de "conversion" bien tardive. Je lisais déjà du Fantastique, bien entendu, mais je n'avais pas vraiment d'amour pour le genre. Depuis, les choses ont bien changé, comme je l'ai déjà écrit plus haut. Et mes projets d'écriture exigent de plus en plus l'utilisation du Fantastique.

Evidemment, le Fantastique ne représente pas nécessairement pour moi, ce qu'il représente pour la plupart des gens. Par exemple, il ne me semble pas obligatoire que ses fonctions premières soient l'irruption, la provocation de l'inquiétude, le déséquilibre, l'angoisse, la terreur et encore moins la présence de l'horreur. Il peut tout aussi bien, parfois mieux et plus profitablement, amener l'insolite, l'irréductible, le merveilleux, la trancendance, en quelque sorte, voire, hum, l'Inneffable... En effet, l'horreur, surtout celle qui est de la plus basse extraction, la plus grosse et brutale dans ses effets et surtout ses procédés, contrairement à, disons, la peur, ou même à la terreur, ne me semble que de fort peu d'utilité pratique, et n'avoir souvent qu'une bien faible valeur intrèsèque, artistique ou esthétique. Il y a bien l'effet de catharsis, c'est entendu, mais il est bien plus positif et efficace dans l'utilisation efficace de la peur. L'Horreur n'est pas un sentiment utile ?elle est même généralement nuisible, débilitante (dans tous les sens du mot) et destructrice? et nous en avons bien plus que notre dose quotidienne, même si c'est souvent à distance, et par procuration, alors que la Peur est... un sensation plus subtile, qui a son utilité, elle, à doses non paralysantes, limitatives ou contraignantes, mais bien contrôlées et homéopatiques, c'est ce qu'il me semble, à tout le moins. La Peur est quelque chose, je crois, d'assez important et même de fondamental dans l'expérience d'une vie humaine. Bien connaître et fréquenter ses propres peurs, c'est déjà, en effet, un peu les circonscrire, et commencer à les contrôler, à vivre avec et, sous leurs formes les plus bénignes, elles sont même alors bénéfiques, je crois. C'est parceque l'on a peur de se faire écraser par une voiture que l'on regarde avant de traverser une rue et que l'on a ainsi plus de chances de rester en vie, c'est parce qu'un enfant a peur de se brûler les doigts -- on lui a dit ce que cela faisait, ou il l'a vu, l'a senti -- qu'il ne se foutra pas bien stupidement la main sur un rond de poêle allumé, juste pour voir, c'est parce que l'on a peur d'être malade que l'on prend un peu plus soin de sa santé, peur des risques stupides et inutiles que l'on ne se lance pas des aventures par trop imprévues, même si potentiellement exaltantes ou même gratifiantes. Je pourrais multiplier les exemples à l'infini, mais je crois que vous avez bien saisi l'essentiel de l'idée et de l'argumentation. Evidemment, tout cela se discute, j'en suis conscient, mais cela fait partie de ma vision présente du Fantastique et de son utilité, même si c'est loin d'en constituer la totalité et d'expliquer complètement la vraie nature de cette fort étrange expérience très particulière.

De toutes manières, je ne crois même pas, contrairement à beaucoup de théoriciens littéraires, comme par exemple Todorov, que le Fantastique soit le genre de la rupture, de l'irruption de l'innaceptable, souvent bienheureusement nié ou alors soigneusement remis à sa place dans la conclusion ultime du récit. Il n'est plutôt, pour moi du moins, que l'un des nombreux outils de la connaissance. En effet, il me sert à voir et à nommer l'Inconnu, ?voire l'Inconnaissable... ? ?ce qui, du monde et de ses phénomènes, des situations, des êtres et de leur complexité ne nous est (pas encore, ou pas immédiatement, pas complètement) accessible, à m'essayer à sa vision floue et infiniment mouvante, changeante. Il me permet d'un tout petit peu mieux cerner, oh, bien imparfaitement, l'insaissisable, de le toucher et de l'examiner un peu, d'appréhender la part de l'expérience humaine, matérielle ou psychique non immédiatement réductible ou aisément explicable, et peut-être même de parvenir à une certaine compréhension ou, à tout le moins une appréhension plus complète de l'univers et du... hum... réel. Si une telle chose existe vraiment. Et si c'est le cas, il est certainement de nature profondément subjective plutôt qu'objective. La science ne fait que donner quelques faibles coups de torche électrique au hasard dans un immense tunnel de ténébres et ne nous en révèle, souvent très aléatoirement, que d'infimes parties, presque toujours apparamment dénués de sens, de signification profonde. Ce n'est pas demain que nous retrouverons nos clefs perdus dans ce tunnel et que nous pourrons rentrer tranquillement chez nous dans notre voiture bien confortable. Et est-ce même vraiment désirable, ou seulement possible? Il ne s'agit pas ici, bien entendu, de nier la connaissance rationelle, ou la valeur de la démarche scientifique, de se réfugier dans une sorte de mysticisme. Je ne suis pas devenu un adepte du New Age, ou quelque chose d'aussi débile, ne vous inquiétez pas. Je crois juste, comme semblent bien nous le montrer les dernières avancées de la science et de la recherche contemporaines, tant en physique avancée, qu'en cosmogonie, et dans les développements de la théorie du chaos, de la réalité virtuelle, de l'intelligence artificielle, que dans la psychologie des profondeurs, que le monde et ceux qui l'habitent, dans leur globalité et leurs particularismes locaux ne sont pas aussi immédiatement percevables et comprenhésibles, pas aussi réductibles, en tous cas, qu'on le croyait généralement. L'univers et les êtres vivants sont tout ce que l'on veut sauf simples. Ils sont infiniments complexes, mouvants et changeants. C'est tout.

Quelque part, Stephen Hawkings et Hermann Hesse se touchent et se rejoignent presque, comme John Lilly, hum, et Stephen Jay Gould, Claude Lévy-Strauss, Richard Leakey, Dyson et Carl Gustav Jung retouvent Siddharta, Gide, Henry James, Anaïs Nin, Shakespeare, Lord Byron, Poe, Lovecraft, Beaudelaire, Rimbaud et Homère... C'est du moins, encore une fois, ce que je crois. Présentement. Et certainement de manière toute temporaire, et avec toutes les réserves et tous les questionnements possibles, toutes les remises en question désirables et raisonnables.

Je sais bien ce que King, dans son essai, effectivement assez intéressant, a dit sur le Fantastique. Et je ne peut qu'être d'accord avec lui sur l'importance et la primauté artistique de la suggestion sur la description graphique et détaillée, de la subtilité sur l'évidence appauvrissante la plus grossière. De ne pas dire ou montrer, mais bien de suggérer, de laisser subtilement deviner... Il n'est pas le seul et pas le premier a en parler et à l'affirmer. Je regrette seulement que lui et bien d'autres ne fassent que si peu souvent usage des ces qualités précieuses, de ces nobles recommandations Mais il est loin d'être le principal et le seul coupable. Par contre, je suis beaucoup moins d'accord avec le reste de son argumentation, celle sur l'utilité de l'horreur, entre autres choses...

Je vous échange toute l'oeuvre considérable de Dean R. Koontz (même si elle est parfois fort honorable) et la majeure partie de celle de quelqu'un comme Clive Barker (même si elle fait parfois montre d'innovation, de modernisme et d'un indéniable sens de l'efficacité) pour les romans et nouvelles de Matheson, de Robert Aïkman et du Fritz Leiber fantastique, et pour les livres de Shirley Jackson, de même que tous les Halloween, les Nigthmares on Elm Street et les autres Hellraisers du monde pour quelques minutes précieuses de Val Newton, de Jean Cocteau ou le Haunting of Hill House de Robert Wise. Tant du point de vu de ce que cela dit et montre, que de la manière dont cela le fait. Le vrai Fantastique, pour moi, son essence est là. Et pas ailleurs.

Voilà, c'est à peu près tout.

Je m'abonnerais bien à Fenêtre Secrète Sur Stphen King, si j'arrivais à trouver un peu d'argent quelque part pour ce faire. Cela devrait se produire avant le prochain siècle. Déjà que je suis en retard pour Proxima, mes réabonnements à Temps Tôt et à Solaris et pour SF Canada. La vie n'est qu'une bien difficile et bien grande dépense...

Le Compagnon d'Ashem Fictions est une très bonne idée d'autopromotion, que nous devrions tous servilement imiter, et que certains américains pratiquent depuis un moment déjà (Sawyer, Chalker, Anthony) ou, encore plus brillants, qu'ils font organiser par leurs propres lecteurs (King, Ann Rice, Ellison, M. Z. Bradley, C. J. Cherryh) .

Une grande chasse aux livres aujourd'hui. J'ai trouvé une floppée de fort estimables paperbacks anglais à 8 cents pièce, dont la bonne et considérable histoire de la création de l'état d'Israël de Robert Silverberg. Et un des quelques ouvrages mainstream de George R. Stewart, paru en 1947, aux Editions de L'Elan, à Paris, imaginez, l'auteur de ce très admirable roman de SF, Earth Abides, un des rares livres qu'il pourrait donc m'arriver encore de relire à l'occasion. Cela s'appelle une bonne journée.

Mais je ferais bien mieux de travailler à mes propres nouvelles au lieu de courir ainsi tous les vieux bouquins ou même, que l'on veuille bien me pardonner, de me livrer, sans aucune retenue, à tout ce placotage un rien insignifiant. Enfin...

15 décembre

Il va vraiment falloir que je fasse un peu plus court, sinon je n'en aurai pas encore terminé en 1997 et vous ne recevrez peut-être jamais ces pages.

Donc, on continue.

La maison est en ordre, la vaisselle et les courses faites et tout est enfin tranquille, donc propice à un petit voyage sur l'écran de mon ordinateur. Ah, les contingences de la vie matérielle... Passons à d'autres sujets, plus pertinents, je l'espère.

Comme je suis heureux de ne pas être le seul écrivain d'extraction vraiment prolétaire au sein de cette APAQ bien chère à nous tous.

Arthur Machen est encore lu, bien que dans des cercles assez restreints, il est vrai. Son influence fut un temps considérable et il vaut mieux que la rélégation dans l'obscurité que l'on lui fait présentement subir.

Merci pour l'extrait de Laferty.

Les commandes, ou plutôt les invitations, comme vous le dis si bien, ont malheureusement sur moi un effet totalement paralysant. Voir la célèbre (et un rien pénible) histoire de l'anthologie Carpentier (mais, au moins, Francine Pelletier a pu en profiter, par la bande, et j'en suis passablement content) ou même, dans un autre genre, celle du fabuleux contrat Pettigrew. Rien ne m'empêche plus d'écrire qu'une demande. Je sais bien à quel point ce genre de comportement involontaire est exaspérant ou même outrageant pour un éditeur, mais je suis ainsi fait, c'est ainsi que je réagis. Et près de vingt ans de pratique régulière de l'écriture semble confirmer ce triste constat à la nature assez aberrante. J'ai passé mon temps à refuser des offres sonnantes et trébuchantes de gens qui voulaient me publier et à saboter des chances intéressantes. J'ai assez récemment pris la résolution de me forcer, d'être un peu plus raisonnable. Mais est-ce que j'y arriverai vraiment? Cela reste à voir.

Et pour ce qui est de l'écriture de nouvelles, encore une fois, j'ai mes particularités. Il m'est, par exemple, absolument impossible, d'écrire quoi que ce soit, si je ne sais pas ou je m'en vais au départ, si je n'ai pas mon scénario, tout prêt, presque entièrement développé, mon histoire pratiquement déjà écrite dans ma tête, avec le découpage, la mise en place, les personnages, les décors, la plupart des scènes et des dialogues, le déroulement de l'action, son début, son développement, sa fin, sa structure, son genre, son style, son point de vue, ce que je voudrais bien qu'elle dise ou signifie. Cela demande bien sûr un travail de préparation et d'élaboration très considérable ?presque toujours, je médite, je construis, j'essaie, j'hypothèse, je polie, j'affine durant des années la plupart de mes histoires avant d'en mettre le premier mot sur le papier?mais j'ai tellement la hantise, la peur presque panique de "me bien peinturer dans un coin" , de ne plus savoir où je m'en vais, ce que je vais faire ensuite, de bloquer, momentanément ou définitivement ?une performance si facile à réaliser... ? que tout, ou presque, doit déjà pratiquement être prévu, organisé, structuré avant que je ne commence. Ce qui ne m'empêche pas, bien entendu, d'apporter souvent des améliorations, des modifications considérables en cours de route ?je ne suis pas prisonnier de mon système, c'est en fait mon meilleur ami? mais, habituellement, l'essentiel est déjà là, au départ, et je le retrouve, presque tel quel, à l'arrivée. Mais subtilement changé, transmuté, sublimé. Je suis obsédé par le contrôle de moi-même? Je vous crois! C'est même une de mes principales caractéristiques psychologiques. Ce n'est pas un peu aride, un peu prévisible, asséchant ou un rien appauvrissant toute cette organisation, cela ne t'empêche pas de laisser libre cours à l'illumination, à la si chère spontanéité, à l'inspiration précieuse, à la folie, à l'inconscient, à l'imprévu, à la surprise? Pas du tout. Et, anyway, quelles sont donc ces créatures semi-mythiques, à l'existence plus qu'incertaine, et pas nécessairement utiles, d'ailleurs, dont l'on me parle là? Je ne les ai pas rencontrées bien souvent. La référence, l'influence, la synergie, la tranmustation du matériau brut ?vie personnelle, rêves, spéculations, documentation, informations, expériences diverses, émotions, interactions avec les autres et leur oeuvre ou leur être cela oui, bien entendu. Mais le reste... Je reste sceptique... Et doute d'être jamais confondu par quiconque. L'écriture est un plaisir, mais c'est, aussi et avant tout, un travail et un discipline, un noble artisanat, une recherche intense, difficile et personnelle et, surtout, surtout, une continuelle remise en question.
C'est un bon système, et je m'y plais. Il secoue et entretient ma paresse naturelle, tout à la fois, ce qui encore un de mes très nombreux paradoxes continuels. On y travaille rarement pour rien et on n'y perd pratiquement pas de temps ou de matériau. Mais c'est lent... J'élaborerai peut-être encore, un peu plus loin, si j'en ai le temps et surtout la place, sur ce sujet quand je m'attaquerai à une certaine "légende urbaine" me concernant.

À moins que cela ne doive attendre ma prochaine livraison, comme bien d'autres sujets dont j'avais choisi de causer ici quand j'ai commencé ces pages et que j'ai dû remettre à plus tard en cours de route.

Evidemment, il y a un piège, un problème, quasi insoluble... Comment faire tout cela, travailler ainsi, et en obtenant des résultats efficaces, quant il s'agit, non pas d'une nouvelle, mais bien d'un roman? Réponse: il n'y en a pas. C'est impossible, pour moi. Ou plutôt, jusqu'ici, cette méthode s'est avérée innefficace, peu pratique et encore moins fructueuse... Mais se refaire est bien la chose la plus difficle dans la vie. Alors...

Tout ce qui précède n'est valable que pour moi, bien entendu. L'expérience personnelle n'est pas vraiment et entièrement transmissible, c'est bien connu...

Ecrivez, soeurs et frères, écrivez peu ou beaucoup, vite ou lentement, avec ou sans plan et inspiration, comme vous voulez, quand vous voulez, de la manière qui vous convient... Mais, bon sang, écrivez donc. Vous êtes, pour la plupart, faits pour cela...

Une note de vocabulaire: le terme "lolo" , sur kequel vous vous interrogez, est déjà passablement ancien et vient, me semble-t-il, de l'expression (supposément employée) par les enfants (surtout en France) quand ils ont soif et veulent du lait. Le lien avec l'allaitement maternel est suffisamment explicite par lui-même pour que je n'ai pas besoin d'élaborer plus longuement... L'emploi famillier (ou encore vulgaire, selon l'opinion que l'on en a) s'est généralisé avec les ans et a trouvé un terrain propice dans un pays aussi éminemment machiste et parternaliste que la France. Il y a d'autres termes, plus connus, peut-être, par exemple "nana" pour désigner une fille, qui vient, bien entendu, du célèbre personnage du roman d'Emile Zola et une foule d'autres encore.

Le panel sur le Fantastique Québecois à Boréal: Désolé, mais on avait bien raison, le Fantastique produit par les écrivains du milieu est, en grande partie, sinon toujours, d'origine et surtout sous influence anglo-saxonne --parce que, généralement, ces auteurs n'en lisent pas d'autre... -- même si le genre de Fantastique (ou plutôt, le pseudo-fantastique) produit par les autres écrivains, les auteurs disons, pour simplifier, qui viennent généralement du (ou encore oeuvrent presque uniquement dans le) mainstream, de la littérature générale, lui, semble plutôt d'originne européenne, ou encore plus souvent, sud-américaine (mais ce ne sont habituellement que de piètre imitations... ) pour des raisons, bien entendu, identiques quoique diamétralement opposées (ces gens-là ne lisent généralement pas le Fantastique américain et l'ignorent souverainement, en fait, they coudn't care less... ) . C'est une question de formation et de lectures avant tout. Et on ne pratique pas vraiment l'interprénation et l'enrichissement mutuels, dans nos contrées.

Le reste de votre argumentation est encore plus.. disons... discutable.

D'abord, il y a aussi des écrivains de Fantastique Européens ou Sud-Américains qui savent raconter une histoire et mettre une matière considérable dans leur récits. Et il y a également bon nombre de brillants, d'excellents stylistes en Fantastique américain, qui parfois, ne racontent pas grand-chose, mais fort bien.

Et cessez donc, pour une bonne fois, donc, bon sang, d'être aussi impressionné (impressionnable) par les écrivains venus des milieux universitaires ou institutionnels! (En fait, ne soiyez impressionné par personne... ! ) J'en ai bien assez lu, et aussi fréquenté,de ces gens, mais ce n'est pas pertinent ici, pour vous affirmer qu'ils n'écrivent généralement pas mieux ou plus élégamment que leurs confrères, même s'ils ont parfois plus de vocabulaire, certainement plus de prétention et, éventuellement, une plus grande (Mais pas meilleure, vous saisissez la petite mais très importante nuance? ) connaissance de l'outil littéraire, et c'est tout. On trouve une abondance de très mauvaise prose, voire de prose carrément illisible, de construction déficiente, de mauvaise organisation de la matière fictionnelle, d'ignorance bien épaise, d'incompétence littéraire, de vide très mal enrobé et sans le moindre intérêt qui originent de ces milieux-là. (Il y aurait même "a case to be made" au sujet de l'origine et de la formation de la majorité des écrivains majeurs du vingtième siècle. Pour ma part, je suis près à soutenir fermement que, à part quelques très rarissimes exceptions, comme C. S. Lewis, Tolkien ou Umberto Eco, la plupart des véritables talents littéraires n'ont jamais vu ou fréquenté, encore moins appris quelque chose dans, ne serait-ce que l'ombre d'une institution universitaire. De Steinbeck à Neruda en passant par Borgès, Sturgeon, Le Guin, Anaïs Nin, Thomas Mann, Malraux, Lessing, Scott Fitzgerald, Faulkner, Irish, Kawabata, Chandler, Simak, Delany, Gide, J. D. Salinger, Proust, Aragon, Joyce, London, Prévert, Colette, Ballard, Hemingway, Kipling, Wells, Cortazar, Calvino, Lovecraft, Bradbury, Herman Hesse, Gorki, Soljénitsyne, Druon, Cocteau, Dick, Kafka, Eluard, Yourcenar, Camus, Hammet, Arthur Miller et Henry Miller et j'en passe, aucun, j'insiste bien, aucun, de tous ces écrivains qui comptent un tant soit peu dans le siècle, n'a jamais fréquenté (ou été (dé) formé par) l'université ou toutes autres institutions de ce genre ou de cet ordre, et jamais on a vu ces maudits "sépulcres blanchis" exercer la moindre influence profonde ou importante sur leur oeuvre, même si quelqu'uns des individus mentionnés plus haut, bien rares, il est vrai, les ont parfois un peu fréquenté, et surtout, en ont accepté les honneurs et les gratifications, presque uniquement, faut-il encore le préciser, quand ils étaient tous devenus ou bien trop vieux ou bien trop respectables et qu'ils avaient ou pratiquement cessé d'écrire ou plus grand chose à dire. Les universités, dans le meilleur des cas, et bien trop rarement, peuvent parfois former quelques critiques compétents ou même de bons professeurs (Foucault, Barthes, Callois, Sartre, dans une certaine mesure, et Max Milner) mais surtout pas des créateurs véritables (au sens précis que je donne à ces mots), ou de bons écrivains de fiction, en tous cas.

Et je m'excuse ici, auprès des membres du sérail passés, actuels et futurs qui lisent ces mots bien durs ou encore en prendraient un jour connaissance, souvent gens forts honorables et parfois érudits, et même de bonne foi, mais je persiste et signe. Tant pis si je ne suis pas en train de me faire là des amis.

Et j'attends, avec confiance et de pied ferme, des noms ou même, et surtout, des arguments. Vous avez besoin de vous lever de bonne heure!

À ce propos, extrait cet immense bêtisier, auquel nous contribuons souvent tous, bien qu'involontairement, la plupart du temps, une déclaration, fort hardie et péremptoire, que m'a un jour faite un Michel Lord, presque en furie, et assurément considérablement mal à l'aise, frustré et n'ayant plus rien à me répondre:

-- "Sans nous (comprendre les critiques et les universitaires patentés et instutionnalisés) , vous (les écrivains de fiction, les simples et humbles raconteurs d'histoire) ne seriez rien ! "

Et ici, il a lourdement insisté. (Et pourtant Michel est un bon gars, généralement sensé et raisonnablement intelligent) . Qu'il aille donc raconter ça aux libraires, aux éditeurs et surtout aux lecteurs, pour voir!

J'hésite encore, de nombreuses années après, entre l'incrédulité stupéfaite, l'hilarité franche et un soupçon d'indignation. parfois, je doute même de la réalité de l'incident.

Pathétique...

En passant, revoyez-moi donc une nouvelle liste de recherche de livres, mise à jour. Il ne me reste presque pratiquement plus de titres à vous chercher et je ne vous trouve plus rien!

Bon, il va vraiment falloir que je fasse un peu plus court. Je n'aurai décidément plus ni le temps, ni surtout la place pour vous causer des belles femmes, des bons acteurs et des bonnes actrices, de toutes mes lectures de ces derniers mois, de la Commune de Paris et du terrible sort des anarchistes espagnols, encore moins de quelques considérations politico-sociales, de ma liste personnelle des dix meilleurs livres de SF anglo-saxonne, de son analyse et enfin, de son impytoyable critique (qui est donc aussi une auto-critique) , des plus que rares cinéastes qui ne me déçoivent (presque) jamais, des expositions que j'ai visitées ces derniers mois (Par exemple, les Espagnols Catalans, la Mongolie d'avant, pendant et après Gengis Khan, Turner) , de mon amour constant et immodéré du théâtre, même si je n'ai jamais vu plus d'une toute petite demi-douzaine de pièces "live" , finances obligent, de mon petit sondage ponctuel et continuel, pas du tout scientifique intitulé "Que lit-on vraiment dans les autobus? " , de mon expérience comme membre de l'association Infini depuis près d'un an, de ce que cela apporte (et de ce que cela n'apporte pas,) des films que je cherche désespérément à voir, parfois depuis plus de vingt ans, d'un écureuil acrobate aérien, de la malchance qui s'acharne sur mon repêchage de hockey, des profondes joies d'une adolescence partiellement passée à travailler dans une cimenterie où les casques protecteurs fondaient sur nos têtes à cause de la chaleur dégagée pendant que l'on pelletait littéralement des tonnes et des tonnes de sable et de gravier, où nous étouffions dans la poussière qui s'infiltrait partout malgré les masques protecteurs, avec son concasseur dont le vacarme rendait sourd, mais heureusement pas fou, avec ses tréfonds noirs et humides, un joli cauchemar industriel, ?Quand je penses que mon père, après ses années comme draveur et de bûcheron a passé presque toute sa vie active là-dedans! Faut être un saint et un colosse indestructible. Comment voulez-vous que ne sois pas un homme de gauche et un anarchiste, au fond du coeur!? de cette tenace légende urbaine courant sur mon compte que je voulais rectifier ?ce sera pour la prochaine fois? et de mille autres choses dont je vous entretiendrai ou ne vous entretiendrai pas dans de prochaines ou lointaines livraisons de l'APAQ. Vous ne savez pas à quoi vous avez échappé!

On se connait maintenant depuis près de, quoi, dix-sept ans, et j'ai parfois l'impression que l'on s'est un peu cloné l'un l'autre. "Mon Frère L'Ombre" , vous dites ? Sure... Mais tout cela ne veut peut-être rien dire. En effet, qui connait vraiment qui, même quand on est les meilleurs amis du monde? Toujours est-il que l'on s'est passablement vu ou téléphoné ces derniers temps et que, en plus, comme votre dernière contribution est (surprenamment) brève, j'ai bien peu de choses à ajouter ou à y répondre.

Les dinosaures: Je n'ai jamais vraiment été un amateur, je préfère, de loin, les aimables mammifères. C'était bien sûr de remarquables machines bilogiques, parfaitement adaptées, mais très peu adaptables, vous saisissez la nuance? D'où, en partie, leurs problèmes. Mais l'aspect "voyage dans le temps" et "monde autre" est effectivement passionnant. Et l'archéologie et surtout la paléontologie, c'est le pied!

Il y a effectivement encore trop peu de femmes dans l'APAQ, bien entendu, ?mais c'est censé changer sous peu? et dans la SF en général. Et je vous envie donc vous tous qui surfez avec une fluidité toute nuturelle (ou artificielle) sur le Net, avec toute cette information et ses possibilités infinies de communication. Mais je n'ai vraiment pas ce qu'il me audrait et cela me coûterait vraiment trop cher de m'équiper... On vit de plus en plus dans une fort belle société à deux vitesses. Enfin...

Et tous ces voyages, ces endroits fascinants que je n'ai jamais vus, que je ne verrai jamais... Je rêve de l'Ecosse et de l'Islande depuis des années, des musées français, des Rocheuses, et même de la Mer, bon sang, que je n'ai jamais vu!

La Mer, vous le savez vous, la Mer...

Content que vous vous en soyez sortis sans dommage (pour les innondations, je veux dire... ) dans votre coin.

A-t-on commencé à avoir des retours critiques concernant l'antho Tesseracts? Je n'ai bien entendu malheureusement pas vu grand-chose, jusqu'ici, mais au moins deux personnes m'ont déjà dit qu'ils considéraient que c'était la meilleure et la plus représentative de toutes les anthos de SF Québecoise, ce avec quoi je suis parfaitement d'accord, comme vous le savez déjà. L'ironie et le paradoxe (et certainement aussi la chance, pour nous) , c'est quelle ait été publiée uniquement en anglais.

Mais quel plaisir d'être enfin disponible et lu en Shakespearien, moi qui ne dois qu'à un relativement infime incident, une toute petite circonstance familialle et nationale de ne pas être anglophone moi-même ou encore parfait bilingue, de surcroît, bien que je comprenne bien les circonstances qui ont conduit à tout cela. Ils me sera décidément toujours bien difficile de considérer le monde en le divisant en "Eux" et "Nous" , ce serait me renier moi-même, en grande partie...

Et ce sera un jour le sujet principal d'une de mes nouvelles, très symbolique, une sorte de parabole là, mais qui est toujours en cours d'écriture en ce moment...

Et tiens, il faut que je vous envoie sous peu une lettre personnelle se rapportant à quelques détails que je n'ai peut-être pas assez précisés ou qui ont pu amener de la confusion ou encore une interprétation inexacte de ma pensée lors d'une de nos récentes conversations, au Salon du Livre de Québec.

Et, bon sang, je ne suis toujours pas arrivé à vous attraper dans une de vos émissions à la radio. Je me retrouve toujours immanquablement hors de chez moi à ce moment ou avec quelque chose d'autre de véritablement urgent à faire.

Et comme vous, j'attends plus qu'impatiemment la parution du troisième volume de Tyranaël d'Élisabeth Vonarburg.

Voilà, c'est tout. Écrivez bien et beaucoup.

Passons maintenant à vous, le plus près de moi, géogrphiquement parlant puisque, comme moi, homme de Québec. Je me permets de vous dire mon total plaisir de vous voir plus souvent présent parmi nous depuis quelques années, à la fois par l'écrit et physiquement. Cela vous a pris quelques années, mais en valait la peine. J'enrage passablement d'avoir raté vos articles divers sur Byzance et les Cathares, deux sociétés déjà passablement fascinantes, weird et étranges en elles-mêmes, et sujets que j'ai moi aussi un peu creusé comme amateur d'Histoire ancienne et universelle, mais certainement pas aussi profondément que vous. Too bad. Je déteste manquer une bonne occasion de m'instruire auprès de gens érudits et compétents.

La présentation matérielle de votre APAQ est superbe, en passant.

Lorenna McKennit: Je l'ai découverte il y a presque trois ans, bien avant qu'elle ne vienne au Québec. Elle est vraiment dans cette grande tradition de toutes ces voix féminines anglaises ou canadiennes, aériennes et faussement fragiles. Durant l'été dernier on entendait qu'elle dans la ville de Québec. En quelques mois, elle a réussi la considérable performance de devenir la préférée de groupes de gens aussi différents que la plupart des Yuppies, les adeptes du New Age, les folkeux de tous bords et les partisans de la Renaissance Celtique. C'est déjà un exploit en soi. Mon sang celte, (Je suis quand même plus qu'au huitième écossais, et à je ne sais plus quel pourcentage normand) se réveille. On la voit même sur PBS à longueur de soirée. Une belle voix enchanteresse, assurément. Lady Galadriel, oui, vous avez probablement raison. Mais elles sont déjà un certain nombre à pouvoir prétendre au titre... Ce qui ne lui enlève absolument rien, ce n'est pas ce que je dire, vous vous en doutez bien...

Dylan: Ah, les délicieuses cendres à peine refroidies des vieilles amours. Et puis, quand on aime vraiment une fois, c'est pour toujours, je crois. Un des plus grands poètes du rock, ?surréaliste, lyrique, critique, tendre ou vicieusement méchant, une déferlante de mots et d'images, et toute l'âme d'une certaine époque? avec Morrison, Lennon, Pattie Smith et l'unique Lou Reed, bien entendu mais... À un moment, moi-aussi, j'avais tous les disques. Et on ne peut décemment se passer des trois albums que tu mentionnes et de quelques autres, un rien un peu plus vieux, avec probablement Blood on the Tracks et Desire (Ah, cette voix d'Emmylou Harris, et le superbe violon de Scarlett Rivera, et ces paroles, et cette énergie, cette fureur retrouvées, cette diction nasale revenue de tout ) . Toute personne qui n'a pas au moins versé un larme en écoutant quelque chose d'aussi poignant que Sad Eyed Lady of the Low Lands doit peut-être s'attendre à se voir considérer avec une légère suspicion.
J'avoue que j'ai quand même un peu décroché depuis quelques années. Et Bobby sait aussi admirablement se foutre de son monde, cela fait partie du personnage. Sa (seconde) période, disons, hum, pseudo-mystique, brrr... Quelle Terreur! Et puis, je me souviens d'un pathétique concert télévisé où il était tellement "paqueté" qu'il ne savait même plus de quel côté pouvait bien être la scène ou le public. Il a enfanté, indirectement, il est vrai, le Springsteen des bonnes années, celui d'avant sa terrible trahison envers ses origines... Comme les Byrds ont donné REM, d'une certaine manière. Mais le Boss a lui-aussi recommencé à faire de bonnes choses, et je lui ai finalement pardonné. Reste que je n'ai presque aucun disque de Dylan paru après Desire et n'éprouve pas vraiment l'envie irrésistible de me les procurer. J'aimerais bien l'avoir vu en 1967 ou encore dans le encore très célèbre film de Pennebaker, par exemple. Quel foutu véritable rocker intelligent c'était! Et quel look, regarde encore la pochette de Blonde on Blonde...

(À peu près à la même époque, Esther Rochon développait son anglais en essayant de comprendre très exactement ce que pouvait bien chanter, très nasalement, un dénommé Dylan, raconteur d'histoires d'amour adulte, dénonceur notoire d'injustices, plus ou moins metteur en forme de cauchemards psychomoteurs de profession, et en lisant Dune de Herbert dans le texte originel dans Analog, activités qui constituaient déjà de belles performances. Et Elisabeth le jouait sur sa guitare, à la même époque, à moins que ce n'ait été Joan Baez alors, les deux plus probablement) .

J'ai presque tous les lyrics des chansons de Dylan quelque part, une belle édition superbe de chez Knopf et je découvre encore des choses que je n'avais pas vraiment comprises à l'époque.

My love she speaks like silence,
Without ideals or violence,
She doesn't have to say she's faithful,
Yes she's true like ice, like fire.
People carry roses,
Make promises by the hours,
My love she laughs like the flowers,
Valentines can't by her.
.....................................................................
My love she speaks softly,
She knows there's no success like failure
And that failure's no success at all.
....................................................................
My love winks, she does not bother,
She knowns too much to argue or to judge.
....................................................................
My love she's like some raven
At my window with a broken wing

Il en a fait plein des comme celle-là. Et d'autres aussi, très différentes. C'est une des préférés de l'une des femmes que j'aime. J'aurais bien voulu être capable de la lui écrire.

Et ce n'était pas une hallucination collective, tout cela. Les Beatles et Dylan devaient vraiment être bons pour accrocher encore, ne serait-ce que certains jeunes, si longtemps après...

Et, non, je ne parlerais pas d'Indépendance Day, j'ai déjà dit aux gens tout ce que ce film méritait que j'en dise, en bon comme en mauvais, donc acte.

Sandra Bullock a assurément de la personnalité, une allure très sympathique, un regard et un sourire fort coquins et ravageurs, comme le prouve d'ailleurs d'évidence la photographie que tu nous offres. Mais la plus belle femme du moment... Désolé, pas pour moi.

Et comme actrice... Bon, je n'ai pas déliré sur The Net, comme oeuvre cinématogrophique, et cela n'a, bien entendu, aucun rapport, mais je t'accorde volontiers que Sandra est fort honorable dans son dernier film, d'après le roman Grisham, peut-être son meilleur rôle, dans ce que j'ai vu, en tous cas. Car je n'ai visionné ni Speed ni While You Were Sleeping ce qui fait que je ne suis pas vraiment en mesure de me prononcer...

Et votre novella dans Solaris est foutrement bonne! J'ai bien aimé. Ecrivez-nous en d'autres!

Avec mon respect et ma sincère admiration.

J'ai reçu le chèque des droits de reprographie de l'UNEQ cet après-midi. Le montant est digne de considération. Je les en remercie sincèrement. Et que soit béni le professeur (ou la professeure) qui m'a mis à son programme d'étude depuis deux ans et photocopie mon livre à tour de bras! Si jamais j'apprends qui c'est, je lui paie un bière, promis. J'espère juste ne pas avoir trop ennuyé ses élèves. Enfin, je vais pouvoir acheter quelques cadeaux décents à mes proches pour les Fêtes et il me restera encore quelque chose. La vie s'améliore, décidemment.

Une petite anecdote en passant: Quand j'ai débuté dans le domaine, je m'étais juré, qu'un jour, un mur entier de ma chambre serait recouvert par les photocopies des chèques que m'aurait rapporté, directement ou indirectement, l'écriture. Près du tiers de sa surface en est maintenant recouvert. Mais il est bien vrai que ma chambre est relativement petite.

Sur ces propos bien mercantiles, je vous laisse.

17 décembre

Une journée commencée assez bien, et surtout de bonne heure.

Dites, vous voyez le nombre de pages que je produis? Je pourrais maintenant bien me contenter de simplement lire ce que vous écrirez et de ne rien faire d'autre. (Je vous ai bien entendu tous ceux qui ont osé mumurer "Tant mieux... " Ces choses-là se paient, tôt ou tard. ;-) À ce propos, on ne pourrait pas constituer des réserves de pages, pour l'an prochain? Bon, je n'ai rien écrit là...

Je n'ai pas encore reçu l'APAQ 18, qu'on garde probablement en otage, bien caché quelque part, en attendant de recevoir les pages que vous lisez en ce moment même. De toutes manières, je n'aurais pas eu le temps de le lire (complètement, je veux dire... ) et encore bien moins d'y répondre. Il est d'ailleurs probable que vous ne recevrez pas tous très exactement en même temps (reprographie, finances et manque de temps libre nuisant) ma contribution. Je m'en excuse ici très humblement.

Passons à notre ami américain, notre Californien Doré, notre agent aux States, celui qui a la chance et le privilège de se promener dans les rues de San Francisco, là où marchait déjà la suberbe Kim Novak de Vertigo -- si tu la vois, tu lui files mon adresse et mon numéro de téléphone, elle est encore très bien, la chère dame -- et de surfer sur les vagues du bleu Pacifique avec des filles tellement belles, bien nourries et en santé que ce sont certainement des androïdes, d'avoir aisément accès à toute la science et la culture modernes de ces dernières années, d'assister aux très sélects partys de Joan Collins, de reprogrammer et de réparer les pièces de cette "chose" qu'est devenue Bob Hope, de croiser le puissant et imposant Arnold faisant son matinal jogging, et d'attendre alors avec tout simplement, mais avec élégance également, l'arrivée de La Fin des Temps Et De Tout Leur Joli Monde avec tous les autres Beautiful People, qui arrivera certainement un jour sous la forme spectaculaire du Big One ou bien encore encore sous celle, sympathique, discrète, sournoise et nettement plus bénéfique, de l'invasion des émigrants mexicains ou asiatiques de cews dernières années.

Rappellez-donc également, en passant, à Lucas que j'attends toujours mon chèque.

Votre présence et votre (souvent) gros bon sens me manquent parfois, mon cher. Aurons-nous la chance de vous voir par chez nous pour les Fêtes, ou encore cet été? Il est vrai que vous voyagez déjà beaucoup... Le Mont Shasta... Bon sang, vous ne savez probablement pas à quoi vous avez (je l'espères, du moins... ) échappé. Allons, dites-nous tout! Avez-vous entendu les voix terribles Delos dans votre esprit? Avez-vous vu les immenses et secrètes cavernes dont parle Richard Shaver et ses terribles habitants qui sont les authentiques Maîtres du Monde, ceux qui, depuis des siècles, sont réellement les véritables responsables du complot -- le seul, le vrai, pas la diversion auquelle on essaie encore de nous faire croire... H -- visant à notre perte, à la domination totale de l'Humanité, les responsables de toutes nos misères diverses? Parlez, je vous en prie! Dites-nous tout, avant qu'il ne soit trop tard! Pensez au salut du monde (hum, encore presque à peu près libre... hum... ) et à nos futurs enfants! Guy sait tout, bien entendu, mais il fut tellement traumatisé à l'époque (à moins qu'il ne soit encore partiellement sous l'influence de ces monstres... ) que je ne peux tirer de lui que des bribes d'informations ou d'obscures prédictions terrifiantes (et terrifiées) , de vagues conseils et avertissements ... Les continuels déménagements, la perte de son emploi, un mariage soudain, son état d'hébétude temporaire généralisé, un éventuel effort pour l'écriture de ses propres (celles qu'il écrit tout seul, pas avec Jean Dion) nouvelles... Tout cela inquiète fort. Sainte Vache, qu'ont-ils donc fait de lui? Soiyez donc tr`s prudent. Ne me contactez, pour ces sujets, que par la fillière la plus sûre, pas celle de la boutique de timbres rares hollandais, l'autre, bien entendu! Des années d'enquêtes secrètes, tous ces agents perdus... La peur, la tension, les cauchemars... Nos ordinateurs travaillent jour et nuit. Notre équipe d'intervention de choc est fin prête et n'attend que tes informations. Vous êtes peut-être bien notre seul et tout dernier espoir!

Je n'ai pas été en mesure de voir Space, mais je le regrette car on m'en a dit du bien. Les petits nouveaux anglais comme Baxter, Egan (sorry, c'est un australien) , Mc Cauley et les autres, tous ces gens intéressants et productifs, à la vision d'une ampleur cosmique et aux idées nouvelles (mais peut-être seulement apparamment nouvelles... (de ce côté, il faut toujours se méfier un peu... ) venant tous plus ou moins d'Interzone -- revue dont j'ai une bonne partie de la collection? et qui sont tous plus ou moins les héritiers directs (et parfois un brin plus ou moins "illégitimes" ) de Clarke, sont assurément parmi ceux qu'il faut suivre en SF ces dernières années. Et je les fréquenterai bien plus régulièrement, quand j'en ai le temps.

Félicitations à Sue pour son quatrième livre. Je suis loin d'en être rendu là...

Il n'y a plus guère que les intellectuels français -- qui se croient trop souvent presque tous encore au XIX ième siècle et à l'époque des colonies, sauf Tournier, peut-être -- (ou ceux qui sont sous leur coupe et leur influence, les gens dont le pays dépend encore de, ou possède toujours de trop forts liens culturels et économiques avec la France, comme les contrées du Magreb, l'Afrique du Centre et de l'Est, la Pologne, la Roumanie et les autres pays francophones extrexagonals) et quelques spécialistes ou professeurs de français langue seconde pour entretenir encore la dérisoire et fort inexacte fiction de l'éclat et de l'universalité de "l'Esprit Français" , du retentissement de la langue et de la culture française dans la société mondiale (et mondialisée) moderne et surtout contemporaine. Il n'est pas ici question de nier toute valeur à l'apport et à la qualité, parfois fort importantes et assurément très réelles, du travail des penseurs et artistes français, en général, juste d'en relativiser un peu la place, telle qu,on la perçoit, généralement, à l'extérieur de l'Hexagone et de ses dépendances les plus directes, de remettre un peu les pendules à l'heure, de pourfendre quelques mythes pas vraiment sains, pour tout le monde, à commencer par ceux qui les entretiennent.

Pour la majeure partie du monde, en effet, la culture française semble parfois être assurément une chose du passé et demeurer pratiquement inconnue, et le français en tant que tel, deviendrait lentement (ou se transformerait en) une langue quasi-morte, qui n'a guère que l'attrait du passéisme et de son exotisme certain. Elle n'est ni la langue de la Science, ni celle des affaires et du commerce, ni celle des relations internationales, ni celle des Arts et de la pensée. En dehors de la francophonie, les ventes des éditions de livres français en traduction (qui se font de plus en plus rares) ne totalisent probablement même pas les sept ou huit millions d'exemplaires annuellement (tous pays et toutes langues confondues) , ce qui peut sembler fort considérable à ceux qui n'ont qu'une très vague idée du marché du livre mondial, mais qui reste, croyez-moi, quantitativement totalement insignifiant et négligeable. Les auteurs français sont de moins en moins traduits, en anglais, (les coûts et les risques sont considérés comme bien trop grands et, surtout, le "rendement" est bien trop faible, entre autre) , et les principaux luminaires de lettres françaises modernes vendent chacun à peine quelques milliers d'exemplaires par an, avec beaucoup de chance. Ne parlons pas du théâtre, ou du cinéma, dont -- aberration culturelle suprème, mais parfaite logique commerciale sans faille -- on ne traduit et ne distribue presque plus rien, sauf confidentiellement, en sous-titre et pour une infime clientèle de cinéfiles choisis, préférant faire de mauvais remakes "adaptés" pour le public américain (Ou faut-il plutôt alors dire le "public mondial" ici ? ) toujours plus que très inférieurs aux originaux, mais qui génèrent des recettes infiniment plus considérables, même en tenant compte de celles déjà amassées dans les pays où ils furent d'abord produits! Et je ne parlerai même pas de la musique (classique ou autre) et des arts plastiques. La situation est généralement d'ailleurs la même pour la plupart des autres cultures non anglophones. Un exemple parmi cent autres, et pour ne s'en tenir strictement qu'à la SF: les livres d'un auteur aussi connu (et souvent, respecté) que Stanislas Lem, pourtant édités par la prestigieuse maison Harcourt, Brace, Jovanovich, et avec un certain effort de promotion, ne dépassent souvent pas les cinq mille exemplaires de tirage, la moitié moins de ventes. Il y a, bien sûr, quelques spectaculaires exceptions, style, hum, Céline Dion, mais elles sont extrèmement rares et marginales, ne vous y trompez pas. Les lois économiques de l'Art, pour son commerce, sa distribution et sa diffusion de masse, en tous les cas, sont ce qu'elles sont, impitoyables, et elles le resteront encore pendant bien longtemps.

Ce qui ne veut pas du tout dire que je ne favorise pas ci très énergiquement toutes espèces d'efforts entrepris pour améliorer ce triste état des faits, que l'on me comprenne bien, ou que je n'entretienne pas la moindre lueur d'espoir de côté-là, ne mélangeons pas tout. Mais il faut être conscient de certaines choses, rêver rationnellement et surtout réalistement.

En fait, paradoxalement, je me rends compte que je suis, d'habitude, souvent perçu ici, comme un fédéraliste dénigreur de la langue et de la culture francophone, ainsi que de ses productions, alors que passe, à l'extérieur du pays, plutôt pour une nationaliste défenseur de la langue Française, de la Francophonie en général et de la qualité de ses productions artistiques.

Bon, j'arriverai bien à continuer à vivre avec cela.

Les paradoxes apparents, la complexité, la dualité, voire la multiplicité des idées, des apparences ou des réalités ne m'effraient pas, elle me réjouieraient plutôt je pense bien.

Surtout quand elles s'apliquent à moi.

À ce propos (les avantages divers et différents de nos deux langues officielles), j'ai commencé, bien péniblement, à traduire mes propres nouvelles en anglais. Et à faire l'inverse, aussi, traduire de l'anglais (du Silverberg, du Kristine Katherine Rusch, encore en amateur, mais cela devrait aboutir, sous peu, à des choses plus "professionnelles" , disons) en français, avec plus de bonheur, je le crains, même si cela peut paraître un brin paradoxal, mais aisément explicable. Je connais mieux mes propres écrits que ceux que je traduits bien entendu, et je sais mieux ce que je veux y dire, mais ma maîtrise de l'anglais reste encore bien inférieure à celle que je possède du français —J'ai entendu ce "J'en Doute... " et c'est dommage. Mais nous ne sommes pas tous des Trudel ou des Meynard. Toujours est-il que j'ai, semble-t-il, découvert tout seul une relativement bonne méthode de travail pour la traduction (fort comparable à celle d'Elisabeth selon la conversation que nous avons tous deux sur le sujet, par après) et que j'entretiens, probablement vainement, quelques espoirs pour moi dans ce sens précis. On verra bien...

Et la Roulotte du Boulevard est, bien entendu, à deux pas de chez moi. C'est quelque chose, pour les frites, effectivement, mais pas encore pas meilleure place. Pour cela, comme pour le reste, La Quête Est Infinie, merci Van Vogt.

Bon sang, je viens de perdre (dans "le Grand Obluvion Informatique" 0 une bonne partie de ce texte et une ou deux des pages qui le précèdaient. Mais j'ai heureusement été capable de presque tout reconstituer, grâce à ma fabuleuse mémoire biologique, à défaut de celle sur silicium ou autres matières métalliques utilisées à cette fin. On n'est jamais trop prudent...

Et The Arrival, vu il y a seulement trois jours, est effectivement, hum, supportable, voire intéressant, par moments.

La fin de la dernière guerre au Japon. J'ai, depuis quelques années, un long projet de nouvelle uchronique, où il n'arrive pas ce qui est arrivé historiquement. Il n'aurait pas fallu grand-chose pour trouver une solution plus raisonnable et évitant toute cette horreur. C'est certainement la culpabilité (justifiée) de l'Occidentent imbécile qui, pour moi, joue ici à plein. Mais je ne l'écrirai peut-être jamais... En tous cas, il ne faut pas sous-estimer le considérable effet psychologique (et thématique) que tout cela a eu sur la SF de l'époque et d'immédiatement après... Les catastrophes atomiques et nucléaires pleuvaient sur le lecteur, à défaut des engins du même types, bien très heureusement. Et c'étaient souvent de fort bons textes, allant infiniment plus loin que l'anecdote rapide ou la simple exploitation situation de base`alors à la mode.

Lisez ou relisez donc, par exemple, des nouvelles comme Thunder and Roses et Memorial de Sturgeon, les romans Shadow on the Hearth de Merril, A Canticle for Leibowitz de Miller et le Earth Abides de Stewart, déjà mentionné, parmi bien d'autres. Ce sont de très grands et très forts textes, superbes et dignes d'éloges en tous points. Je crois que l'on ne connaît pas sufisamment l'histoire du genre et on ne fréquente pas assez les classiques fondateurs. Il faut continuellement y retourner, à mon avis, de crainte de refaire trop souvent, et en considérablement moins bien, la même chose. La variation sur un thème est un art qui se cultive avec l'aide de beaucoup d'érudition, d'imagination, d'habileté et surtout d'attention aux détails et« à la forme, à l'angle choisis.

Et je crois bien vous avoir déjà informé que la nouvelle "À l'Est Rien de Nouveau" , écrite par Serge Mailloux et moi, devrait un jour reparaître, dans une version légèrement remaniée, dans un de mes livres, vers janvier de la prochaine année, si tout va bien. Je n'en suis que plus triste que la de Serge nouvelle fantastique sur le Trickster n'ait pas encore été publiée. Il n'y manquerait pourtant pas grand chose, à mon avis.. — et qu'il n'ait (probablement) pas retouché à sa Brève Joie du Monde. Mais ne rouvrons pas toutes ces vieilles plaies... Je veux juste vous dire que j'ai réellement encore bon espoir qu'un jour Serge s'y remettra et que cela marchera pour lui alors.

Portez-vous bien et soiyez heureux, dans le mesure du possible. Toute mon amitié vous accompagne.

Cher vous, prochain à qui je réponds concernant son APAQ là, votre contribution étant bien trop courte, je n'ai, par conséquent, pas vraiment grand chose à commenter ici. J'ai vu le premier numéro de Proxima. C'est du bon et beau travail, très bien fait. Nous avons grand besoin de ce genre de publications. L'entrevue avec J.-P. Hubert arrive, promis, juré. Il ne reste plus à faire que l'introduction et la bibliographie, comme je vous l'ai déjà dit. Si seulement j'arrivais à trouver le temps pour m'en occuper... Mais un peu de patience, vous l'aurez. Bon succès dans vos entreprises. Vous êtes une des personnes les plus immédiatement sympathiques que je connaisse. Demeurez donc ainsi.

Je viens de me faire faire couper les cheveux et il en était plus que temps. Et je suis bien entendu aller voir Mars Attacks mais je n'en ai vraiment pas grand chose à dire. Cela n'a aucun rapport, évidemment. Oui, il y a bien quelques bouts amusants, quelques morceaux de bravoure et c'est une bonne parodie des films d'invasion d'extraterrestres des années 50, doublée d'une assez fort large satire bien féroce, mais tellement grosse et lourde là... un peu le rêve de ce que Ed Wood aurait pu et réuss ài faire (volontairement ou non) , s'il avait eu autant d'argent que Burton alors. Mais... Eh bien, environ quelques quinze minutes après la fin du film, je ne me rappelais pratiquement de rien de ce qu'il y avait dedans et m'en fichais à vrai dire royalement. J'aime bien Annette Benning d'habitude, et elle pose un peu là en espèce d'adepte du New Age allumée, alcoolique et partie, mais je ne trouve vraiment pas beaucoup d'autres éléments bien remarquables dans ce film, désolé. Et puis surtout, on ne répond jamais à la question la plus importante: Pourquoi les Martiens détestent-ils donc tant les oiseaux? Bref, cette chose ne passera certainement pas à l'histoire.

Je profite de cette brève pause dans mes idées et ma pensée pour toutes les autres personnes qui n'ont pas produit de livraisons pour la dernière APAQ et dont je ne sais donc pas trop s'ils sont bien encore avec nous. Et je salue aussi les petits nouveaux dont je n'aurais pas encore eu connaissance de l'arrivée.

J'ai soudain une pensée spéciale pour Luc Pomerleau, cet être cultivé, raffiné, intelligent, à la conversation agréable et instructive, critique exigeant, au jugement fort sévère, mais très souvent juste, à l'excellent thé proustien et aux patisseries savoureuses, incomparables et décadentes que je suis bien aise de revoir faire surface. Luc est aussi le seul personnage du milieu que je pourrais craindre, s'il était mon ennemi. Je ne connais personne d'aussi redoutable. Certains de mes lecteurs en seront convaincus par la teneur ce que j'écris plus haut et penseront probablement que j'use donc ici de basse flatterie à son endroit. Rien n'est plus faux et nous sommes d'ailleurs loin d'être toujours du même avis sur tout. Mais il faut bien reconnaître aux gens les qualités qu'ils ont, ce n'est que justice alors.

Et une petite note sur Sylvie Bérard, auteure et critique émérite, intelligente et charmante: Je suis enfin parvenu à mettre la main sur son premier roman, écrit avec une autre dame, que je me propose de lire dans les prochains mois et dont j'espère bien pouvoir dire quelques mots un de ces jours.

Salutations donc également à vous, cher Monsieur, le suivant dans l'ordre de mes réponses, mais que je n'ai ecore pas l'honneur de connaître et que je n'ai donc, je crois bien, jamais rencontré, il me semble bien. Ou alors, ma mémoire est bien plus pire qu'auparavant.... Première remarque: le cynisme est souvent une attitude fort saine et, surtout, efficacement auto-protectrice, mais seulement si on n'en abuse pas trop. Un bouclier est utile, une armure bien encombrante, surtout lors des moments intimes avec les dames...

Les cours de création littéraire peuvent être utiles, ma foi, mais ils ne sont certainement pas indispensables. (Et de toutes manières, il en est souvent de même de tout cours magistral donné dans le domaine de l'écriture dans nos établissements d'enseignement supérieurs, et sur quelque sujet apparenté que ce soit, aussi bons que puissent être la qualité du professeur et de son enseignement ou les efforts et l'application de l'élève qui y assiste -- Les subit ?) . C'est d'avoir quelque chose à dire, le talent et surtout d'y consacrer tout le tems et le travail nécessaire qui est vraiment important dans l'écriture. Il n'y a bien guère qu'au Québec que l'on retrouve généralement des professeurs de littérature comme éditeurs, directeurs de collection ou auteurs, avec souvent (mais pas toujours) les résultats que l'on sait. (Et si quelqu'un ose me déclarer — en dehors, de Sylvie Bérard, participante à la rédaction de la revue littéraire XYZ et critique à Lettres Québécoises, je veux dire... ) qu'il lit constamment, abondamment et surtout avec plaisir et profit, pour lui-même et son oeuvre, l'ensemble de la littérature québecoise contemporaine, je vous montrerai alors un menteur ou bien encore un sacré masochiste) . Voir aussi un bon résumé de mon opinion et de mes arguments sur un sujet approchant plus haut.

Et nous regretterons tous profondément, bien entendu, l'interruption de la parution de Temps-Tôt (J'ai écrit un petit quelque chose là-dessus dans mon hommage à son rédacteur en chef, voir ailleurs sur ce blog... -- Note contemporaine de René Beaulieu. ) , chacun de nous lui doit un petit quelque chose.

James Elroy est effectivement fort lisible, dans un genre (en gros, le roman policier) que j'apprécie généralement fort peu. Et Jack Kérouac... aurait peut-être pu faire quelque chose de vraiment grand, mais on ne le saura jamais car il s'est fort efficacement très bien détruit et très bien saboté lui-même, et une grande partie de son talent avec, même si son influence fut, un temps, considérable sur la partie la plus décollée de la littérature américaine contemporaine. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que certaines personnes lui ont élevé statues sur monuments, en esprit sinon en pierre. Et j'ai parfois de très sérieuses réserves sur le bonhomme, tel qu'il se révèle, dans la réalité rapportée par les témoignages de ceux qui le connurent alors, dans celle du personnage qu'il s'était construit, et encore plus dans l'image que ses contemporains, parfois aveuglés par toute cette "représentation semie-publique continuelle" nous en ont ensuite donné. Mais je n'essaie pas d'en détourner les autres. On trouve son bonheur et son plaisir où on le peut.... Edgar Morin et surtout Joël De Rosnay ont, certes, bien mis, et émis quelques idées fort intéressantes sur le papier, mais rien de bien original parfois. Reste assurément que De Rosnay est surtout un vulgarisateur, bien sympathique malgré ces tendances à l'économie libérale furieuse et à l'utopie scientifico-technologique (Mais c'est tellement à la mode dans certains milieux présentement...), plus qu'un véritable penseur et que je le lis souvent avec plaisir.

Et vous avez raison, apprendre des choses est bien ce qu'il y a de plus plaisant et enrichissant au monde, avec lire un bon livre, écouter de la bonne musique et recevoir l'amour d'une femme aimée.

Je fais quand même mes félicitations au responsable pour son travail méritoire avec Cité Calonne dont j'ai pu lire quelques numéros, que ce soit dans son incarnation ancienne ou plus récente. C'est un bon tremplin pour les auteurs de nouvelles débutants (et un aimable refuge pour les vieilles barbes déjà reconnues) ainsi qu'un moyen d'atteindre un public plus large. Il n'y a pas tant de marchés que cela pour la nouvelle courte (mais bien moins encore pour la novelette et surtout la novella, cette chose toujours si impossible à placer quelqu'en soient les qualités ou les mérites) , et qu'il en soit donc ici sincèrement remercié.

J'ai même failli envoyer une liasse de nouvelles à cette revue mais, selon ma bonne habitude, je ne l'ai pas fait, voir plus haut et surtout plus loin à propos de mon mode tr`s particulier de fonctionnement comme écrivain et de mes extraordinaires efforts, bien conscients, pour ne pas être publié. Le meilleur moyen étant de ne jamais être pleinement satisfait de ce que l'on a écrit et donc, par conséquent, de ne jamais rien envoyer, à personne. Je peux être encore meilleur que Guy Sirois là-dedans, quand je le veux bien.

Salutations Distinguées, donc.

Une grande trouvaille, faite aujourd'hui, dans une librairie usagée: il s'agit du troisième noeud ou encore, si on préfère, du troisième volume (double) , le seul qui me manquait encore, de l'immense fresque de La Roue Rouge de Soljénitsyne, incontestablement le meilleur et le plus important écrivain russe contemporain, sinon le plus grand écrivain du vingtième siècle, celui qui a eu le plus d'influence sur le destin de son pays, en tous les cas, un livre passionnément recherché par moi depuis plus de trois ans et acheté pour quelques $25.00 au lieu des $125.00 qu'il vaut neuf. (Il l'était d'ailleurs, pratiquement neuf , en fait, encore emballé, en plus. ) Soljenitsyne c'est un talent formidable, une complexité de contruction inégalée et pourtant une intelligence, une clartée limpide et lumineuse, une puissance d'évocation prodigieuse, un style riche et presque fabuleux, une énorme documentation, vérifiable et exacte, une empathie inégalée pour des personnages d'une incroyable densité psychologique, un humour ravageur, une ampleur unique, tout un monde, qui pourrait parfois sembler bien lointain et étrange à quelqu'un d'ici et maintenant, mais pourtant rendu si vivant, sensible et compréhensible, un mélange extrèmement habile de fiction et d'Histoire et un sujet pour lequel je me passionne depuis plus de deux décennies, la Révolution Russe, ses divers tenants, aboutissants et ses multiples conséquences. Bref, c'est un poème épique d'amour aux vivants et aux disparus, une sorte d'appel digne et désespéré pour la restauration de la conscience et de la dignité humaines. Je pourrais écrire un long article sur l'homme et l'oeuvre, et leur importance. En fait, la Russie elle-même et la plupart de ses écrivains me passionnent depuis longtemps. Quel destin incroyable, quel drame, quel immmense et effroyable gâchis, quelle bien grandiose tragédie, quelle fort sinistre comédie, et également quel bien énorme mensonge, quelle absolue absurdité, quelle magnifique et presque unique chance ratée! Evidemment, ce que Soljénitsyne a écrit, on l'avait parfois déjà écrit, pour certains faits, un peu avant mais, certes toutpas avec ce talent, cette force, ce courage, cette conviction, cette intensité. Et surtout, personne ne l'avait entendu (ne voulait l'entendre) à l'époque. Mais c'est bien lui, et presque seul, qui a vu, étalé au grand jour, convaincu, dénoncé, prouvé, forcé les gens à enfin écouter tous ceux qu'on avait fait taire de force, ou nenglouti sous nle mépris, les sarcasmes, la mauvaise conscience intéressée, ou pire, le silence coupable, ceux pour qui il n'y avait aucune voix s'élevant ou voulant bien raconter leur histoire au reste du monde anasthésié et presque unaniment indifférent en son confort tranquille. La lecture d'Une Journée d'Ivan Dessinovich et surtout de L'Archipel du Goulag furent parmi les grands chocs, les grandes révélations morales, politiques, littéraires et humaines de ma vie. Et une découverte capitale au niveau artistique aussi. Bref, l'oeuvre et l'homme ont considérablement changé et influencé mon existence, ma pensée et ma conduite.

Et je sais bien qu'il arrive cet écrivain maintenant de "déraper" depuis quelques années (En fait, encore plus souvent aujourd'hui, très malheusement, surtout au sujet des "alternatives proposées" pour «les problèmes de la Russie actuelle... Et je le regrette fort et bien haut. -- Note contemporaine de René Beaulieu. ) , de dire ou faire des choses étranges, de prendre des positions parfois très discutables... Et qu'il a bien des défauts, comme tous les autres êtres humains. Mais ce type a trop apporté au monde, m'a trop apporté, personnellement, pour que je balaie aussi aisément tout cela du revers de la main. Jusqu'à ce que l'on me prouve le contraire, je continuerai de le considérer comme un des grands témoins, un des plus grands artistes, un des très grands et très admirables bonhommes de ce siècle. Avec Gandhi, et quelques autres.

Il faut, continuellement, avec acharnement, révéler et dénoncer le mensonge. C'est une des rares entreprises qui ne soient pas un peu vaines ou inutiles mais bien toujours vitales et nécessaires.

Il ne me reste plus qu'à trouver le temps de me lancer dans la lecture des quelques cinq mille pages qui constituent l'ensemble de la chose...

Vraiment, ce fut un bon jour, une jolie trouvaille.

Il est bien tard et je vous salue. On se retrouve demain.

18 décembre

C'est encore moi.

Il n'en finira donc jamais!? hurlent-ils. Il faut bien le croire.

Salut à vous, jeune dame.

Moi aussi, ma saison préférée est l'automne. J'ai trouvé celui de cette année particulièrement beau cette année et, contrairement à vous, j'ai eu une impression d'été ensoleillée, sauf pour un mois. Mais j'étais au Québec, moi, alors... Ceci explique peut-être cela. J'avais apprécié à sa juste valeur cette bande dessinée dans Solaris, celle qui a gagné le prix du même nom que celui de la revue, je veux dire. Celle de l'APAQ me semble plutôt être, disons, une sorte de graphic-short story qu'une véritable bande dessinée et elle ne manque pas d'intérêt, elle aussi.

La remarque de votre professeur à propos de Jean Ray —"Ah bon, connais pas. " — me semble assez indicative, courante, symptomatique et surtout bien révélatrice de la culture de la plupart des enseignants (de tous les niveaux confondus) ces temps-ci, du moins si j'en crois la plupart des conversations qu'il m'arrive d'avoir sur ce sujet (les enseignants) avec des jeunes gens d'à peu près votre âge ou approchant. Cela ne m'étonne guère, pour dire la vérité.

C'est à peu près tout. Salutations distinguées à vous et à votre père aussi, tiens.

Ah, mon bon ami et compagnon en écriture, long time no see!

Vos aventures discothèquaires ont retenu mon attention et sont effectivement racontées avec la verve déchaînée que nous vous connaissons tous. Et vous avez bien dit (Sinon fait... Tout de même! Et votre femme là-dedans!? ) ce qu'il fallait avec la jeune demoiselle, on le voit bien avec la suite. Mais involontairement... Ce qui est encore plus fort! Bravo donc. Les aventures de votre compagne ont été bien moins amusantes, dans le même temps, je n'en doute pas. Dans le meilleur des cas, la médecine est (et doit continuer d'être, pour notre bien à tous) une vocation, pas un métier. Du moins, je l'espère. Pour nous.

Et oui, votre roman Fantastique, il vient? Vous savez avec quelle impatience je l'attends. J'ai bien assez déliré sur le premier, qui est, à date, votre meilleur livre toutes catégories, je le répète encore. Félicitations pour votre (futur) autre livre chez Encrage, surtout qu'ils ont maintenant enfin daigné changer de distributeur au Québec, —Le précédent était nul, tout simplement— ce qui devrait donc vous réjouir, je l'espère. Ils ont présentement un des meilleurs, ou à peu près, et leurs livres vont donc se trouver un peu partout. (Ouais, cela n'a, très malheureusement, pas trop duré, comme c'est bien trop souvent le cas ici pour les petites éditeurs spécialisés en Littérature de l'Imaginaire de France. et on a nos propres problèmes de distribution chez eux également... Vraiment très dommage pour tout le monde là. -- Note contemporaine de René Beaulieu) .

Je n'ai pas encore mis la main sur le dernier SF Eye, soupir (qui n'a pas ce qu'il désire) et tout le reste.

Le dernier Solaris, lui, était fort impressionnant tant du point de vue du contenu que du contenant (voir mon appréciation de la nouvelle d'Alain Bergeron, entre autres choses) et la couverture et les illustrations absolument admirables. Déjà que celle, très "pulp" du tout dernier et précédent numéro m'avait bien fait plaisir. On en veut encore! Et j'ai enfin trouver les moyens de me réabonner depuis que j'ai débuté cette APAQ, il y a quelques jours. J'attends donc la prochaine livraison de la chose avec impatience.

À part cela, est-ce que l'on peut espérer vous entrapercevoir à Québec dans le temps des Fêtes? Faites-moi signe, au cas... Moi, je ne bouge pas. Et vous déménagez encore...!? C'est pas contagieux, j'espère...

Avec toute mon amitié et mon affection à vous, mes exilés de la Côte Nord préférés.

Bonjour cher ami.

J'ai bien apprécié ce que vous avez écrit sur Dylan et y ai retrouvé avec plaisir l'écho lointain de vos anciens articles, du temps où vous étiez journaliste de rock et d'autres folkleries, la matière autobiographie en plus. Il y a le même enthousiasme, le même amour du sujet, l'application attentive, le même sens du détail, le grand soucis de la documentation exacte -- très rare à l'époque -- malgré quelques petites erreurs factuelles -- du moins, je le crois, mais je ne cherche surtout pas ici à vous trouver des puces et ces erreurs proviennent probablement plus de votre documentation que de vous-même, en fait -- insignifiantes -- et de l'information, la même joie constante de faire partager votre plaisir aux gens qui vous lisent, de leur faire ressentir ce que vous avez vous-même ressenti en découvrant et écoutant cette musique. C'est un peu de nous tous, de notre parcours à tous, nous les vieilles choses des années 1960 -- j'étais, tout de même, alors tout jeune, car je suis arrivé dans ces milieux juste à la fin de cette époque... — dont vous parlez là, avec toutes les variantes et tous les particularismes personnels qu'il se doit, bien entendu. Un fort joli voyage bien nostalgique et plaisant.

Et en plus, c'est saupoudré de morceaux autobiographiques qui m'ont semblé fort intéressants.

(Ce n'est qu'à grand peine que je me retiens de ne pas inclure ici la photocopie de certains de vos meilleurs articles, que j'ai conservés depuis cette époque. —Vous ne saviez certes pas cela, n'est-ce pas, que je vous... , disons... , collectionnais bien avant que nous nous soyons jamais rencontrés? — J'espère que vous êtes bien ému ou, au moins, bien édifié sur ma personne... )

Et Positively 4th Streeet est effectivement une des meilleures (quoique bien sous-estimée) chansons méchantes que j'ai jamais entendues. Quelque chose de tout simplement sublime, dans le genre. Le morceau pour les gens que vous détestez et une sorte de catalogue d'insultes brillant et suprèmement élégant. Stupéfiant.

Dans un genre complètement différent, de grands morceaux comme All I Really Want To Do, To Ramona, Ballad in Plain D, I Want You, It Ain't Me, Babe, Just Like a Woman, et quelques autres sont parmi les plus belles chansons d'amour adulte jamais écrites. Et je considère bien All Along the Watchtower, Highway 61 Revisited ou encore Subterrean Homesick Blues parmi les meilleurs rocks authentiques. Pour Ballad of a Thin Man ou encore Desolation Row, c'est tout simplement génial et délirant, comme un bon coup de SF ou de surréalisme, mais cela va plus loin, si j'ose dire. Et personne ne résiste à My Back Pages, Forever Young, Gates of Eden ou encore Chimes of Freedom et I Shall Be Released. Ce sont d'aussi bons et efficaces "expanseurs de conscience" lyrique, amoureuse, sociale, politique, psychédélique que n'importe quelle drogue douce, -- et nettement moins dommageable -- et d'immenses résrvoirs de réflexions sur la poésie et l'expérience amicale ou amoureuse. Mais il faudrait citer au moins la moitié de la production de l'homme datant de cette l'époque.

Et l'oeuvre et le bonhomme sont si effroyablement complexes, si incroyablement et profondément déroutants.

Vos m'avez appris quelque chose dans le domaine musical, et je vous en remercie profondément. En effet, je ne connaissais pas McGuinnis Flint et encore moins l'existence de l'album dont vous parlez. Cela a l'air férocement, prodigieusement intéressant. Où peut-on le trouver? Comment? Vos ne me feriez pas une cassette de la chose, des fois? Je vous la rembourserais sans problèmes...

C'est vraiment terrible que Woody Guthrie soit pratiquement ignoré de la plupart des gens d'aujourd'hui. Il a eu une vie incroyable, a écrit de suberbes chansons et un fort bon livre, que tout le monde devrait lire.

Mais sortons enfin de tout ce débordement un brin nostalgique.

L'autre petite partie sur un moment de votre vie est passionnant. Ce qui m'amène à faire une affirmation un brin risquée... Cher ami, j'ai bien l'impression que si jamais vous terminez et faites bien publier votre livre autobiographique, qui porte le tire de Deux Grains de Sable, je crois bien, vos tiendrez là votre oeuvre littéraire la meilleure et la plus intéressante jusqu'ici. Cela ne représente, bien entendu, que ma propre opinion entousiate, même si elle n'est ici basée que sur quelques rares extraits ou aperçus de la chose mais... Evidemment, si l'on m'interprète incorrectement, on pourrait croire que je sous-entends par là que le reste de ce que vos avez fait précédemment n'était pas à la hauteur... Ce qui n'est pas, bien entendu, ce que je veux dire, comprenons-nous bien.

En fait, c,est une question de goût là, et je vous apprécie vraiment beaucoup quand vous versez directement dans l'auto-biographie, c'est tout là.

Le "question de l'île déserte" , j'y répondrai bien un jour. Mais pas aujourd'hui, je n'ai pas le temps, et plus la place. Et je suis d'accord aussi avec vous pour les soeurs Wilson, même si elles commencent à faire plus dames que jeunes filles, car elles sont encore très bien.

Je suis heureux de voir que vous composez beaucoup de musique. Moi également cela m'arrive, mais c'est un peu plus "spécial" , dans mon cas. En fait, je fais de la musique depuis le début de mon adolescence, mais uniquement dans ma tête, dans mon esprit... Ce qui exige bien, je crois, une petite note explicative. En effet, bien que j'ai toujours été absolument incapable, malgré mes efforts continuels et désespérés, d'apprendre et de comprendre les rudiments de l'écriture et de la notation musicales et tout aussi impuissant à différencier un ré d'un do de même que tout à fait incapable d'aligner deux accords corrects de suite, -- Guy dit de lui-même que, quand il joue de la guitare, il fait du bruit. C'est à peu près mon cas. Mais lui, au moins, il produit du bruit rythmé. -- j'ai toujours composé des mélodies dans mon petit intérieur. Je pourrais toutes vous les chanter (pas très bien, j'en ai bien peur) mais certainement pas vous les jouer. C'est une sorte de talent naturel. Et également l'un des plus grands paradoxes et des plus grands regrets de ma vie. En fait, je suis dans l'impossible et décourageante position d'un conteur de village qui serait analphabète et ne saurait pas écrire. C'est extrèmement frustrant. Et pourtant j'ai essayé, autant comme autant.

Et j'aurais de qui tenir. Mon père chantait et jouait de la guitare dans son adolescence. Comme ma mère lisait beaucoup dans sa jeunesse (même du Voltaire, pourtant strictement interdit par ici à l'époque) , voulait écrire et avait des correspondants dans le monde entier. Mais les dures circonstances d'une vie relativerment pauvre et surtout, l'obscurantisme et l'étroitesse d'esprit de la société québecoise d'alors, les en ont empêché et les ont même presque brisés en fin de compte. Cela je ne le pardonnerai jamais! Même si aujourd'hui nous sommes bien loin de vivre dans la pire société au monde, nous sommes encore plus loin de vivre dans la meilleure! Il n'y a guère que les membres de la petite et grande bourgeoisie québecoise (de tendance "yuppies" et "baby-boomers" , par exmple) pour oser affirmer (en pleine inconscience bien satifaite, du moins, on l'espère pour eux) de telles insanités et on les comprend quant on voit la large place (fort sécurisée et bien grasement payée) qu'ils occupent et à laquelle ils s'accrochent avec acharnement. Notre société, je ne l'apprécie guère, alors que notre pays, l'entité physique, géographique et climatique où je vis, je m'en accommode parfaitement et l'aime bien. C'est pourquoi je suis encore là, parmi vos, chers amis. À part cela, me frère peint et dessine très bien mais, pour ma part, je suis bien incapable de tracer ne serait-ce qu'une ligne droite acceptable. Il a donc toute mon admiration.

En fait, pour revenir à la musique, si je pouvais vraiment bien jouer de quelque chose, j'aimerais bien que ce soit de la basse, mon instrument préféré. C'est discret, puissant, solide et régulier, bien épais et coulant comme du sirop, large comme un pan de mur, et souvent très sensuel. J'aime.

Et moi-aussi, j'aimerais bien avoir quelques autres vies en plus de disponibles.

Ma liste des meilleurs films de tous les temps, vous l'aurez ici également un jour, patience..

Ecrit par René Beaulieu, le Mardi 13 Septembre 2005, 19:36 dans la rubrique Textes.